Marion et Sissi, raid en Mazurie, 27 sept. - 1er oct. 1941

Après les raids de Rachel Dorange et de Linde von Klinckowström que nous avons parcourus en Europe et notamment en Allemagne pendant et juste après les Années folles, je vous propose un raid de quelques jours en Mazurie.

La Mazurie était un district de la Prusse Orientale, aujourd'hui en Pologne.

L'époque était plus aux raids de blindés dans ce secteur. La "Blitzkrieg" avait établi la domination allemande d'une part et russe d'autre part sur la Pologne et les Etats baltes...

Dans ce contexte, deux cavalières ont parcouru 200 kilomètres nostalgiques, avec le pressentiment de parcourir leur pays natal qu'elles ne reverraient peut-être jamais à cause de la géopolitique en cours et dont les conséquences  perdureront jusqu'à la chute du mur de Berlin...

Le récit sera une traduction personnelle, dont bien imparfaite, du beau livre en allemand,
"Ritt durch Masuren", éditions par Rautenberg des  lettres de Marion Gräfin Dönhoff à son frère Dietrich illustré des photographies de 1991 de Dietrich Weldt.

50 ans après le raid de Marion von Dönhoff et de sa cousine Sissi von Lehndorff, Dietrich Weldt, en 1991, 2 ans après la chute du "mur" a essayé de retrouver le parcours...

Nous sommes le 27 octobre 2013, soit 72 ans après ...

L'histoire de Marion von Dönhoff qui deviendra, entre autres, directrice du grand quotidien allemand "Die Zeit" et inspiratrice de l'ostpolitik du Chancelier Willy Brandt mérite votre  petit tour dans sa page Wikipédia ...

Vorwort / Dietrich WELDT
Er muss wunderbar gewesen sein, dieser Ritt durch Masuren. Auf eine ganz besondere Art haben Marion Dönhoff und ihre Cousine Sissi Lehndorff das herbstliche Masuren erlebt. Rund 200km weit sind sie "vol« er Erwartung » durch das stille Land geritten mit jener Gewissheit, mit der man nur das « Wunder erwartet ». Und wir erfahren as diesem Bericht, den die Gräfin für ihren Bruder Dietrich aufgeschrieben hat, dass sir beiden Reiternnen ihren Alltag vergessen, während sie auf den Rücken der Pferde beschwingt durch die Landschaft traben.
Il doit avoir été merveilleux, ce raid par la Mazurie. D'une manière tout à fait originale, Marion Dönhoff et sa cousine Sissi Lehndorff ont vu la Mazurie en automne 1941. Pendant environ 200 km, elles sont allées à cheval, partout, "par le pays », calmes, avec cette certitude avec laquelle on attend seulement le" miracle ". Et nous apprenons grâce à ce rapport que la comtesse a noté pour son frère Dietrich que les deux cavalières oubliaient leur quotidien pendant qu'elles trottaient sur le dos des chevaux, absorbées par le paysage.
... Pourtant, les gros soucis les accompagnent : fin septembre 1941, la guerre écume tous les fronts, Marion Gräfin von Dönhoff, agée de 31 ans, se souvient de la dernière confirmation dans les sons de cloches de l'église du village de Quittainen. Huit filles et six garçons se trouvaient devant l'autel; ils n’y reviendront jamais …! Une vision pouvant être séquencée de ce qui devenait alors la réalité terrible. On dit en principe continuellement adieu, non seulement aux gens - à tous ceux qu'on aime… "

