Rachel DORANGE, 2e Raid Hippique féminin Paris-Cannes

Malgré le défi de Mary FERAUD, Rachel DORANGE, devenue célèbre après son raid en amazone Paris-Berlin, n'avait pas relevé le gant pour le 1er Raid Hippique féminin de mars-avril 1928 ... se contentant d'un raid en solitaire Paris-Bucarest et retour.

Mary FERAUD, ayant échoué dans ce premier raid, organisera un Paris-Deauville comme autrefois, attelé et monté ...

Fort du succès médiatique du 1er raid, remporté par une prétendue jeune hindoue de 16 ans, Gaïatry, Armand MASSARD, directeur du journal "La Liberté", proposera une nouvelle édition de Paris-Cannes qui, cette fois-ci, partira en plein hiver, début janvier 1929 et, enfin, les deux rivales s'y rencontreront ...

Alors, en selle pour quinze jours de tourisme sportif !

Mi-décembre, Rachel Dorange accuellait à Paris un cavalier roumain qui avait fait lui aussi Bucarest-Paris à cheval pour venir occuper un poste militaro-diplomatique :
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Et puis ue cavalière allemande, en mal de carrière cinématographique, effectuera une traversée de l'Allemagne en partant de Lithuanie pour venir à Paris disputer Paris-Cannes:
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L’Art et la Mode
N°1, page 3, 06/01/1929

Le raid féminin Paris-Cannes
C’est en effet un engagement véritablement sensationnel, lisons nous dans l
Le Figaro.
« … Mlle Dorange décide de relever sportivement le défi qui était à l’origine du raid Paris-Cannes et que lui avait lancé l’an dernier Mme Mary Féraud, a fait tenir son engagement au comité d’organisation du raid Paris-Cannes.
C’est naturellement sur son vaillant « Le Huppé » que Mlle Rachel Dorange entend accomplir les étapes de ce raid Paris-Cannes.
Ainsi, nous verrons aux prises la tenace sportive qu’est Mary Féraud, triomphatrice du raid Paris-Rome et sa gracieuse et brillante rivale, Mlle Rachel Dorange qui accomplit déjà, au gré de sa fantaisie, les longues randonnées de Paris-Berlin et de Paris-Bucarest et retour. »

PARIS-CANNES A CHEVAL
Sont engagés dans le raid Paris-Cannes à cheval, Mlles Dorange, Grossi, Lenoir, Hustinx, Villers, Mmes Marie Féraud, Lemoine, Chermat et Leber qui correspond à peu près à ces données :
Concurrente ne soignant pas elle-même son cheval, environ 3 kilomètres sur le parcours total.
Concurrente accompagnée d’un cavalier : environ 10 kilomètres.
Concurrente accompagnée d’un cycliste : environ 15 kilomètres.
Concurrente accompagnée d’une automobile : environ 40 kilomètres.
Ces handicaps seront convertis en temps sur la base, sans dote de 7 kilomètres à l’heure.
Les handicapées de 10 ; 15, et 40 kilomètres auront le droit de faire soigner leurs montures.

LE RAID PARIS-CANNES 1929
Ouest-Eclair, PARIS. 3 janvier. — Aujourd'hui, sous la présidence de M. Henry Pâté*, au manège de « l'Etrler ». les concurrentes du raid Paris-Cannes ont présenté leurs montures au Comité.
Les engagements homologués sont réduits à 12, ainsi que suit :
1. Mme Mary Feraud. sur Stuart: 2. Mme Lenoir. sur Conacry; 3 Mlle Rachel Grossi, sur Conquérante; 4. Mlle Shermat, sur Djinn; 5. Mlle Leick sur Talc; 6. Mlle Lober, sur Moujik; 7. Mlle Huguette Villers. sur Postillon; 8. Mlle Hustinx, sur Verdun; 9. Mlle Rachel Dorange, sur Dick; 10. Mlle Savln. sur Florence; 11. Mlle Le Bourdonnec, sur Grain-d'Orge; 12. Mlle Renard, sur Ninette..
Le départ aura lieu samedi à la Porte-Dorée, à 7 h. 30 du matin et sera donné par M. Henry Pâté, sous-secrétaire d'Etat à l'Education Physique.

