Linde Klinckowström, raid hippique Stockholm-Rome 1928

13/10/1928-

A 12h nous montions à la chasse.

J'ai eu une jument baie. Au début, elle était un peu nerveuse aux jambes et tirait à mort puis elle est allée à merveille.

Les obstacles n’étaient pas si graves, ils se composaient principalement de grosses buttes.

Les fans suivaient les chiens en voiture, mais comme maître-piqueur il n’y a pas de plus grand galop rafraîchissant qu’à la chasse.

Une meute, maintenant, après la guerre, est un luxe que très peu de clubs d'équitation peuvent se permettre.

Dans la soirée avec la bande du club d’équitation nous sommes allés au cabaret, ce qui fut un vrai plaisir.

14/10/1928, dimanche. – Je suis allée, avec noblesse, aux courses pour la journée.

Pour le plaisir, j'ai regardé la première course aux couleurs bleu-jaune (il faut être un patriote à l'étranger), et ma vertu a été récompensée par une victoire.

Dans la course suivante, un steeple-chase, nous virevoltions pour connaître l'histoire des chevaux.

Le consul A. m’a conduit, entre autres choses, vers un rachitique, maigre, aux crins longs, cheval terne, tout maigre, mais il avait une qualité dans sa structure, des cuisses et des jambes extrêmement longues.

C’est la première chose que je regarde, dans neuf cas sur dix ces chevaux sautent bien.

Quand j'ai acheté Castor, je pensais qu’il était laid et comme c’est dit pour quelques dames, qu’il avait perdu ses jambes dans ses chaussures, mais, plus tard, j'ai pensé que les chats et les chiens avaient ces proportions et les deux sautent et se déplacent relativement mieux que les chevaux de course.

La famille F. qui faisait des exportations avait quelques-uns de ses propres chevaux dans la course et riait de bon cœur avec moi. Devais-je continuer ou pas? - J'en étais à deux doigts.

Puis, des jockeys avec les couleurs suédoises se sont révélés, j'ai suivi, avec curiosité cependant, l’étape et j'ai été agréablement surprise et étonnée quand il est monté à droite sur mon «moche ».

Puis j'ai pensé que ça valait la peine de miser un dollar placé.

Au début ça allait, avec excitation j'ai suivi l’évolution des seize chevaux. A la fin, sur le terrain, au deuxième tour c’est mon "moche" bleu-jaune qui l’a remporté par trois longueurs d’avance.

Une surprise au calcul, un murmure se fit entendre par des frissons dans la foule, alors que j'avais misé 268 marks j’étais heureuse ded'être rembousée de 268 marks.

15/10/1928. - Castor est tout à fait bien maintenant. Il a reçu régulièrement des fers légers, car le sabot avait été trop paré, d’après le maréchal.

La princesse Elizabeth fille du prince Alfons, était là pour accueillir Katt et lui donner du sucre.

Elle était très jeune, montait superbement en promenades et semblait terriblement douce et aimable.

Je suis allé au Tattersall de Münich, également école d'équitation, bien en place sur la Leopoldstrasse, dans le quartier de Schwabing et pour lequel mon premier instructeur, Smaha, est le directeur.

Le manège était incroyablement grand, mais pour ce que j’en ai vu il n’y avait pas d’écuries aussi élégantes que celles des Reitschules Bayerische.

Samaha, un homme trapu, sombre, un peu Hongrois, a été complètement atterré et surpris par ma rencontre.

Il a parlé d’abord de mon premier voyage à Paris : il avait compris que la cavalière était son élève, quand il vit le cheval de couleur isabelle dans les journaux.

Il a déclaré que mon rêve était déjà, il y a huit ans, de trouver un étalon couleur isabelle.

Mlle Gunther, qui est une élégante, jeune, petite, blonde avec des cheveux blonds tenus par un gros nœud suspendu dans son cou et d'immenses yeux bleu foncés est sa meilleure élève.

C’est en elle-même une beauté, mais c’est encore mieux de la voir monter son étalon blanc immaculé.