... Depuis ce temps, cinquante ans ont passé. Beaucoup a changé dans la Mazurie: les gens, les villages, les noms. Le paysage est resté identique. Les lacs au milieu de grandes forêts, avec des collines sablonneuses, avec la récolte des pommes de terre, le rut du cerf, les vols des grues et avec l'odeur amère de l'automne. Le silence est aussi demeuré. Alors, comme aujourd'hui, ce pays est merveilleux dans son caractère primitif original.
... J'ai toujours si bien lu avec une pleine admiration pour le « raid hippique en Mazurie",  que, enfin, le plan apparaisse, pour  la recherche des lieux. Je commandai le matériel cartographique correspondant, m'accordai avec mon frère à Wismar, et nous partîmes vers Allenstein.
... Là, nous sommes partis, à partir du 27 septembre 1991, 50 ans jour pour jour après l’original, sur les traces du chemin des deux cavalières avec notre propre voiture tout terrain. Le livre « Namen, die keiner mehr nennt », "des noms que personne n'appelle plus", des feuilles sur  la planchette et le compas nous aidaient d'une station à l’autre. Aussi nous avons eu besoin pour cela de cinq jours, et nous avions, heureusement, des jours d'automne clairs et lumineux.

... Toute l'entreprise a été captivante et aventureuse. Comme jours remarquables, nous nous sommes extasiés sur chaque point trouvé ainsi à Üstritz-Schleusse, sur la Tatarenstrasse, au Schobensee et dans Dommelhof. Par exemple, nous avons  trouvé très difficilement la maison forestière de Reusswalde ou le petit bac sur le lac de Beldahn, avec l'existence duquel nous avions compté un peu. Sûrement que nous n'avons pas retrouvé exactement chaque chemin sur lequel les deux cavalières sont allées à cheval.
... Naturellement, depuis 50 ans, les surfaces boisées ont aussi changé. Pourtant, nous pouvions retrouver l'originalité caractéristique de l'emplacement du chemin décrit avec tout qui nous paraissait remarquable, à côté, dans beaucoup de photos. Le service des eaux et forêts de Friedrichfeld, le château de Dommelhof et sa gentille cour , la maison de maître Wensen aussi qui ont été détruits par les faits de guerre.

Glücksburg (Ostsee), im Herbst 1992
Dietrich Weldt

27 september 1941
Allenstein- Jommendorf – Reussen- Lansker- und Üstritz-See- Neidenburger Kreises - Dembenofen – Orselsburg – Dunkeln – Hartigswalde (Dluszek)
Nach wochenlangem Regen der erste wirklich leuchtend klare Herbsttag ! Sissi und ich treffen ins am Morgen in Allenstein auf der verladerampe des Gûterbahnhofes. Soldaten, Urlauber, militärische Transportein zeitgemässes Bild. Wir satteln noch im Waggon, denn beide Pferde sind so unruhig, dass sie – einmal ihrem Gefängnis entronnen – keinen Augenblick stillhalten würden. Die Mäntel werden, sachgemäss zu einem länglichen Wulst zusammengerollt, hinten aufgeschnallt, die Satteltaschen befestigt. Dann komen die Pferde unter grossem Gewieher und Geschnaube aus dem Waggon.


Après la pluie à longueur de semaine c’est le premier jour d'automne, clair, vraiment lumineux ! Sissi et moi nous nous sommes retrouvées ce matin à Allenstein sur le quai de la gare de marchandises. Des soldats, des vacanciers, des transports militaires, l'image de ces temps de migrations de masse. Nos selles sont encore dans le wagon, car étions inquiètes que les deux chevaux ne reviennent pas une fois écoulés – sans le coup d’oeil – de leur prison. Les manteaux sont attachés d'une façon appropriée à un boudin bien roulé, attaché derrière les sacoches. Enfin, les chevaux arrivent sous de grands hennissements et les fumées du wagon.

Allenstein au début du XXe siècle

Wir müssen quer durch ganz Allenstein, um in Richtung Lanskerofen den Weg über Jommendorf – Reussen zu erreichen, eine aufregende Angelegenheit, denn bei jedem Lastwagen und jeder Elektrischen sprengt einer vor uns quer über die Strasse. Endlich der ungewohnten Stadt entronnen, geht es gen Süden, zunächst noch auf einer Teerstrasse, eingefasst von Ebereschen, deren grellrote Beeren selbstbewusst und fröhlich den tiefblauen Himmel anstrahlen.