* Henry PÂté occupait un poste au gouvernement précurseur du poste de Ministre de la Jeunesse et des Sports. Ancien officier de cavalerie il avait effectué avant 1914 plusieurs raids hippiques militaires destinés à requalifier les Chefs d'Escadron civils...

Merci pour ce nouvel épisode
Rien de tel pour faire une petite pause pendant le travail

Sait-on pourquoi Rachel D. ne s'engage finalement pas avec le Huppé ?

A vanes30,

On peut penser qu'elle préservait Le Huppé (qui avait 9000kmdans les sabots) pour un prochain voyage Paris-Barcelone que Le Huppé ne terminera d'ailleurs pas ... on pourra en reparler après ce Paris-Cannes ...

LE DEPART DU RAID HIPPIQUE PARI"-CANNES A ÉTÉ DONNÉ HIER
PARIS, 5 janvier. — Ce matin, à la porte de Picpus a été donné le départ du raid hippique féminin Paris-Cannes, en présence d'une centaine de curieux et de quelques, personnalités parmi lesquelles M. Henry Pâté, sous-secrétaire d'Etat de l'Education physique.

" Malgré le froid très vif et la neige qui recouvrait les routes, onze concurrentes se trouvaient au départ. Mme Renard, dont le cheval fut victime d'un clou de rue manquait à l'appel.

A 7 h. 35, dix cavalières se virent donner le départ. Mme Féraud ne prit la route qu'à 8 h. 20, le van dans lequel se trouvait son cheval n'étant arrivé sur le lieu du départ qu'à 8 heures.

On sait que les concurrentes se rendent à Cannes par un itinéraire obligatoire dont les points principaux sont : Melun, Sens, Avallon, Autun, Villefranche-sur-Saône, Lyon, Vienne, Valence. Montélimar, Aix, Fréjus et Cannes.

L'allure est libre et les concurrentes peuvent faire étape où bon leur semble, à condition toutefois qu'une moyenne quotidienne de 50 kilomètres soit établie durant trois jours consécutifs. Des contrôles secrets surveilleront l'itinéraire de chacune.

A 9 heures, deux pédestrians : le Français René Ratt et le Tchécoslovaque Ruckler prirent le départ traînant à tour de rôle un pousse-pousse. Ils ont l'intention de rivaliser avec les chevaux du raid hippique et d'arriver en même temps qu'eux sur la Côte d'Azur.

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Quand on croquait de l'amazone :

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Paris-Cannes 1929 Le Figaro 7 janvier 1929
LE RAID HIPPIQUE FEMININ
« Paris-Cannes »
La deuxième journée
Voici les évènements qui ont marqué la deuxième journée du raid hippique féminin « Paris-Cannes ».
Il faisait un temps magnifiquement ensoleillé.

On a vu par ailleurs les abandons de Mlles Dorange et Savin ; l’accident – superficiel mais combien désolant – dont a été victime Mme Leber ; le courageux retour de Mme Féraud s’acharnant à combler son handicap ; et le splendide effort de Mme Lenoir qui, lancée à la poursuite de Mlle Hustinx, en tête du vaillant et charmant peloton, rejoignait cette dernière au kilomètre 156, un peu avant Auxerre, situé à 169 kilomètres de Paris.

Voici sur les autres concurrentes quelques détails :
Mlle Le Bourdonnec, qui marche sagement, mais avait mal équipé sa monture Grain d’Orge, est un peu retardée par une légère blessure, qu’un paquetage insuffisamment arrimé, a faite à ce bon cheval.
Un peu après, à 17 heures, Mlle Le Bourdonnec était contrôlée à Sens, en même temps que Mme Leber.

