Alexandra TOLSTOY, 4 amazones et la Route de la Soie.

21 avril 1888

Il pleut toujours à torrents. Le lieutenant-colonel qui commande la place s'empresse de nous délivrer un podorojnaïa ; mais ce temps épouvantable a éreinté tous les attelages.

Les trois seuls chevaux disponibles ont besoin de repos. Donc nous ne partirons pas à onze heures.

Alors, allons visiter Katy-Kourgan, malgré les hallebardes de saint Médard.

C'est une charmante petite ville très russifiée, avec de belles allées plantées d'arbres superbes, un vrai bosquet, tout semé d'élégant cottages et de casernes très bien tenues. Et, dans ce bosquet, en bas, presque autant de soldats que d'habitants...

Notre tarrentas est prêt. En route !

Celui qui a comparé le tarrentas à une "raquette" dont le voyageur est le "volant" n'a rien exagéré...

... nous cabriolons sous la pluie...Une plaine monotone... et, à gauche, une falaise assez molle commandant une grande dépression qui est le Zarafchane...

A la station de Tchimbaï, le maître de poste n'a pas un seul cheval de rechange...

Aussi n'hésitons-nous pas à houspiller notre yamstchick à coups de roubles, jusqu'à ce qu'il nous promette de faire doubler l'étape à ses chevaux, - envers et contre les règlements. Il y consent enfin.

.. Mais la pluie redouble...

A huit heures, nous arrivons à Daül. Nous n'y trouvons pas plus de chevaux qu'à Tchimbaï...nous tapons sur nos conserves, et bientôt un canapé aussi tendrement rembourré que notre tarrentas nous sert de couche.

22 avril 1888

Dès six heures du matin nous réintégrons notre raquette.
Il pleut plus que jamais. Le terrain est très cultivé autour de nous. beaucoup de rizières, de champs de blé et de luzerne, et des marécages, où s'ébattent cigognes, grues, etc.

... Apparaissent deux casernes, une brasserie, un pont, et nous voilà dans la capitale de Tamerlan. Il est six heures et demie.

Visitez SAMARKANDE

Alexandra TOLSTOY raconte :

"My favourite part of Bukhara was Labi-Hauz, an outdoor restaurant, or chai-khana, looking out over a square pool of water. We ate lunch there, sitting cross-legged on one of the low wooden beds, or topchans, that fill every restaurant..."

Mon endroit favori à Boukhara était Labi-Hauz, un restaurant en plein air, ou chai-khana, donnant sur une piscine carrée. Nous y primes nos déjeuners, assises les jambes croisée sur l'un des divans ou topchans, qui remplissent tous les restaurants.

Nos deux jours à Boukhara avaient été gris et pluvieux, mais le matin de notre départ les cieux s'éclaircirent, ainsi nous retournâmes à l'hippodrome avec excitation, regardant devant si nous voyions nos nouveaux chevaux, que Zhenya avait promis de nous apporter là.

J'étais aussi amère de voir encore l'arrogant Abbas, même seulement brièvement, avant que nous partions pour les collines qui séparent Boukhara de Samarcande.

L'hippodrome était en fait plus une ferme qu'un haras. Il se composait d'une cour poussiéreuse avec quelques poules picorant le sol et des bâtiments délabrés abritant la vingtaine de chevaux qui lui permettaient d'être classé comme hippodrome.

Il y avait aussi un petit enclos où deux chameaux de Bactriane étaient enfermés, nous regardant distraitement par ​​la clôture.

Mais ce matin-là, nous n'avions d'yeux que pour les cinq chevaux qui se trouvaient attachés autour de la cour. Il n'y avait pas une verrue, une blessure, une gonfle de tique ou une jambe boiteuse en vue.
En outre, il y avait un manque rassurant des juments pleines et de poulains d'accompagnement.

Mais nous étions sceptiques: nos soupçons ont été confirmés lorsque Wic a monté un joli étalon noir.

Son problème n'était pas lié à une déficience physique, mais plutôt à son tempérament. Avant même qu'elle atterrisse au milieu de la selle, il avait commencé à sauter sauvagement tout autour de la cour, reniflant des naseaux et aplatissant ses oreilles vers quiconque osait s'approcher.

