Mary FERAUD, raid équestre Paris-Rome 1928

Comme petit exercice de géohistoire comparée je m'impose et je propose au fan club de Rachel DORANGE le récit que fit une autre"amazone", rivale mimétique, Mary FERAUD dont on sait déjà tout le "bien" que Mlle LE BOURDONNEC a pu rapporter à l'occasion du 2e Paris-Cannes.

Après avoir lancé un défi d'un "Paris-Cannes" à Rachel DORANGE devenue célèbre après son Paris-Berlin-Paris de l'automne 1927, défi transformé en "tentative de raid hippique féminin, Paris-Cannes", organisé par Armand MASSARD, futur président du Comité National Olympique Français,qu'elle dut abandonner et auquel Rachel ne voulut pas participer, Mary FERAUD réussit son Paris-Rome avec son cheval Stuart, un rescapé des courses de trot.

Le récit est extrait de son livre "STUART CHEVAL raconte" édité en 1935 à La Nouvelle Province Littéraire à Moulins.

C'est le cheval qui raconte :

" ... je parlerai de mon troisième raid : Paris-Rome, de cette marche triomphale vers la "Ville Eternelle".

Après un dur trajet entre Paris et Nice, nous fîmes une entrée inoubliable en cette ville où la population massée, trépidante, enthousiaste, nous présentait des fleurs tout le long de la Promenade des Anglais que je parcourus au trot de course, tandis que vingt-cinq cavaliers et vingt-cinq chevaux, frais émoulus de leurs écuries ne pouvaient me suivre"

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En consultant par acquis de conscience Ouest-Eclair de 1928 sur le site de la BNF, je découvre un exploit de Mary FERAUD qui, vexée de son échec dans le 1er Paris-Cannes qu'elle dut terminer à vélo, a voulu prendre une revanche sur le sort :

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Le parcours avait donc été effectué en 10 jours ...

Le cheval STUART peut continuer son récit :

"... Après un dur trajet entre Paris et Nice, nous fîmes une entrée inoubliable en cette ville où la population massée, trépidante, enthousiaste, nous présentait des fleurs tout le long de la Promenade des Anglais que je parcourus au trot de course, tandis que vingt-cinq cavaliers et vingt-cinq chevaux, frais émoulus de leurs écuries ne pouvaient me suivre.

Des réceptions semblables à celles que nous eûmes ce jour-là, enlèvent, d’un coup, toute la fatigue des plus durs voyages.

Nous prîmes huit jours de repos en cette ville de farniente et de luxe ; huit jours pendant lesquels ce ne furent qu’invitations dans les sociétés hippiques – « Manège Saint-Georges », « Frontaux Blancs » - Journaux Niçois, apéritifs d’honneur où j’avais du sucre en abondance, et, tous les jours, mon pédiluve dans la mer où mes pieds, non seulement perdaient toute trace de fatigue mais prenaient dans cette eau salée comme une cuirasse nouvelle pour les si nombreux kilomètres restant à parcourir.

Nous partîmes de Nice un matin, toujours escortés de nombreux cavaliers, pour nous arrêter à Menton, à un dernier banquet d’adieux, tout fleuri et cordial, offert par l’avocat, Me Raynaud, président du club « Lou Caleou ».

Ce fut un repas bien provençal, car le « Caleou », c’est la petite lampe à huile dont on se servait autrefois, dans les étables de Provence, pour soigner chevaux, chèvres, moutons, mulets.

Après ce banquet, nous nous dirigeâmes vers la frontière, escortés de cavaliers, d’autos et de notabilités italiennes, venues à notre rencontre avec des fleurs.

Pour franchir ce passage de France en Italie, il y eut un émouvant quart d’heure.

Des officiers français nous remirent entre les mains d’officiers italiens, en présence de leur consul, tandis que ces paroles de bienvenue étaient adressées à Ramy* :
« Soyez l’ambassadrice de la France en Italie, l’ambassadrice énergique et sympathique de l’amitié qui unit ces deux pays, ces deux sœurs latines. »

En même temps, une cocarde aux couleurs italiennes, tissée par un soldat du 42 bersaglieri, fut épinglée à la veste de mon amazone, et je commençai à fouler ce sol italien où, jusqu’à Rome, je ne trouverai plus de routes bien bitumées, bombées et glissantes (les autos, là-bas, ayant des autostrades leur étant spécialement réservées), mais des accotements de sable qui convenaient si bien à mes pieds endoloris.


* : dans le livre "Stuart chel raconte", Mary s'appelle Ramy ...

Jusqu’à Rome, je serai entraîné, encadré par deux chevaux de carabiniers qui se remplaceront automatiquement, avant et après certains pays. Comme la présence d’autres chevaux nous stimule, nous qui aimons la compagnie, ma fatigue sera bien moindre qu’en France.

Et puis en Italie, nous ne ferons qu’une moyenne de 75 kilomètres par jour, tandis qu’en France nos étapes, par journée, n’étaient jamais inférieures à 85 kilomètres.

En passant auprès d’une caserne, une centaine de bersaglieri, perchés sur le mur d’enceinte, nous gratifièrent, en signe de bienvenue, d’un respectueux salut fasciste. Ramy leur répondit longuement ; ce fut son premier salut à la romaine*.

* écrit en 1935. Gloups ! ... et ce n'est qu'un début qui ne me la rend pas très sympathique !!!

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Affiche 1920, source Wikipedia

Et puis, soyons fou, le casino qui accueillit Mary :

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http://fr.wikipedia.org/wiki/Finale_Ligure

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Nous traversons ensuite, Gênes

http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%AAnes

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et nous longeons cette côte magique de rochers rouges, de sapins verts de Rapallo, mer d’un bleu foncé, jusqu’à « Sestri-Levante », joyau de la Ligurie, où tandis que Ramy est reçue dans le plus bel hôtel, je prends sur la plage un pédiluve.

Elle me surveille tout en prenant un Marsal d’honneur.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Rapallo

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http://fr.wikipedia.org/wiki/Sestri_Levante

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Ah ! Si Mary avait connu Internet, même pas besoin de monter à cheval pour voyager !
Quel progrès !

Finale-Genova, 72km
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Genova-Rappalo, 28km :
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Rappalo-Sestri, 20km
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Effectivement, après avoir lu les confidences de Mme Le Bourdonnec, Mme Féraud parait moins sympathique...

Sais-t-on pourquoi elle diminue autant la distance sur les 2 dernières étapes ? Stuart ne supporte plus la cadence infernale qu'elle lui impose ?

Bonsoir vanes30,

Pour les distances quotidiennes, c'est la première fois que j'analyse ce raid et Mary n'indique pas les dates.

On peut penser aussi, d'après le texte ambigu, que les deux dernières étapes ont été faites en un jour; Je ne sais ... mais le cheval appréciait le pédiluve.

Quant aux orientation fascistes de Mary FERAUD en 1935... ce n'est qu'un début !!! Hélas, de mon point de vue ... mais pas de politique ici bien sûr !