A Sens, Mme Leber a fait refaire le pansement de son visage. Elle eut alors une défaillance et s’évanouit. Soignée, elle a vivement repris force et vaillance et a été autorisée par le médecin.

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Le Figaro, mardi 8 janvier 1929
La chevauchée des amazones
De la Porte-Dorée à la Côte d’Azur

Neuf amazones étaient, hier soir encore, en course. Leur entrain et leur énergie ne fléchissent pas. La première et la seconde sont d’ailleurs stimulées par les acclamations qui les saluent au passage, par les encouragements que leur prodiguent, tout au long de leur fantastique effort, une foule d’accompagnateurs enthousiastes.

Dimanche soir, la situation était la suivante :
Mlle Hustinx et Mme Lenoir, avaient atteint, à 19h30 et à 20 heures, Champs-Saint-Brix, à 180 kilomètres de Paris.
Elles y étaient rejointes, à 20h1 par Mlle Rachel Grossi et Huguette Villers qu’avaient escortées, en auto, M. Baranger, l’aimable maire de Joigny.
Mlles Rachel Grossi et Huguette de Villers étaient alertes, dispos et toujours résolues. Ces deux vaillantes amazones additionnent, à elles deux … 35 printemps.
L’endurance de Mlle Huguette Villers est stupéfiante. Si sa monture Postillon tient, ce n’est pas elle qui abandonnera. Elle est douée d’une énergie qui défie la fatigue, et son exploit de résistance est d’autant plus remarquable que Mlle Huguette Villers avait, depuis sept années, cessé de monter à cheval et qu’en vue de ce raid fantastique elle n’a pas trente heures d’entrainement.
Dimanche également, Mme Marie Féraud – douée aussi d’une indomptable énergie – se rapprochait redoutablement de ses rivales avec lesquelles elle avait dès le départ, perdu le contact. Mme Mary Féraud arrivait à 20h10 à Auxerre, escorté, à cheval, du lieutenant Français du 131e régiment d’artillerie, qui lui a fait le pas jusqu’à Joigny.
A Joigny – et toujours dimanche – arrivaient Mlles Chermat et Leick, à 19h15.
Mlle Le Bourdonnec à 19h45.
Mme Leber à 20h15.
Cette cavalière a été soignée, à la suite de sa chute, par le docteur Brouillet, adjoint au maire de Joigny, qui lui a fait porter « cagoule » afin de protéger son visage.

Et passons à la journée d’hier, lundi 7 janvier.
A Avallon (222 kilomètres), Mlle Hustinx, sur Verdun, était contrôlée première à 16h30. Elle y était contrôlée avec deux heures d’avance sur Mme Lenoire qui avait dû, à l’instant du départ, faire cramponner son cheval Conackry. A Avallon, Mme Lenoire arrivait en effet, à 12h30, s’y arrêtait et en repartait à 14h40.
Derrière Mlle Hustinx, arrivaient à Avallon Mlles Rachel Grossi et Huguette Villers à midi 5. Eles en repartaient à 14h45, à 50 minutes derrière Mlle Hustinx, qui s’était remise en route à 13h55.

A Avallon, Mlle Huguette Villers et le désagrément de ne pas trouver le soigneur de son courageux Postillon auquel elle dut elle-même prodiguer des soins.
A 13h30 apparaissait Mme Mary Féraud, fraiche, vaillante et farouchement décidée à décrocher la victoire.
A 5h15, Mme Mary Féraud enfourchait son robuste Stuart et se remettait à la poursuite de ses infatigables rivales.