Il est très semblable à un lippizan d’origine, à savoir ceux qu'on emploie à l’Ecole espagnole de Vienne, mais Samaha m’a expliqué qu'il venait de Hollande et avait la particularité d'être blanc de blanc.

Sinon, pour avoir des chevaux les plus blancs, il y a les chevaux gris qui sont différents pendant leur première année.

Dans la soirée, le Consul m’a retrouvée au Waldlesspiel et puis nous sommes allés au cinéma.

Le directeur du cinéma avait mis toute une salle à notre disposition, il est arrivé avec un charmant bouquet de roses avec des rubans bleus et jaunes.

Sa fiancée était Miss Annie Gerstner, danseuse étoile à l’opéra de Münich.

Le cinéma donnait des nouvelles de l'arrivée heureuse du Graf Zeppelin en Amérique.

Après la fin du film, nous sommes allés à quatre "auf Bummeln hinauss". Aujourd'hui, il y avait un homme ici à l'hôtel qui demandait à me parler. Il regardait à droite furtivement, il était Hongrois et s'est présenté comme violoniste. Il venait de Suède, où il avait donné une série de concerts.Il voulait juste voir comment je paraissais, a-t-il dit, et il a voulu me conseiller d'écrire un livre, ce que ne font pas les maisons d'édition suédoises ou allemandes ;

Il connaissait un Américain que j’intéressais et qui voulait faire de moi une millionnaire !

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16/10/1928. – J’ai visité le Musée Marstall, recommandée par le Prince Alfons.

Le musée, dans les décors de la vieille cour royale, était extrêmement intéressant avec la splendeur glorieuse de voitures et d’uniformes de différentes époques, mais le plus imposant cependant, c’étaient les carrosses du couronnement du roi Louis II en 1870.

Dans une voiture l’électeur Maximilien Ier avait voyagé et avait ensuite adopté une maison qui s'était effondrée.

Un jeune homme, qui avait été blessé, avait été pris en place de l'électeur dans la voiture et avait été transporté à l'hôpital.

Il devint plus tard le célèbre astronome Ch. Scheiner, l'inventeur du verre fumé pour observer les taches solaires.

17/10/1928. – A la Bayerische Reitschule, il y avait beaucoup de gens. Je payai l’écurie, en posant en tremblant une lettre dans une enveloppe au Consul Aufhäuser qui voulait avoir Castor en tant que son invité lors de notre escale à Munich.

Flutte ! Il sautait de 8h30 à 10h, comme tous les mercredis.

Le Docteur Saluschin sur son bai brun sautait magnifiquement.

Le Prince Adalbert m'a aidé à descendre la selle magnifique dans la stalle. Il a donné du sucre à Castor, c’était infiniment aimable.

Après avoir cuisiné d’un boudin blanc, on a filmé sur les marches.Le Consul, par au moins vingt fois s’est avancé pour me faire remettre un bracelet en or par un adorable enfant de Münich, la comtesse Fitztum est venue avec des gâteaux et le baron Faber du Faur avec des roses.

Lorsque le tournage fut terminé, le prince Alfons est venu et à onze heures je suis allée à côté du prince. Derrière nous chevauchaient le Consul le prince Adalbert et après les dix couples. Le Prince Alfons montait un fort hanovrien.

Il nous a dit qu’on laisserait une trace dans les mémoires, a salué le Marquis Lagergren et parlé avec des Suédois qui étaient ici à l'école d'équitation, comme les maîtres de manège Ström, Wannberg et compagnie, mais il a surtout cité le capitaine H. Hedenstierna m’avaient fait une impression inoubliable dont tout le monde parlait avec enthousiasme pour ses bouffonneries gaies.

J'ai poursuivi à travers le Jardin anglais et le Deutsches Museum interdit presque hors de la ville.

Donc, c’est en riant, avec le coeur lourd, car c'est la ville que j'aime plus que toutes, que j'ai quitté Munich.

Mille fois je voudrais y vivre plutôt qu'à Stockholm ou dans n'importe quelle ville, que je connaisse déjà.

17 octobre 1928, Munich-Wolfratshausen, 28,2km.

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Peu après Munich un homme est venu sur une bicyclette.