Nous avons dû traverser complètement Allenstein pour atteindre le chemin vers Jommendorf - Reussen dans la direction de Lanskerofen, affaire agitée, car à chaque camion et à chaque tram nous devions galoper devant, de travers, sur la rue. Enfin, la ville inhospitalière est dépassée, d’abord la Teerstrasse, encadrée de sorbiers dont les baies rouge feu illuminent sûrement et joyeusement le ciel bleu profond, va vers le sud.
Aber schon vor Reussen verlassen wir die « Kunststrasse » für eine Reihe von Tagen, während deren wir sie nur gelegentlich verächtlich kreuzen.
Mais déjà nous quittons Reussen, pour une litanie de jours pendant lesquels nous ne croiserons la grand-route méprisable qu’occasionnellement.

In Reussen erklimmen wir zwischen alten Holzhäusern einen steilen, sandigen Hang, un dann liegt vor uns, in allen Farben leuchtend, der riesige Komplex der südeostpreussischen Forsten, in den wir jetzt eintauchen werden. Links ein blauer See, gesäumt von dunklen Fichte, rechts ein paar Kartoffelfeuer, deren Rauchsäule steil zum Himmel ansteigt, wie ein Gott wohlgefälliges Opfer, und davor eine Birke in der letzen Vollkommenheit ihrer herbstlichen Schönheit.
A Reussen nous avons grimpé une pente raide, sablonneuse, entre de vieilles maisons de bois on trouve alors devant nous, dans toutes les couleurs lumineuses, le complexe immense des forêts de la Prusse-Orientale méridionale dans lesquelles nous plongons déjà. A gauche, un lac bleu, bordé de pins sombres, à droite quelques feux de feuilles de pommes de terre dont la colonne de fumée monte en flèche vers le ciel, comme victime agréable à Dieu, et, devant, des bouleaux dans la perfection de leur dernière beauté automnale.
Solche Bilder : das Fallen der Blätter, die blaue Ferne, der Glanz der herbslichen Sonne über den abgeernteten Feldern, das ist vielleicht das eigentliche Leben. Solche Bilder schaffen mehr Wirklichkeit - nicht das Geschehene, das Geschaute formt und verwandelt uns.
De telles images : les tas de feuilles, l’horizon bleu, l'éclat du soleil herbslichen sur les champs moissonnés, ce sont, peut-être, la vie proprement dite. De telles images créent plus de réalité que toutes conduite et action- ou que le regard sur les faits nous forme et nous transforme.
Ich bin voller Erwartung. Was werden wir noch alles schauen in diesen Tagen der reifenden Vollendung. Ich weiss nicht, ob es Dir auch si geht, dass Du manchmal das Gefühl hast, ganz dicht davorzustehen, nur noch durch einen dünnen Schleier davon getrennt zu sein – wovon eigentlich ? Von der erkenntnis ? der Wahrheit ? Dem Leben ? Ich weiss es nicht, aber ich ahne es und warte darauf mit jener Gewissheit, mit der man nur das Wunder erwartet.
Je suis en pleine expectative. Regarderons nous encore tout ceci dans ces jours de décadence. Je ne sais pas, si ça va à Toi aussi, si Tu as parfois le sentiment de te trouver tout près devant, de n’être séparé seulement que par un voile mince de cela - Par quel principe ? De la connaissance ? De la vérité ? De la vie ? Je ne le sais pas, mais je le pressens et j’attends cela avec cette certitude avec laquelle on attend seulement un miracle.

photo Dietrich WELDT, extraite de l'opus cité :



A Reussen nous avons grimpé une pente raide, sablonneuse, entre de vieilles maisons de bois on trouve alors devant nous, dans toutes les couleurs lumineuses, le complexe immense des forêts de la Prusse-Orientale méridionale dans lesquelles nous plongeons déjà. A gauche, un lac bleu, bordé de pins sombres, à droite quelques feux de feuilles de pommes de terre dont la colonne de fumée monte en flèche vers le ciel, comme victime agréable à Dieu, et, devant, des bouleaux dans la perfection de leur dernière beauté automnale.