En dernière heure, on apprenait qu’à Rouvray (243 kil.), les passages suivants étaient contrôlés :
A 16 heures, Mlle Hustinx.
A 16h40, Mme Lenoire, qui s’est rapidement rapprochée.
A 16h45, Mlles Rachel Grossi et Huguette Villers.
Mme Mary Féraud suivait à 8 kilomètres. Les cinq concurrentes avaient déclaré leur intention d’atteindre Saulieu (271 kilomètres) et, si tout allait pour elles et leurs montures comme elles le désiraient, de pousser au-delà.
Admirons-les !

Et pour finir, quelques nouvelles du groupe qui ferme la marche.
A midi 15, Mme Chermat, sur Djinn, Mlle Leick, sur Tao et Mlle Le Bourdonnec, sur Grain d’orge, arrivaient à Auxerre .
A midi 30, Mme Leber, sur Moujick, les retrouvait. Toutes quatre déjeunaient et repartaient, ensemble, à 14h20, pour faire étape à Avallon.

Si les amazones sont en bonne condition, leurs chevaux le sont aussi. Elles et eux ont maintenant accompli près du tiers du parcours.

Frantz-Reichel

LE FIGARO MERCREDI 9 JANVIER 1929



LE : RAID HIPPIQUE FEMININ

De la Porte-Dorée à la Côte d'Azur

L'étape d'hier a été dure pour les concurrentes. Si elles ont poursuivi leur marche intrépide par un beau soleil, elles sont allées par des routes difficiles, couvertes de neige. Si le baromètre baisse, si dans cette nuit de mardi à mercredi le froid sévit, l'étape d'aujourd'hui sera particulièrement sévère pour elles et leurs montures.

La physionomie de l'épreuve a changé aussi. Mlle Hustinx n'est plus au commandement du raid. Elle a été rejointe par ses rivales et passée par trois d'entre- elles Mlle Rachel Grossi, Mlle Huguette Villers et Mme Lenoire, cependant que Mme Mary Féraud se rapprochait de plus en plus, en passe de s'assurer la direction de l'allure.

A 15 h. 35, à Marmagne, Mlle Rachel Grossi, Mlle Huguette Villers avaient réussi à passer Mlle Hustinx. A 1.500 mètres derrière elle venait Mme Lenoire, serrée de près par Mme Mary Féraud.

Les chevaux sont en excellent état, surveillés avec le plus grand soin par M. le vétérinaire Sibille.
F. R.

LE FIGARO JEUDI 10 JANVIER 1929



De la Porte-Dorée à la Côte d'Azur

Le ciel ne favorise pas les courageuses amazones du raid hippique, Paris-Cannes. Il fait froid: La- neige n'a pas disparu. Elle est recouverte de verglas. L'effort des chevaux et celui de leurs cavalières est rendu particulièrement pénible.

Des informations parvenues sur la rude épreuve, il résulte ce que celles de la veille laissaient prévoir que Mme Mary Féraud, qui avait peu à peu comblé le retard pris au départ, est maintenant en tête du peloton des concurrentes.

A 4 h. 30 du matin, hier, Mme Mary Féraud, Mlle Rachel Grossi et Mlle Huguette Villers se mettaient en route pour Bianzy (333 kilomètres), qu'elles franchissaient aux approches de 6 heures, Mme Mary Féraud marchant avec 3 kilomètres d'avance sur ses deux rivales, que suivait à quelques kilomètres Mme Lenoire.

A 11 heures, les premières atteignaient Cluny, à 399 kilomètres de Paris.
Mme Mary Féraud, tenace et résolue, manifestait alors l'intention de poursuivre si possible jusqu'à Anse, 445 kilomètres.

Les autres concurrentes sont toujours également en course.

Mon dieu quelle folie...
J'aimerais bien savoir quel etait le "travail" des chevaux entre les raids, l'entrainement, toussa toussa...

LE FIGARO VENDREDI 11 JANVIER 1929


De la Porte-Dorée à la Cote d'Azur
Mme Mary Féraud en tête hier

Mme Mary Féraud, sur Stuart, était toujours au commandement de l'épreuve, hier matin. Elle était à 7 h10 à Villefranche- sur-Saône ; Mlles Grossi et Villers à 7 h. 35.
Elle traversait Anse (41 kil.) à 8 h, 10 et poursuivait sur Limonest et Lyon.

