Linde Klinckowström, raid hippique Stockholm-Rome 1928

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Nous avons donc suivi l'Adige, dévalant vers l'Italie, et à chaque étape nous étions plus près du midi.

La route longeait de hauts murs où les lézards se faisaient la chasse.Impressionnantes, mais désormais quasi confondues avec les montagnes de haute ruines de château surgirent quasiment détruites.

Les villages de montagne sont sombres et petits, traversés par une rue étroite. Ils ont tiré d'étranges pierres du ravin et ils ont essayé d’y planter de la vigne, même si cela semblait sans espoir.

Au village de Saint-Ambroise, nous avons dit au revoir aux Alpes et jeté un coup d'œil en arrière, désireux de revoir les géants des hautes montagnes du nord tandis que devant nous s’étalait la plaine. Plaine avec des champs de vignes fertiles, plaine avec d'étroits cyprès noirs, silhouettes tournées vers le ciel.

Oui, tout était si nouveau et étrange que Castor a commencé à hennir, anxieux. Cependant, il est tombé amoureux d’un petit âne, avec qui il a partagé la grange et puis il braya avec désinvolture pendant toute la nuit, malgré mes avertissements répétés.

A Vérone, la belle ville médiévale, où deux carabinieri artilleurs ont pris soin de nous, nous sommes restés un jour.

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Il faudrait trop de place pour parler de tout ce que j'ai vu de merveilleusement beau et intéressant, dans les villes italiennes, mais je voudrais conter un mot de la tombe de Juliette, à Vérone.

La tragédie de Shakespeare a toujours été pour moi comme quelque chose d’hyper romantique, alors je suis allée voir le sépulcre.

Un grand sarcophage vide, sous un toit, soutenu par quatre piliers en pierre en forme de spirales, détourne les yeux très évocateurs, mais ce qu'il y avait dans le cercueil ouvert : non pas le cadavre embaumé de la belle Juliette, non, des milliers de cartes de visite, sales!

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Le Pô avait débordé et les ponts de la rivière à Castelmassa se trouvaient sous l'eau, j'ai donc dû prendre la route du nord jusqu’à Ponte Lagoscuro.

C'était une image assez étrange de voir les cheminées d'usine dépasser au milieu de la rivière ainsi que les allées de peupliers.

1er novembre 1928, Verona-Ostiglia, 48km.

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Le Pô avait un confluent.

Les routes étaient magnifiques, larges et fines, mais avec beaucoup de pierres hors de l’asphalte.

Les gens étaient gentils et serviables, et faisaient presque toujours le salut fasciste.

Je n'avais jamais entendu rien de tel pour m’appeler : "O bella!"Ou un "bel cavallo".

Beaucoup ont demandé, assez flatteurs, si Castor avait de la race. En fait, c'est ridicule comme il y a si peu de monde dans ce milieu pour demander ce qu'il faut savoir par ce que l'on entend par pur-sang, à savoir qu'il n'y a rien d'autre que des chevaux, qui sont à la fois de source maternelle et paternelle à compter parmi les poulains qui sont inscrits dans le stud-book en Angleterre, lesquels à leur tour sont censés provenir des trois étalons orientaux Beyerly Turk, Darley Arabian et Godolphin Arabian.

Ce qui m'a amusé, mais, en même temps, m’a fait du mal, c'est que j'ai très souvent été la cause d'une grosse déception.

C'était lorsqu’arrivaient quelques jeunes filles en face de moi ; elles regardaient autour, se bousculaient et commençaient à se redresser les cheveux, à arranger leurs châles noirs, riantes et coquettes j'étais donc immédiatement prise pour un officier. La vérité est devenue réalité, quand, en passant par là, j’ai entendu avec surprise ce qui les a encore plus déçues : - "O, una donna!" (Oh, une dame !).

Dès que nous sommes descendus dans la plaine la chaleur a été directement ressentie et juste à 12h une mouche impertinente a commencé à chatouiller les oreilles de Castor. D'un côté les Alpes bleutées et ensuite les Apennins se levaient.

