Alexandra TOLSTOY, 4 amazones et la Route de la Soie.

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3-4 avril 1999 :

"After leaving the Repetek reserve we rode for two days through the dunes of Chardzhou, somme twenty-two miles from the Uzbek border.

Our feeling on entering the small, grimy town was of excitement.

It had been two weeks since we had passed through any settlement countaining more than two households and a handful of chicken... we were greeted not only by curious questions and looks but also unfortunately by stones and sticks..."

En 1888, PONTEVES n'était pas tout à fait arrivé à Tchardjoui-Chardzoo-Turkmenâbad :

"... Mais notre train, laissant cette ville à une dizaine de kilomètres à l'est, pousse droit son chemin vers une localité pus petite... que le général Annenkow, son fondateur, a baptisé Amou-Daria, du nom du grand fleuve qui baigne ses jeunes pieds.

... Nous sommes les bienvenus. Le général nous a fait préparer une installation près de la sienne. Il a dû se rendre à Tchardjoui ; mais, dès son retour, avant une heure, il sera heureux de nous recevoir.

Décidément, en Transcaspienne, les jours se suivent et se ressemblent toujours mêmement fastes !

Mais alors ! ce n'est pas la Chine qui est un "pays charmant" mais l'Asie russe ..."

" On sait qu'aucun Parisien parisiennant n'est plus Parisien que l'éminent créateur du Transcarpien (La sœur du général est vicomtesse Melchior de Vogüé.)

En moins d'une demi-heure le "Tout-Paris des premières" omme on dit, je crois, n'Est-ce pas, mon général ? le Tout-Paris des premières, dis-je, défile en notre conversation.

Ah ! les bonnes joyeusetés...

Pendant notre visite, le général reçoit des rapports, donne des ordres, signe des papiers...

Et le Parisien doit faire place à l'ingénieur...il a affermi à jamais dans la main du tsar ses nouvelles conquêtes asiatiques, en les enserrant d'une formidable jante d'acier que rien désormais ne pourra rompre..."

"Mettre la capitale de Tamerlan (Samarkande) à sept jours de celle d'Alexandre III, voilà l'entreprise grandiose, gigantesque, géniale de Michel Annenkow, - qui, dans quarante jours sera un fait accompli."

"Allons, venez voir mon pont de l'Amou-Daria !" me dit le général... Ma locomotive est sous vapeur. cette promenade nous servira d'excellent apéritif avant dîner...

Le pont se compose de quatre tronçons traversant les quatre bras de l'Oxus : total 1 868 mètres.

Plus de huit mille sapins du Volga et de la Kama ont été employés pour la construction totale du pont... Une ferme a été établie sur le bras principal pour permettre le passage des bateaux. Malheureusement, comme les sables de l'Oxus sont aussi capricieux que ceux du désert Noir, depuis longtemps - la ferme est fermée...

... Au moment où nous atteignons la rive droite de l'Oxus, que verdit une forêt de grands arbres, le soleil sur ses fins, rouge, énorme, comme essoufflé, descend à l'horizon en jetant un dernier regard de feu sur l'immense nappe d'eau qui coule majestueusement vers lui.

Sous ce regard, le Fleuve-mer rougit puis se nielle de cuivre... Nous le repassons, comme les étoiles commencent à s'allumer...

... un quart d'heure après, nous somme à table, en compagnie charmante...

Pendant ce dîner nous devions le plus agréablement du monde... de l'avenir du Transcarpien et enfin de la question afghane...

- Nous sommes venus amener ici non pas la guerre, mais la paix, me dit le créateur du Transcarpien.

... Je suis partisan d'une alliance russo-franco-anglaise...

Nous sommes d'accord pour trouver le vin de Château-Coco (cru du général) excellent... jugez des résultats que pourrait obtenir un viticulteur bordelais qui consisterait à venir s'installer dans ce pays ù la vigne pousse par enchantement, et où la main-d'œuvre est presque dérisoire..."[/i][/i]

18 avril 1888

"Dès huit heures du matin, je vais trouver le général qui m'a fait prier de le joindre à la gare, où il attend deux altesses espagnoles, retour de Bokhara et de Samarkande.
-J'ignore leurs noms...Par conséquent, si vous le reconnaissez - e les reconnaissez pas.