De telles images : les tas de feuilles, l’horizon bleu, l'éclat du soleil sur les champs moissonnés, ce sont, peut-être, la vie proprement dite. De telles images créent plus de réalité que toutes conduite et action- le regard sur les faits nous forme et nous transforme.

Je suis en pleine expectative. Regarderons-nous encore tout ceci dans les jours de décadence. Je ne sais pas, si ça va à Toi aussi, si Tu as parfois le sentiment de te trouver tout près devant, de n’être séparé seulement que par un voile mince de cela - Par quel principe ? De la connaissance ? De la vérité ? De la vie ? Je ne le sais pas, mais je le pressens et j’attends cela avec cette certitude avec laquelle on attend seulement un miracle.

N’est-il pas indiciblement beau de trotter sur ce sol sablonneux, sur les feuilles qui froissent sous les sabots – pour changer du hêtre et du chêne de temps en temps on trouve un tilleul ou la cime rouge d'un pin.

A l’écluse d’Üstritz, entre Lansker et le Lac de Üstritz, nous rencontrons un ouvrier forestier qui nous montre le chemin du Service des eaux et forêts à Lanskerofen.

Le Service des eaux et forêts se trouve à un lieu improbable, beau, très solitaire du Lac Lansker à l’ouest du lac. Il a été construit tout à fait récemment. Charpente de poutres noires et toit de tuiles très rabaissé. La maison d'habitation et l’écurie passent de l'une dans l'autre, le tout, construit en fer à cheval, forme une cour ouverte seulement vers le lac, avec une pompe au milieu. C'est très joli, intentionnellement paysan, un peu comme la nation allemande.


Nous baignons les chevaux, et le gentil garde, maître forestier, qui est revenu du front oriental est justement en congé pour huit jours. Il nous invite pour le déjeuner et nous donne quelques renseignements sur des paysages remarquables du Weterreise. Sous son égide, nous nous décidons donc ainsi définitivement pour le « tour » vers l’est d'autant plus qu'il nous a proposé » d’aller pour la nuit d'aujourd'hui chez son collègue dans la Forêt d’ Hartigswalde.

C'est le district le plus nordique du carrefour de Neidenburger- c’est la Mazurie véritable et, peut-être, le plus pauvre arrondissement de la Mazurie. De temps en temps derrière Dembenofen après Orselsburg, le sol, de bruyère et de sable, devient de plus en plus facile, un pin isolé et des collines plates infinies avec l'herbe grise des steppes. Ça a presque quelque chose d'asiatique, ce pays rappelle d'ailleurs aussi notre Messtischblatt, l'un des larges chemins sur lequel nous avons galopé une longue piste, la "Tatarenstrasse", la route des tatars.

Il est difficile de s'orienter dans cette région, des chemins innombrables sans plan évident et sans règles s'agitent pêle-mêle et ne sont pas en conformité avec notre carte. Personne ne va dans la trace du prédécesseur, chacun fait à côté une nouvelle trace, et parce que ça foisonne "à côté de cela", à nouveau, ce système ne trouve restriction nulle part. Enfin, nous constatons déjà qu’il commence à faire sombre dans la Forêt Hartigswalde et l’on trouve, peu après, le Service des eaux et forêts, là où nous devons passer la nuit.

La "route des tatars"

La maison forestière et le lac, arrivée du premier soir !

Le maître forestier et sa femme sont extraordinairement hospitaliers.