Cependant, Wic, s'amusait de cette énergie inhabituelle et savourait chaque saut de mouton qu'il faisait hors de la ferme et dans la ruelle.

Mouse, Lucy et moi avons été dotées de trois autres chevaux par notre nouveau guide, Shamil, qui avait rapporté les étalons de Djizak, dans la vallée de Feghana, et Zheniya le présentait comme notre «expert de cheval". Shamil, yeux bleus, semblait tout de suite plus compétent que Dzhuma ou Abbas et nous allions volontiers suivre ses instructions.

Mouse finit par avoir le plus grand cheval, parce qu'elle avait le plus d'expérience, pendant qu'on me donnait un alezan trapu ans, Lucy obtenait le cheval supposé le plus docile.

Nous avons été averties, à plusieurs reprises, par Chami,l de ne pas nous approcher les unes de l'autre parce que les étalons pouvaient se lancer et se mordre les uns les autres à la première occasion, aussi, nous étions toutes en selle nerveuses aux extrémités opposées de la cour, en attendant de partir.

Ici, nous avons dit "au revoir" à Zheniya et rencontré Vadim, que nous avions organisé pour remplacer notre chef de camp pour la section suivante du voyage (Igor continuait comme notre chauffeur et Sacha comme notre cuisinier).

Zheniya avait non seulement trouvé Shamil pour nous servir de guide à cheval, mais aussi un forgeron, qui nous a été présenté comme "Dyadya" (ce qui signifie «oncle» en russe), Tolik. Ils partirent dans le camion alors que nous essayions d'éviter aux chevaux de s'emballer.

Shakil qui avait pris le jeune cheval, ouvrait la voie sur la rocade de Boukhara.

"We were edging our way gingerly along, keeping as far away from each other as possible, using all our strength to restrain the horses, when a rather impressive black Zhiguli car drew up alongside us. A familiar pair of cowboy boots stepped out.

We watched in astonishment as Abbas marched into the middle of the road, pulled a whistle from his pocket and brought the traffic to a standhill...

... he had watched too many James Dean films... giving me a final rehearsed wink as I rode past him for the last time. I forgot about being ill and spent the rest of the day daydreaming."

«Nous suivions la bordure de notre chemin avec précaution, en se tenant aussi loin que possible les unes des autres, en utilisant toutes nos forces pour contenir les chevaux, quand une voiture, une assez impressionnante Zhiguli noire s'arrêta à côté de nous. Une paire de bottes de cow-boy familière en est ressortie.

Nous avons regardé avec étonnement Abbas qui marchait au milieu de la route, tiré un sifflet de sa poche pour arrêter le trafic ...

... Il avait vu trop de films de James Dean ... il me donna un clin d'oeil final, répétant que je montais devant lui pour la dernière fois. J'en ai oublié d'être malade et j'ai passé le reste du jour dans un rêve éveillé ".

"Notre voyage se poursuivait dans la campagne, une fois de plus. Parfois, on se sentait comme si nous étions dans le sud de la France, parceque notre piste était bordée par des champs pleins de pommiers et de vignes.

Cette nuit, nous avons campé à l'endroit le plus idyllique jusqu'à ce jour, sur les rives d'un lac turquoise. Sa surface immobile étendu jusqu'à de brumeuses montagnes à l'horizon, derrière lesquelles le soleil se couchait, laissant des traînées d'orange et de rose dans le ciel nocturne.

Mais malheureusement pour moi, cette belle scène était marquée encore une fois par ma maladie. Je predais beaucoup de sang et de poids... J'avais une disenterie amibienne..."

NDLR :Dispensons nous des détails mais, simple rappel, 110 ans plus tôt le capitaine des hussards Pontevès avait été défait par la même cause !

Les journées suivantes ont été consacrées à longer les rives de ce lac et d'un second. Nous traversions des rivières, naviguions sur des marécages, sautions des fossés, effrayions des bandes de pélicans et de canards et faisions de notre mieux pour surmonter une race particulièrement agressive de moustiques géants.