Derrière elle, avait alors pris la seconde place Mlle Rachel Grossi, sur Conquérante, qui était contrôlée à Villefranche à 9 h. 3, pour en repartir à 9 h. 7, suivie de près par Mme Lenoire sur Conackry.

Derrière ces trois amazones, les autres concurrentes sont fort échelonnées. Mlle Hustinx, sur Verdun, est quatrième, devant Mlle Le Bourdonnec sur Grain d'Orge.

Mlle Huguette Villers ne pourra probablement pas continuer. Un peu après Cluny (399 kil.), son cheval, Postillon, a refusé d'avancer. Elle a dû rallier Cluny, où son cheval sera soigné et se reposera.

Ferment la marche, Mlle Leber, l’amazone rouge, sur Moujick, Mme Chermat, sur Djinn, et Mlle Leick, sur Tao.

Le temps était couvert, le sol bon sur les grandes routes.

A leur arrivée à Lyon, les concurrentes de tête, attendues par une foule énorme, ont reçu une réception chaleureuse et enthousiaste.

Mlle Rachel Grossi est contrôlée à seize heures à Lyon et continue son chemin sur Vienne.

Elle est toujours suivie de Mme Lenoire qui est contrôlée à Villeurbanne à 16 h. 15. Le temps, durant la soirée d'hier, était toujours couvert, mais plus doux.

LE FIGARO SAMEDI 12 JANVIER 1929

De la Porte-Dorée à la Côte d'Azur

Une lutte mouvementée est engagée entre Mme Mary Féraud, sur Stuart, et Mlle Rachel Grossi, sur Conquérante. Triomphant du froid, insensibles à la fatigue, ces deux vaillantes amazones se passent et se repassent.

En tête, au début de la matinée d'hier, Mme Mary Féraud était contrainte de s'arrêter à Saint-Vallier-du-Rhône (529 kil.) pour faire referrer son cheval. Mlle Rachel Grossi la passait alors et prenait sur elle quinze minutes d'avance. Mais Mme Mary Féraud se mettant à sa poursuite, la rejoignait et à midi 30, arrivait à Valence (560 kilomètres), Mlle Le Bourdonnec, sur Grain d'Orge,

Mlle Hustinx sur Verdun, Mme Lenoire sur Conackry, passaient à Auberives (509 kilomètres) aux environs de 10 heures.

Mme Chermat et Mlle Leick ont atteint Lyon où elles ont passé la nuit. Mlle Huguette Villers également. Cette dernière marche avec des pantoufles aux côtés de son cheval qui, bien soigné, a retrouvé son allégresse première.

Mme Leber ferme la marche. Elle ne pensait atteindre Lyon qu'aujourd'hui samedi.

LE FIGARO DIMANCHE 13 JANVIER 1929


De la Porte-Dorée à la Côte d’azur
Mlle Rachel Grossi contre Mme Mary Féraud

C'est vraiment une fort émouvante lutte que celle à laquelle se livrent, sur le parcours Paris-Cannes, les deux intrépides amazones Mlle Rachel Grossi et Mme Mary Féraud, aussi ardentes, énergiques et résistantes l'une que l'autre.

Tour à tour, l'une et l'autre tiennent la première place.

Exemple: vendredi soir, à Porte-les-Valence, Mme Mary Féraud était en tête. Elle s'arrêtait pour faire referrer son cheval. Mlle Rachel Grossi la passait.

Mme Mary Féraud se lançait alors à sa poursuite, la rejoignait, la distançait et entrait première à Montélimar (604 kilomètres), à 19 h. 30, dans les acclamations de la foule et reçue par le maire, M. Tardieu.

Huit minutes après, Mlle Rachel Grossi arrivait, saluée par les mêmes ovations.