Ici-bas, nous avons rencontré très peu de dog-carts, de type calèche, attelés d’un magnifique trotteur qui partaient sur les chemins.

Il était rare que nous rencontrions des chevaux purs sang en Italie mais je pense que le cheval pur-sang italien est plus divers que le nôtre.

Ils ont dans le sang beaucoup de hongrois, irlandais, berbère, orientaux comme des hackneys. Les carabiniers étaient habituellement montés sur des chevaux de Sardaigne ou de Marmara et sur des chevaux hongrois. Honnêtement, je les ai tous trouvés très similaires, assez grands avec des jambes fortes, comme des chevaux de chasse qui ne semblent pas très hautement raffinés.

Les gars d’ici ont pris un mode de vie : ils se trouvent étendus sur la charge et ronflent sur leurs charrettes à mules, tandis que les conducteurs sont pleinement occupés à réussir dans la circulation.

Les femmes les plus âgées, comme des sorcières dans leurs fichus noirs étaient assises et nous leur avons parlé à l'extérieur des maisons.

Les bœufs sont énormes, gris foncé, avec des cornes colossales. La belle alpine sombre a disparu et a été remplacée par une légèrement noire .

2 novembre 1928,Ostiglia-Ferrara, 60,7 km

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De remarquables coléoptères volaient intensément au-dessus, à tous vents, avec des papillons colorés flottant tout autour.

A Ferrare, nous avons été reçus par un régiment de cavalerie magnifique, l’Aoste Lancieri, quand les clients, Castor et moi, étions en plein air.

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Comment les différents régiments étaient-ils au courant de mon arrivée ? C’était un mystère pour moi, mais nous supposons qu’ils m’annonçaient de l’un à l'autre.

L'un des plus brillants régiments de l'Italie est le « Genova Cavalleria », avec les cols jaunes. Il est caserné à Bologne. L’Italie dispose de douze régiments de cavalerie dont quatre régiments de dragons, appelés «cavalleria" et utilisant les casques, les huit autres ne sont pas vraiment réguliers et sont dénommés « cavalleggieri* », ils défilent en képi.
* : cavalerie légère

Le ciel semblait s’être ouvert quand je chevauchais le chemin de 47 km aligné sur la vallée du Pô de Ferrare à Bologne.

Je décris ici l'accueil que j'ai reçu (bien que cela puisse paraître vantard), mais plus tard, c’est devenu mon pain quotidien dans les villes de garnison italienne, mais peut-être à Bologne, cependant, c’est toujours resté l'un des plus impressionnants.

3 novembre 1928, Ferrara-Bologna, 47,6km.
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Visitez Bologne

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Eh bien ! Nous nous sommes approchés mous et mouillés vers l’objectif d'aujourd'hui, avec l'étrange tour oblique et la bobine qui projette sur les murs.

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- "Les tempêtes du Seigneur ne voudraient-elle pas, probablement, nous bénir" !
soupira Castor, et je commençais à penser comment je pourrais faire pour trouver une écurie.

Puis il sembla qu’au loin une foule de cavaliers s'approchait. Il y avait quinze officiers de dragons avec des soldats qui les accompagnaient.

Personne ne parlait allemand ou anglais. J'ai serré les dents pour sortir mes quelques mots de français. Je n'ai jamais été aussi triste aussi de ne pas pouvoir parler français en Italie. Français auquel ils font plus appel que chez nous à l’allemand.

A l'intérieur de la caserne le box de Castor était dans les propres écuries du colonel.

Dans une voiture, je fus accompagnée par les deux groupes et par le colonel jusqu’à l’Hôtel Brun, un hôtel atypique à la fois artiste et élégant où ils ont ordonné une chambre avec salle de bain pour moi.

. Après avoir obtenu des vêtements secs et changé mon pantalon de cheval contre ma robe d’amazone et une chemise verte, je suis allée prendre le thé avec tout le monde.