Beide stammen aus dem Western und sind darum etwas verwundert über die hiesige Bevölkerung, vorwiegend wohl deshalb, weil die Leute so ganz ohne Bedürfnis und ohne Ehrgeiz sind. Es ist angeblich schwierig, sie zur Arbeit zu bringen, weil ihnen der Antrieb des Verdienenwollens fehlt. Sie tun offenbar im allgemeinen nur soviel, wie nötig ist, um gerade eben den lebensunterhalt zusammenzubringen.

Les deux viennent de l’Ouest et sont un peu étonnés de la population d'ici, en général, peut-être parce que les gens sont ici tout à fait sans besoins et sans ambitions. Il est difficile, soi-disant, de les emmener au travail parce que la stimulation de vouloir du mérite leur manque. En général, ils font seulement, évidemment, ce qui est nécessaire pour juste récolter leur subsistance.
Ganz selten komme es vor, dass eines der Kinder in Stellung geht oder fortzieht, um weiterzukommen und mehr zu vierdienen-ein, wie ich finde, höchst sympathischer Zug. Merkwürdig : Der, dem es gut geht, möchte es immer noch besser haben – genügsam ist nur der, der weiss, wie schwer es ist, sein Auskommen zu finden.
Tout à fait rarement il arrive que l'un des enfants aille à la position ou déménage pour avancer et plus à l'un, comme je trouve, le trait très sympathique. Singulièrement : auquel ça va bien, cela voudrait avoir encore mieux - frugalement seulement c'est qui sait, comment il est difficile de trouver son revenu.
Und hier, wo man 4 bis 6 Zentner Roggen und 40 bis 50 Zentner Kartoffeln vom Morgen erntet, hat der kleine Bauer es nicht leicht, sein Auskommen zu finden.
Et ici, où on récolte en une matinée 4 à 6 demi-quintaux de seigle et 40 à 50 demi-quintaux de pommes de terre, le petit fermier ne trouve pas facilement son revenu.

c'est beau !

Coucou Anne ! Peut-être à l'endurance de Grandchamp-des-Fontaines, chez D.T., demain ?

Excuses : en relisant le post, je m'aperçois que j'ai laissé passer un bout de traduction automatique. C'est souvent incompréhensible, parfois comique ...

Aide de germanophones bienvenue !

28 september 1941
Quittainem (Kwitajny), Schuttschenofen, Paterschobensee,Schobensee, Reusswalde
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Wieder ist der Himmelblau, aber heute ist alles weiss bereift. Nachts waren 4 Grad Kälte, unsere Pferde sehen etwas mürrisch aus, weil ihnen das synthetische Mischfutter – Hafer gibt es hierzulande nicht – schlecht schmeckt, ein Umstand, der uns mit einigen Bedenken erfüllt. De Forstmeister begleitet uns auf einem dicken schwarzen Ross noch ein Stück des Weges durch sein Revier ; fast ausschliesslich aber sehr schön – der Abnutzungssatz beträgt hier weniger als 3 Festmeter je ha, während wir in Quittainem mit 5,4 Festmetern rechnen.

De nouveau est le bleu ciel, mais, aujourd'hui, tout est devenu blanc. La nuit, par un froid 4 degrés, nos chevaux paraissent un peu grincheux parce qu'ici leur fourrage est un mélange artificiel - il n'y a pas d’avoine – c’est mauvais, d’une consistance qui nous remplit de scrupules certains.

Le garde forestier général nous accompagne un bout du chemin, sur un gros cheval noir, par son district ; presque exclusive, cependant très belle – la coupe de bois fait ici moins que 3 stères par hectare alors que nous comptons 5,4 stères à Quittainem.

Sonntägliche Stille liegt ûber dem Land und den beiden kleinen Dörfern, die wir passieren.
Le silence dominical se trouve au-dessus du pays et des deux petits villages que nous dépassons.

Derrière Schuttschenofen, notre guide nous quitte à la limite de la grande forêt qui recommence et se prolonge d'ici jusqu'à l'est presque sans interruption plus de 80 à 90 km jusqu'au passage de Johannisburg. J'éprouve une grosse tendresse pour ce pays austère et sa population.