Les deux concurrentes étaient remarquables de fraîcheur et d'entrain. Leurs montures également, Conquérante à Mlle Rachel Grossi, Stuart à Mme Mary Féraud.

Hier matin samedi 12 janvier, à 4 h. 30.
Mme Mary Féraud et Mlle Rachel Grossi quittaient Montélimar.
A 10 heures, Mme Rachel Grossi entrait au trot dans Orange, à 653 kilomètres de Paris.

Elle précédait alors de 500 mètres Mme Mary Féraud, qui stoppait une fois de plus pour faire à nouveau referrer son cheval.

Voici maintenant quelques renseignements sur la position des autres concurrentes.

Mlle Le Bourdonnec, sur Grain d'Or entrait troisième dans Montélimar à 10 h. 30, précédant Mme Lenoire, sur Conackry et Mlle Hustinx sur Verdun.

Mme Lenoire et Mlle Hustinx sont à leur tour chaussées de pantoufles pour leur chevauchée, ainsi que Mme Huguette Villers, toujours et vaillamment en course.

L'arrière-garde est toujours constituée par Mme Leber, Mme Chermat et Mlle Leick qui ont atteint et passé Loriol, 581 kilomètres.

Mlle Grossi est en tête. Elle a déjeuné à Sorgue. Elle est arrivée hier soir à Lambesc, à 20h. 30, où elle a passé la nuit.

Mme Mary Feraud et son cheval ont été renversés par une auto, vers 19 heures.
Elle poursuit cependant son chemin. Elle pensait atteindre hier soir Pont-Royal, dont elle était à 10 kilomètres à 19h 35.

Mlle Le Bourdonnec, à 17 h. 55, avait dépassé Montélimar de 35 kilomètres. Elle espérait arriver le soir à Orange. Elle précède Mlle Hustinx et Mme Lenoire qui passaient à 15 heures à Loriol.

Mme Chermat et Mlle Leick ont 2 heures et demi de retard sur Mlle Hustinx et Mme Lenoire.
Elles précèdent cependant d'un quart d'heure Mme Leber, elle-même suivie à une heure et demie par Mlle Villers.

LE FIGARO MARDI 15 JANVIER 1929

De la Porte-Dorée à la Côte d' Azur

A 175 kilomètres de l'arrivée Aix-en-Provence 13 janvier.
Les neuf concurrentes du raid hippique Paris-Cannes qui poursuivent courageusement leur route, malgré le froid étaient, hier, après sept jours de marche, dans l'ordre suivant :

Mlle Rachel Grossi, arrivée à 20 h 27 â Lambesc (739 kil.), samedi soir, y a passé la nuit elle en est repartie hier matin, dimanche, de bonne heure. Mlle Grossi avait accompli samedi une étape de 135 kilomètres.

Mme Marie Féraud, distancée d'une dizaine de kilomètres, a passé la nuit Pont- Royal (727 kilom.).

Mlle Le Bourdonnec, qui est en troisième position, s'était arrêtée à Orange (653 kil.).

Mme Leber, Mme Leick et Mme Chermat avaient fait étape à Valence, tandis que

Mlle Villers atteignait Saint-Vallier-du-Rhône (529 kilomètres).
Mais, à Saint-Vallier, elle a dû abandonner, son cheval souffrant trop de la blessure qu'il s'était faite.

Mlle Rachel Grossi, poursuivant sa marche triomphale, était, hier dimanche, à Aix-en-Provence (760 kilomètres), à 9 h5.

Elle en repartait, ayant fait referrer sa monture, à 9 h. 33.

A 10 heures, arrivait Mme Mary Féraud, qui se remettait en route à 10 h. 25.

Vers la fin de l'après-midi, Mlles Leick et Chefmat sont arrivées à Montélimar.
Les deux cavalières, bien que fatiguées, ont un excellent moral. Elles reprendront leur route ce matin, Lundi.

