Marion von Dönhoff et sa ruée vers l'Ouest en 1945.

Demain, nous en saurons plus sur la visite risquée en 1938 de Friedel SHUMANN dans la ville libre de Dantzig, isolée administrativement de l'Allemagne et de la Pologne, peuplée d'Allemands et de Polonais, arbitrée directement par la Société des Nations, suite au Traité de Versailles, depuis 1919:

Am 5. Februar überschritt ich die Landesgrenze, um jenfeits der Nogat in meiner ureigensten hei-mat, dem Gebiet der freien Stadt Danzig, die Sammeltätigkeit fortzuseken.
Le 5 février, en franchissant la Nogat, je passais la frontière, j’arrivais dans mon pays natal de la façon le plus absolument originale, pour effectuer ma collecte dans la région de la Ville libre de Dantzig.

In Kalthof wurde ich durch den Gauamstleiter Präsident Beyl, durch den führer der SA.-Reiter-standarte und den Bürgermeister von kalthof feierlich empfangen ; A Kalthof, je fus accueilli so-lennellement par le Gauamsleiter, Président Beyl, par le chef du SA.-Reiter-standarte. et par le maire de Kalthof .
Bubi wurde tierärztlich untersucht und für gesund befunden. Bubi fut examiné par un vétérinaire et déclaré sain.
Eigentlich hatte man meinen Bubi in den freistaat wegen der Gefahr der Maulund klauenseuche nicht hineinlassen wollen. En principe, on n'avait pas le droit d’aller avec mon Bubi dans la Ville libre à cause du danger de contagion de la fièvre aphteuse.
Aber da Bubi und ich unzertrennlich sind, begnügte man sich mit einer eingehenden Untersuchung. Mais puisque Bubi et moi étions indigènes, on se contenta d'un examen détaillé.

Am ersten Tag rit ich bis Tiegenhof. Le premier jour, j'allai à cheval jusqu'à Tiegenhof.



Dort wohnte ich hause meines Vaters, und Bubi wurd um Stall meines Vaters untergebracht. Là, j'habitai la maison de mon père et Bubi fut  installé dans  l'écurie de mon père.
Nur zu einem Bügeltrunk gönnten meine Begleiter und ich uns Zeit, den mein Vater in der Gestalt eines hundertjährigen Tiegenhöfer Machandel 00 uns anbot. Dans un débit de boisson, seulement mes guides et moi, nous nous accordions le temps pour que mon père  nous propose de trinquer  d'un Tiegenhöfer Machandel 00 ( ?) centenaire,.

... Am fojgenden Tage, einem Sonntag, besuchte ich im Wagen zahlreiche Ortschaften der Umgegend. Le jour suivant, dimanche, je visitai en voiture de nombreuses localités des alentours.
In den ersten Tagen der folgenden Woche ritt ich dann über Stutthof – Nickelswalde nach Danzig und dann über Langfuhr – Zoppot – Käsemark – Neuteich nach Marienburg zurük. Puis dans les premiers jours de la semaine suivante, j'allais à cheval au Stutthof...

N.B. : En février 1938, la Ville libre de Dantzig étant encore sous administration de la Société Des Nations, le Stutthoff n'était pas encore le lieu de sinistre mémoire qu'il deviendra après l'invasion militaire de la Pologne par le régime national-socialiste allemand.STUTTHOFF

Faut-il considérer le raid à cheval de l'amazone indigène Friedel SCHUMANN comme un test de sympathie du territoire de Dantzig aux idées N.S. ?

à Nickelswalde (aujourd'hui Mikosszewo) )

... jusqu’à Dantzig

Ambiance : Evoquant la même année, au même endroit, le film "Le Tambour" :

Ambiance :

Dans son roman burlesque "Le Tambour", Gunter GRASS qui vivait à Dantzig, enfant à cette époque, critiquant le monde des adultes et le panurgisme des masses dénonce par l'humour le ridicule de l'idéologie nazie exacerbée.

Volker SCHLÖNDORFF en a fait un film célèbre, une chronique de Dantzig et de ses habitants, Schouabes, Polonais, Prussiens puis Russes !

In den ersten Tagen der folgenden Woche ritt ich dann über Stutthof – Nickelswalde nach Danzig und dann über Langfuhr – Zoppot – Käsemark – Neuteich nach Marienburg zurük. Puis dans les premiers jours de la semaine suivante, j'allais à cheval au Stutthof, à Nickelswalde, jusqu’à Dantzig et alors sur Langfuhr, Zoppot, Käsemark, Neuteich et, une nouvelle fois, retour à Ma-rienburg.

Im Freistaat Danzig fand ich überall gebefreudige Menschen und namentlich in der Jugend be-geisterte Bewunderer. Dans la Ville libre de Dantzig, j’ai trouvé partout les gens joyeux et des ad-mirateurs enthousiastes, notamment dans la jeunesse.