Nous avons déjeuné dans de petits bosquets d'arbres sur les rives des lacs, où Shamil a eu l'occasion de plonger dans l'eau. Un après-midi nous avons chevauché à travers ce qui avait dû être un lieu de villégiature déserté, nous avons appris, plus tard qu'il avait été une soviétique "maison de repos" où les fonctionnaires venaient en vacances avec leurs collègues.

Les nuitées se passaient au bord de l'eau, et un soir nous avons eu droit à une roussette, que Igor avait prise parmi les joncs. Les bergers étaient souvent admis dans notre camp, ils rassemblaient des chêvres à longues cornes pour retourner à la maison, au coucher du soleil.

"One morning, however, was interrupted by a frightening incident that set a precedent for the rest of our time in Uzbekistan. We were riding in single file behind Shamil along a path flanked to our left by the second lake and to our right by open scrub. In the distance we suddenly spied a small light object accelerating toward us at incredible speed. As it became bigger we discerned a grey, riderless stallion, charging at full pelt. Its front legs were hobbled, but this seemed to pose no restraint on it, as it lunged forward, lifting its head to release a shrill neigh. There was also a chopan flapping from its sides, which made it look Wilder.

«Un matin, cependant, nous avons été arrêtés par un accident effrayant qui a créé un précédent pour le reste de notre temps en Ouzbékistan.

Nous chevauchions en file indienne derrière Shamil le long d'un chemin bordé à notre gauche par le deuxième lac et à notre droite par un terrain ouvert.

A distance nous avons soudain scruté un petit objet léger accélérant vers nous à une vitesse incroyable. Comme il est devenu plus gros, nous avons discerné un étalon gris, sans cavalier, qui chargeait à toute vitesse.

Ses antérieurs étaient entravés, mais cela ne semblait poser aucune contrainte sur lui , alors qu' il se précipitait en avant, en soulevant sa tête pour libérer un hennissement strident. Il y avait aussi un chopan qui battait ses flancs, ce qui lui donnait l'air encore plus sauvage."

Au moment où Shamil a réalisé ce qui se passait, il a crié de faire demi-tour autour et, descendant de cheval, il attacha son cheval à un arbre.

Nous restâmes blottis ensemble tandis que Shamil bombardait l'étalon en divagation avec des pierres. Maintenant, il était arrivé vers nous et c'était le tour de notre groupe, il essayait de charger mais restait de côté grâce aux assauts de Shamil. Nos chevaux piaffaient, désespérant de se battre, mais Shamil nous criait de les garder avec leurs têtes tournées dans le centre du groupe, de sorte qu'ils étaient incapables de voir l'étalon.

Cependant, nos chevaux aussi se détestaient et le mien, qui était particulièrement agressif, essayait de mordre et d'envoyer des coups de pieds aux autres.

Me sentant faible à cause de ma dysenterie, j'ai pris peur et j'ai sauté au sol, tenant mon cheval par les rênes. Shamil était furieux, et me criait dessus de remonter parce que je n'avais plus aucun contrôle sur mon cheval, qui donnait des coups de pied et tirait pour partir.

Puis, l'attention de Shamil fut soudain distraite par l'apparition d'un berger portant un gros bâton, qui repoussait l'étalon gris jusqu'à ce que j'aie été capable de remonter. Pendant ce temps, il avait réussi à récupérer son collier de tête et à sauter sur son dos.

Une fois que l'étalon fut monté, il est redevenu contrôlable, et bien qu'il ait été encore frémissant des narines et piaffant parfois, nous avons pu nous tenir à distance de lui et de son cavalier .

Shamil a parlé au pasteur en ouzbek - nous ne pouvions pas comprendre ce qu'il a dit, mais le ton de sa voix nous a laissé deviné qu'il était en train de le réprimander. Le berger n'avait pas l'air très contrit que nous partions.

En Ouzbékistan, me dit Shamil, les étalons ne sont pas castrés, ils sont soit très agressif envers les autres étalons ou trop amoureux des juments.

After the excitement of our battle with the stallion we turned away from the lake, across a seemingly infinite flat plain, towards the mountains...

... When we arrived to our camp, I collapsed on the ground.

... I had been ill for almost a week and only seemed to be getting worse. Mouse decided to send emergency e-mails to the British Embassy in Tashkent...