Mlle Leber est arrivée également à Montélimar où elle a déclaré abandonner.
Mlle Villers, âgée de 17 ans, faisant preuve d'une magnifique résistance, poursuit courageusement le raid, lequel est rendu extrêmement pénible par l'état des routes que le dégel a complètement défoncées.

On nous signale notamment qu'à partir de Saint-Maximin jusqu'à Brignoles en passant par Tourves, la route est quasi impraticable sur les bas-côtés.

Les cavalières devront, en passant à cette partie du parcours, ralentir considérablement.

LE FIGARO MERCREDI 15 JANVIER 1929


De la Porte Dorée à la Côte d'Azur
Victoires de Mlle Rachel Grossi et de Mme Mary Féraud

Le raid hippique féminin Paris-Cannes a pris fin, hier, par la magnifique victoire de Mlle Rachel Grossi, arrivée première à Mandelieu situé à 930 kilomètres de Paris, où était le contrôle final de la longue chevauchée.
Par mesure d'ordre, les cinq derniers kilomètres du parcours ont été, en effet, neutralisés afin de permettre, parmi les acclamations et sous la pluie des fleurs, à travers la cohue des automobiles, des cavaliers et des piétons, une entrée triomphale des héroïnes de la fantastique chevauchée.

Derrière Mlle Rachel Grossi, arrivée à 14 h. 34, au trot relevé de sa valeureuse Conquérante, Mme Mary Féraud a terminé seconde, à 14 h. 39, dans le puissant galop de son beau et solide Stuart.

Cependant, et en vertu du règlement, c'est à Mme Mary Féraud, qui a fait le parcours sans soigneur, qu'ira, que va, en définitive, la victoire.

Une foule innombrable s'était portée sur tout le parcours et aux abords du contrôle final. Des ovations délirantes ont été faites aux deux intrépides amazones qui ont terminé sous une averse de mimosas.

On trouvera, dans la rubrique sportive, tous les détails sur cette remarquable prouesse hippique.

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LA FANTASTIQUECHEVAUCHEE PARIS-CANNES
Mlle Rachel Grossi gagne et Mme Mary Féraud aussi.

Mlle Rachel Grossi, chevauchant Conquérante, a gagné le raid Paris-Cannes, elle a atteint hier à 14 h. 34 le contrôle final de Mandelieu, situé à 930 kilomètres de Paris.

Mme Mary Féraud chevauchant Stuart, a pris la seconde place, terminant à 5 minutes de la victorieuse Mlle Grossi, à 1h. 39, mais enlevant néanmoins le trophée, en application du règlement et du handicap de l'épreuve.

Mlle Hustinx et Mme Lenoire sont troisième et quatrième, devant Mlle Le Bourdonnec, qu'elles ont distancée à Brignolles.

L'intrépide cortège équestre féminin est fermé par Mme Chermat et Mlle Leick.

Quatre concurrentes ont été dans l’obligation d’abandonner : Mlle Rachel Dorange, Mlle Savin, Mlle Huguette Villers et Mme Leber.

Mlle Huguette Villers et Mme Leber ont dû renoncer en raison de la fatigue de leurs montures. Elles ont abandonné avec désolation alors qu’elles étaient, elles, les amazones, fraiches, dispos, alertes.

Sept cavalières sur onze au départ ont donc terminé le raid fantastique accomplissant toutes, et notamment les premières, une chevauchée admirable d’énergie physique et morale.

En dépit de la remarquable démonstration du premier raid Paris-Cannes, on était fort sceptique sur l’issue de l’épreuve de 1929.

Alors que la première s’était déroulée à une époque atmosphériquement favorable, la seconde se parcourut jusqu’à hier seulement par un temps rigoureux et hostile : le froid, la neige, la bise, le verglas, tant et si bien qu’on ne croyait pas les audacieuses et charmantes amazones qu’on avait saluées au départ de la Porte Dorée atteindraient jamais au pas, au trot ou au galop de leurs courageuses montures sur la ? astique des routes et sous le ciel ensoleillé de la Côte d’Azur.