Ici, comme à Ferrare, il n’y avait pas de dames avec eux ! Là, j'ai été très gênée, quand cela a commencé , car j’étais habituée à elles.

Dans chaque régiment, il y a toujours un officier avec un monocle («caramella" en italien). Ici, c'était le peu blasé Major F., qui aurait mieux à l’aise en pyjama de soie noire que dans un uniforme de « feldgrau ».

A lui, je suis allée et j’ai dit : – Vous, avec le monocle, qui semblez vraiment découpé du magazine humoristique munichois « Fliegende Blätter », surement que vous parlez parfaitement l'allemand ?

C'était la troisième fois que mon impolitesse était couronnée de succès, ça semblait même amuser le Don Juan, qui, certes, n’avait jamais entendu de telles flatteries et nous sommes devenus de véritables de bons amis.

Après un magnifique midi avec tout le monde, où j'ai obtenu un bouquet, j’ai reçu la médaille du régiment avec la belle devise:« Soit à pied, soit à cheval, mon honneur est sans égal » et nous nous rendîmes à l'opéra.

J’ai été très embarrassée et ne comprenais pas qu'ils aient eu le courage moral de sortir avec moi dans ma robe et ma chemise verte sous le trench-coat, habit des tranchées, sale.

Toutes les jumelles se dirigeaient vers le haut, vers la loge des officiers. Je me dégringolai discrètement dans mon fauteuil, pour cacher mon grand nez derrière le plus grand bouquet de roses, comme Brunehilde en pantalon, en atours modernes, dévalant de son cheval blanc pour gifler à droite, à gauche.

Le lendemain, anniversaire du roi, je faisais briller les deux officiers à la grande parade, cuirasse d'argent, sabre au clair et casque avec grande crinière classique dans le dos.

Sur la base militaire ce fut le thé dansant. Lorsque les femmes ont finalement été autorisées à participer, Eeles m'ont regardée avec le regard d'une femme de chambre qui aurait vu un crocodile.

- "Oh, qu’est-ce que ce genre d’animal" ? Le Général était derrière ses lorgnettes dirigées vers moi.

... Je me suis rangée timidement derrière mes camarades de régiment.

A tous les repas j'ai mangé avec tout ce monde de rares officiers intelligents et gentils.

Faire cavalier seul avec un officier n'est jamais venu en jeu, ni de les passer en revue toute seule et de marcher seule dehors, dans la rue, encore moins.

Ils n'étaient pas comme ceux de chez nous à fantasmer sur, le noir et minuscule «äckel», qui complète seulement l'histoire, mais ils étaient tous blonds et grands.

- "Nous vous traitons et vous considérons comme une amie", ont-ils dit en plaisantant, pour se fait pardonner, mais j'y ai accordé, indiciblement, une grande valeur, en particulier parce que cela se faisait avec l’esprit chevaleresque traditionnel.

Il faut peu de choses pour impressionner plus d'une bonne suédoise.

Je ne suis pas de celles qui insistent sur l'égalité de la femme avec l'homme, car je crois qu'il y a des professions dans lesquelles l'homme n'est pas bien supérieur, où l’homme a peut-être moins l'art d'agir. D'autres professions masculines sont directement adaptées au sexe.

Je hais les compliments, mais cependant l'amour chevaleresque c'était exactement ce dont j’étais très satisfaite et touchée dans cette balade, parce qu'ils ne pouvaient pas penser qu’une fille soit solitaire et délaissée le long des routes de l'Europe !

Je pense qu'ils m'ont transportée - ne riez pas! -- tellement que vous aviez envie de vous sentir juste comme les jeunes dames du 6ème siècle.

Placée dans le groupe avec mes nouveaux amis j'ai été escortée hors de Bologne par certains officiers de ce régiment d’une rare hospitalité.

5 novembre 1928, Bologna-Vergato, 37,2km.

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