Singulièrement d'ailleurs, les mœurs de ces peuples orientaux, de la Mer Baltique jusqu'à la Mer noire, sont partout les mêmes. De la Lituanie jusqu'à en bas, aux Balkans, on trouve partout les mêmes images : les hommes arrivés à maturité ou les enfants, jour après jour, ne font rien d'autre que d'errer avec leur vache pour la protéger quelque part dans la forêt - ou sur le bord du chemin.

Le garde général forestier, à qui je racontais que j'ai souvent vu le paysan en Slovaquie et dans les Carpates marcher beaucoup d'heures à travers le pays, au marché avec un coq ou un morceau de fromage sous le bras, pensait que ce serait ici peu différent. Il aurait commandé l'année précédente chez un paysan 40 demi-quintaux de pommes de terre, ne les aurait cependant jamais reçus; l'homme, à ce sujet disait seulement : "si je dois vendre tout d'un seul coup, alors avec quoi je vais sur le marché ?"

Nous suivons, à pied, pour décharger nos chevaux, une piste en direction de Paterschobensee, plus ou moins au petit bonheur, car notre carte nous laisse pendant un moment en rade. Quand nous environ une heure après en sortie de la forêt, on trouve le Lac Schobensee, devant nous, comme une peinture de miniature persane : ciel turquoise sur l’eau d’un bleu profond et devant un champ jaune rougeâtre.

C'est un sentiment agréable d'aller ainsi à cheval par le pays automnal, tout à fait facilement et de manière enjouée, on se sent, loin de toute les restrictions du pays et des soucis du quotidien.
Même le souci est infiniment loin et pourtant, ce qui adviendra nous accompagne partout.

Jetzt sind Sonne und Wind, der Hufschlag des Pferdes auf den sandigen Waldwegen und der Geruch von welkendem Laub unsere Welt und wir ein Teil derselben. Maintenant, le soleil et le vent, les ruades du cheval hors des chemins sablonneux de la forêt et l'odeur du feuillage fané, sont notre monde et nous une partie du même milieu.
Bis zum Forsthauss Reusswalde, wo wir abfuttern wollen, sind es nur noch 10km, die wir mehr oder weniger in leichtem Trab zurücklegen. Sissis Fuchs geht mit wunderbar taktmässigen Bewegungen, völlig schwerelos schwebt er über den Boden, während mein ungefüges Schiff, dessen Widerrist mich um etwa 2 Kopf überragt, über jeden Kieselstein, zuweilen auch über seine eigenen Füsse stolpert.
Jusqu'à la maison forestière de Reusswalde, où nous voulons aboutir, il y a seulement 10 km, accomplis plus ou moins dans un facile trot léger. Le Fuchs de Sissi va au tact, à des allures très modérées. Complètement sans poids, il plane au-dessus du sol, alors que mon Schiff, dont la nuque me surpasse de près de 2 têtes, bute sur chaque caillou, et occasionnellement aussi sur ses propres pieds.
Wir sindt jetzt wieder in fruchtbarere Zonen gelangt, auch der Wald ist wieder üppiger und abwechslungsreicher. Unsere Karte hat uns fehlerlos die Gestelle entlang zum Forstamt geführt, das hinter einer besonnten Kastanienallee jetzt vor uns auftaucht. Wie grosse Hände liegen die Blätter zwischen den Baumreihen auf dem Kiesweg.
Nous sommes arrivées maintenant de nouveau dans les zones plus fécondes, la forêt est aussi plus luxueuse de nouveau et elle est plus variée. Notre carte nous a dirigées exactement le long des rives vers le service des eaux et forêts qui apparaît derrière l’allée des châtaigniers qui rayonnent maintenant devant nous. Les feuillus, comme de grandes mains, se trouvent entre les rangées d'arbres jusqu’à l'allée en gravier.