Sept d’entre elles ont pourtant réalisé le formidable exploit avec un entrain, une vaillance, une allégresse que n’ont lassé ni la sévérité de l’épreuve, ni les intempéries, ni les mésaventures de la rude chevauchée.

Admirons sincèrement ces intrépides amazones qui ont encore une fois accompli une prouesse dont les hommes de cheval peuvent mesurer et apprécier la haute valeur.

Certaines d’entre elles ont, certains jours, abattu de formidables étapes de 102, 115, de 145 kilomètres. Quelle résistance à la fatigue ! Quelle volonté dans l’ardent désir de vaincre ! Quel exemple !

Mais si elles se sont montrées intrépides et énergiques, elles se sont aussi montrées amazones expertes, sachant habilement et stoïquement aussi ménager leurs bonnes et braves montures.

On sait, par les détails, que nous en avons donné au jour le jour, que certaines ont, pour soulager l’effort de leur cheval, accompli à pied de longues parties du parcours. Et dans quelles conditions ! Sous la neige, sur des routes dégradées, et parfois en pantoufles ou avec le genou bandé à la suite d’une chute sur glissade de la monture. Ou, comme la belle Mme leber, blessée à la face, avec le visage entouré de bandelettes et voilé d’une cagoule !

Quatre, on l’a vu, ont dû abandonner. Elles l’ont fait désespérées. La pitié pour leurs montures a eu raison de l’énergie prestigieuse qui les a, toutes, animées, telle cette charmante Mlle Huguette Villers, qui pleurait de chagrin de ne pouvoir atteindre le but.

Pour les triomphatrices, la dernière étape s’est accomplie dans les conditions que voici :
Hier matin lundi à 4h30, Mlle Rachel Grossi à cheval, Mlle Mary Féraud à pied quittaient Brignolles, (616 kilomètres).

A Plassans, Mlle Rachel Grossi était contrôlée à 4h15. Mme Mary Féraud à 5h30.

De Brignolles à Latour, route dans un pitoyable état, avec de la neige et du vent ; mais à partir de Latour, les deux rivales trouvèrent des chemins excellents et abordèrent la traversée de l’Estérel par un temps radieux.

Mlle Rachel Grossi et Mme Mary Féraud se livrèrent sur la fin du raid à un match épique, émouvant, passionnant, au cours duquel, allant d’ovations en ovations, elles déployèrent des trésors d’énergie et de résolutions.

L’arrivée à Mandelieu, - contrôle final – fut triomphale.

La gagnante, Mlle Rachel Grossi, fut, à sa descente de cheval, ainsi que Mme Mary Féraud, reçue par le maire, M. Gaudolphe, entouré de tous les conseillers municipaux, et par le commissaire au contrôle d’arrivée, M. Gustave de Lafretté.

A Mandelieu, contrôle final, les autres concurrentes seront attendues pour faire dans Cannes une entrée en triomphal défilé.

Et, pour terminer, un détail capital :
Si c’est Mlle Rachel Grossi qui a terminé première, c’est à Mme Mary Féraud qu’échoue la victoire réglementaire du raid Paris-Cannes.
Le règlement établit, en effet, un handicap de distance entre les concurrentes selon :
A) Qu’elles soient escortées par une automobile, B) par un cycliste, C) ou pas escortées du tout, le handicap avantageant naturellement ces dernières contraintes à prodiguer les soins à leur monture à l’étape.

Une seule concurrente a fait le parcours sans aide, Mme Mary Féraud qui, quoique partie de la Porte Dorée avec 30 minutes de retard n’était à Mandelieu, qu’à 5 minutes de la gagnante.

C’est donc Mme Mary féraud qui, tout compte fait, sera la triomphatrice.

Frantz-Reichel