Il a commencé, tout à fait heureux, à se rendre familier par :- Ah, Guten Tag, meine gnädige Baronesse. - Ah, Bonjour, ma gracieuse baronne.

Après avoir parlé du sportif rigide et passionné qu'il était, il a salué, par ailleurs, Mademoiselle Dorange, dont il semble avoir également fait une proie à sa façon lors de son passage à Munich au printemps.
- Ah, ses dents, son chapeau, ses bottes, son chic superbe ! C’était tout ce qu’avait ressenti le vieil homme.

- Et que pensiez-vous de bien pour Le Huppé ? - Je sentais Katt aigri et même hostile.

Il m'a dit qu’il avait pris beaucoup de photos d’elle et j'ai pensé qu’il était son ami « spécial » mais il m’a précédée et m’a donné son adresse.Il m'a grandement énervée.Je ne peux pas profiter de la splendeur naturelle des paysages en compagnie, ça distrait trop l'esprit, j'aime la solitude.

Les Alpes bleues se rapprochaient à chaque étape. A Wolfratshausen le vieil homme qui nous précédait avait alerté notre hôte, de sorte qu’il nous attendait de pied ferme, lorsque nous sommes arrivés.

18/10. - Hier s'est passé sans rien d'importance, les routes deviennent plus raides et les Alpes approchent.

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18 octobre 1928, Wolfrathausen-Kochel, 36km.

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19/10/1928 - Kochel a été quitté à dix heures. Les gens du village se trouvaient là et tournaient autour de Castor.

Peu de temps après Kochel, nous avons grimpé à Kesselberg.

C’était tout simplement indescriptible tellement c’était magnifiquement beau.

On est arrêté par un sentiment étrange dans la promenade à travers ce pays des merveilles, ça émeut tellement le cœur que vous voulez pleurer de joie d’avoir la chance de découvrir et d'apprécier ce chef-d'œuvre de Dieu.

De l'autre côté de la montagne c’était Walchensee entouré par les montagnes enneigées.

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10/10/1928 - Ces zones sont à ce jour les plus belles que j'ai vues, je n'ai jamais pensé qu'il y avait une telle chose dans la réalité.

C'est ici, au Walchensee, comme Goethe pendant son voyage en Italie en 1786, lors d’un repos sous un érable, qu’est arrivée une suite de tyroliens, qui ont joué de la harpe.

La rencontre aurait inspiré le célèbre poème : « Kennst du das Land wo die Citronen glühen ». "Connais-tu le pays où les citrons brûlent ,"

"Kennst du das Land, wo die Zitronen blühn,
Im dunklen Laub die Gold-Orangen glühn,
Ein sanfter Wind vom blauen Himmel weht,
Die Myrte still und hoch der Lorbeer steht,
Kennst du es wohl?
Dahin! Dahin
Möcht' ich mit dir, o mein Geliebter, zieh'n..."

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Au Walgau il y avait une foule d'hommes en dehors de l’auberge.

Quand je suis arrivée, ils ont commencé à applaudir et à s’agiter.

- Stop, le café attend, me dit-on. J’ai expliqué que j'allais à Mittenwald.
- Ce n'est pas grave, dit-il, vous avez le temps de boire un café de toute façon.

C'était un gentleman de l’institut de recherche de Munich dont l'excellence Oscar von Miller est à la tête.Il est l'un des plus éminents scientifiques d'Europe, il a créé le Deutsches Museum de Munich et la centrale hydraulique entre Walchen et Kochelsee qui alimente l'ensemble de la Bavière en énergie électrique.

Il m'a dit qu’il y avait, au Deutsches Museum, des instruments astronomiques comme ceux de mon grand-père à Pulkowa

Je me sentais dérisoire et sans instruction parmi tous ces oncles universitaires et honteuse quand ils m’ont dit de belles choses aimables et des traits d’esprit pour mon bien-être, etc. Comment ne pas chercher une vie dans laquelle vous vous dites être sincèrement honorée de vivre comme une vagabonde, juste curieuse de lire dans les boules de cristal, de ne jamais en sortir à moitié tellement c’est un avenir parfait,.

Au Walgau il y avait une foule d'hommes en dehors de l’auberge... :

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