Mit meinem Sammelergebnis kann ich sehr zufrieden sein und ebenso das Winterhilfswerk des freitaats. Je peux être très contente de ma collecte et de même que l'œuvre de bienfaisance d'hiver dans la Ville libre.
12752,48 Gulden konnte ich nach elftägigem Sammeln abliesern. Je pouvais cumuler 12752,48 florins après la collecte de 11 jours.
Ungezählte Ortschaften und Gehöfte hatte ich auf meinem Ritt kreuz und quer durch das Gebiet der freien Stadt Danzig aufgesucht. J'ai rendu visite à des localités innombrables et à des métairies lors de mon raid qui traversait la région de la Ville libre de Dantzig.
In Langfuhr sammelte ich aneinem Tage über 2000 Gulden, in Danzig über 3000 Gulden, in Zoppot 2000 Gulden. A Langfuhr, je collectai en un jour plus de 2000 florins, à Dantzig plus de 3000 florins, et dans Zoppot 2000 florins.
Dass ich mich meiner engeren heimat so nützlich erweisen konnte, ist mir eine besondere freude. Ce que pouvait me révéler mon pays natal de plus étroit et utile me donnait une joie particulière.
Ebenso das Wiedersehen mit meinem Vater in Tiegenhof. De même que de revoir mon père à Tiegenhof.
In Marienburg wurde Bubi zur fahrt durch den polnischen korridor verladen. A Marienburg, Bubi étions embarqués pour traverser le Corridor polonais.
Ich selbst benutze den Schnellzug und kam so vor meinem Pferd in Lauerburg an. J'utilisai pour moi-même le rapide et arrivai ainsi avant mon cheval à Lauerburg

FIN de la parenthèse Friedel SCHUMANN avec son cheval Bubi à Dantzig !

MAIS, avant de rejoindre à Marienburg, juste 7 ans plus tard,  notre héroïne Marion von DONHOFF avec son cheval Allaric, un petit rappel chronologique permet de constater la parallèle entre les Raids WHW de Friedel et les occupations de nouveaux territoires par le IIIe Reich !



7/03/ 1936 - L'Allemagne nazie installe des troupes en Rhénanie
14/11/1936- Début du premier raid WHW de Friedel Schümann à Berlin vers la Rhénanie
31/03/1937- Fin du 1er raid WHW de Friedel  Schümann à Berlin.
19/10/1937- Début, à Pyritz, du 2e Raid WHW de Friedel SCHUMANN vers la Prusse orientale et Dantzig
5-16/02/1938 – Friedel SCHUMANN parcourt la Ville libre de Dantzig
31/03/1938 -  Fin du 2e Raid WHW de Friedel SCHUMAN à Berlin
13/05/ 1938 - "ANSCHLUSS", annexion de l'Autriche par l'Allemagne
27/09/1938- Hitler envoie un ultimatum à Prague, réclamant l'annexion des provinces où l'on parle allemand
28 /09/1938 - Une conférence réunit à Munich, l'Allemagne, l'Italie, la France et l'Angleterre
• - on y accepte l'ultimatum du 27 septembre
•- Hitler s'empare des provinces des Sudètes
2/01/1939 – début du 3e raid WHW de Friedel SCHÜMANN de Breslau à Buten, frontière germano-polonaise et tchécoslovaque (Sudètes).
15 /03/1939 - L'Allemagne nazie occupe Prague capitale de la Tchécoslovaquie
Mars 1939 - Hitler viole le traité de Munich, il s'empare de la Bohême et de la Moravie, qui deviennent protectorats allemands, et installe en Slovaquie un gouvernement germanophile
Mars 1939 - Hitler force la Lithuanie à lui céder le Memel et le Memelland
1ER SEPTEMBRE 1939 - L'ALLEMAGNE, OCCUPE  DANTZIG, ENVAHIT LA POLOGNE  QUI  CAPITULERA LE 29 SEPTEMBRE
3 septembre 1939 - La France et l'Angleterre déclarent la guerre à l'Allemagne, début de la IIe Guerre Mondiale

FIN de la parenthèse Friedel SCHUMANN avec son cheval Bubi à Dantzig !

MAIS, avant de rejoindre à Marienburg, juste 7 ans plus tard,  notre héroïne Marion von DONHOFF avec son cheval Allaric, un petit rappel chronologique permet de constater la parallèle entre les Raids WHW de Friedel et les occupations de nouveaux territoires par le IIIe Reich !



7/03/ 1936 - L'Allemagne nazie installe des troupes en Rhénanie
14/11/1936- Début du premier raid WHW de Friedel Schümann à Berlin vers la Rhénanie
31/03/1937- Fin du 1er raid WHW de Friedel  Schümann à Berlin.
19/10/1937- Début, à Pyritz, du 2e Raid WHW de Friedel SCHUMANN vers la Prusse orientale et Dantzig
5-16/02/1938 – Friedel SCHUMANN parcourt la Ville libre de Dantzig
31/03/1938 -  Fin du 2e Raid WHW de Friedel SCHUMAN à Berlin
13/05/ 1938 - "ANSCHLUSS", annexion de l'Autriche par l'Allemagne
27/09/1938- Hitler envoie un ultimatum à Prague, réclamant l'annexion des provinces où l'on parle allemand
28 /09/1938 - Une conférence réunit à Munich, l'Allemagne, l'Italie, la France et l'Angleterre
• - on y accepte l'ultimatum du 27 septembre
•- Hitler s'empare des provinces des Sudètes
2/01/1939 – début du 3e raid WHW de Friedel SCHÜMANN de Breslau à Buten, frontière germano-polonaise et tchécoslovaque (Sudètes).
15 /03/1939 - L'Allemagne nazie occupe Prague capitale de la Tchécoslovaquie
Mars 1939 - Hitler viole le traité de Munich, il s'empare de la Bohême et de la Moravie, qui deviennent protectorats allemands, et installe en Slovaquie un gouvernement germanophile
Mars 1939 - Hitler force la Lithuanie à lui céder le Memel et le Memelland
1ER SEPTEMBRE 1939 - L'ALLEMAGNE, OCCUPE  DANTZIG, ENVAHIT LA POLOGNE  QUI  CAPITULERA LE 29 SEPTEMBRE
3 septembre 1939 - La France et l'Angleterre déclarent la guerre à l'Allemagne, début de la IIe Guerre Mondiale

Marion von Dönhoff, fin janvier 1945:

"... Très lentement, comme pour permettre que l’on s’en grave bien fortement l’image dans la mémoire, les paysages de Prusse orientale défilaient devant nous à la manière d’une bande de film surréaliste : Elbing,  Marienburg à l’histoire de laquelle ma famille fut tant de fois associée et puis Dirschau. Dirschau, semblable à une gigantesque représentation en plein air du « Camp de Wallenstein », avec une accumulation de gens en costumes étonnants, et par-ci par-là, les feux de petits foyers improvisés.

Dirschau s'appelle Tczew en Pologne.

La canonnade se rapprochait et les maisons tremblaient.

Des fermes aux abords de la ville nous offraient parfois un refuge avec une vague de repos. Pendant que l’un dormait sur un canapé, l’autre veillait auprès des chevaux car un cheval à cette époque valait un royaume.

A chaque instant des gens faisaient irruption emportant quelque chose, et il faut avouer qu’il nous arrivait aussi de puiser dans les armoires à provisions pour trouver à manger.

A un moment donné, je me sentis comme assaillie par toute la détresse du monde, accablée de remords à la pensée d’être partie en abandonnant nos gens et envahie par la tension de revenir sur mes pas.

Puisque les trains de troupes roulaient encore de temps en temps vers l’ouest, n’y en avait-il pas qui partaient à vide, vers l’est ?

Peut-être aurais-je pu atteindre Königsberg et, de là, Friedrichstein ?

J’allai à la gare voisine. J’y trouvai des gens par milliers. Mais pas un guichet ouvert, aucun renseignement, rien. Finalement je rencontrai un employé qui répéta, effaré, ma question : « Königsberg ? » pour me répondre : « Non, personne ne roule plus vers l’est ! »

C’était comme si j’avais cherché à atteindre la lune.

Le projet Dirschau-Königsberg auquel Marion renoncera :

Un frère de Marion, Dieter, réussit à s'enfuir de Königsberg (Kaliningrad en Russie en 2014), en traineau glissant sur la neige, tiré par une paire de chevaux rapides.

Après Braunsberg, se trouve la fin de l'Union Européenne, la frontière entre la Pologne et la Russie :



(photos Jo Röttger, extraites de Weit ist der Weg nach Western)

Sur la carte nous avions cru voir qu’il devait être possible de progresser vers l’ouest en suivant de petites routes et de sortir ainsi du flot des réfugiés qui avançaient à moins de 2 ou 3km à l’heure. Les arrêts souvent plus longs que les étapes se produisaient aux abords des agglomérations et des carrefours encombrés ou même simplement devant les voitures renversées.

Nous avions dû, très tôt, résister à la tentation de nous échapper à cheval à travers champs car les accumulations de neige étaient vraiment fortes. Seules les petites routes apparaissaient comme le salut, pour fuir à tout prix ce paysage de désolation et de désespoir.

Au début, tout marcha bien, mais ce fut la longue marche très pénible, surtout pour les chevaux qui enfonçaient jusqu’au poitrail dans la neige accumulée.

Et dans ce pays Kaschub (ancien corridor polonais) apparemment sans villages et semé de rares métairies où personne ne parlait allemand, nous ne trouvions même plus notre route.

Etre ou ne pas être : leKachoube en Pologne ...