Je demeure aussi coi que muet.

Et cependant le prince aurait sans doute été bien étonné de retrouver à Amou-Daria le neveu du gentilhomme français qui, en 1872, l'avait hébergé ... et la princesse de reconnaître, en pleine Asie centrale, l'un de ses plus respectueux valseurs d'antan... et déjà le train a disparu dans les sables..."

"Vous plait-il d'aller à Tchardjoui, voir le "beck" (préfet) ? nos demande alors le général ,

- Eh bien en voiture !

Comme il a plu toute la nuit, la route très vicinale que nous suivons, n'est qu'une suite ininterrompue d'ornières, de flaque d'eau et fondrières insondables.

Mais les excellents trotteurs du général ne connaissent pas d'obstacles et nous le prouvent.

... de toutes parts s'envolent des fusées de bécassines, de pluviers, de chevaliers pieds-noirs et pieds-rouges...

Tout autour de nous, le terrain est supérieurement cultivé. Les blés déjà hauts, sont épais comme des crinières de percherons... on fait jusqu'à douze coupes de luzerne par an...

Tandis que nous discutons agronomie, trois gros officiers bokhares, en khalat rouge, orange et or, arrivent au galop saluer le général...

Précédés de ces éclatants éclaireurs, nous repartons à toute allure, leurs chevaux animant les nôtres, et nous atteignons promptement Tchardjoui.

... c'est une ville assez intéressant avec ses fortifications crénelées, - presque imposantes ... de loin.

Toujours des rues étroites bordées de boutiques basses ou de maisons sans ouvertures apparentes et, naturellement, un bazar central et demi-couvert, que nous traversons en excitant une curiosité que l'on devine malveillante.

... très molle et lourde d'allure cette population composée d'Ouzbegs, de Tadjicks et de Sarts.

Les Ouzbegs forment le noyau autochtone touranien ... de presque toute l'Asie centrale.

Les Tadjicks, au contraire, sont les descendants des conquérants aryens ...

Les Sarts (boutiquiers) sont des Tadjicks exclusivement citadins, c'est à dire des bourgeois...

Comme bien l'on pense, Ouzbegs et Tadjicks se sont indéfiniment croisés entre eux, et, de plus, sont très entachés de sang mongol, chinois, khirgize, afghan, etc...

... Il est cependant juste de faire observer que, areillement à ce qui s'est assé en Chine, les vaincus ouzbegs sont en passe d'absorber leurs vainqueurs tadjicks..."

Dans les mêmes lieux, 110 ans plus tard, Alexandra TOLSTOY raconte :

"That night we slept on the banks of the Amu Darya, the great Oxus of ancient times. This river, which marks the western bordero f the historical region of Transoxiana, or Alexander the Great's Sogdiana, is one of Asia's most important water sources.

We crossed it over a rickety metal bridge that reverberated with every step of the horses's hooves.

The banks of the river were lined with dilapidated buildings and the water was a murky brown- all of wich helped to dispelt its romantic image.

We pitched camp on the opposite site shore, while Igor set up his fishing rod, sitting patiently untill the sun began to set and we could see his cap and rod silhouetted against the pink sky."

7 avril 1999 ?

"Le matin suivant, après avoir fait la guerre aux tiques qui avaient envahi nos chevaux, nous commençâmes à chevaucher vers la frontière Ouzbèque le long de petites routes où le vert des blés était rendu encore plus brillant par la poussière qui les entourait.

... chaque champ de blé était attenant à une petite maison qui semblait tout à fait biblique, avec des écuries construites d branches et des toits couverts de paille.

... des chameaux, des bœufs, des moutons, des chiens et des gens étoilés comme dans une procession de roman...

Après déjeuner l'accompagnateur nous emmena à l'intérieur d'une mosquée construite en 1996... et nous offrit une prière pour un voyage sain et sauf...

Peu de temps après, la chaleur fut dispersée par un coup de tonnerre, alors que nous errions sur la route toute droite vers la frontière, et nous fumes bombardés par une averse de grêle...

A deux miles de la frontière, nous rencontrâmes notre véhicule duquel Igor nous fit grâce des nouvelles : le permis pour le véhicule avait expiré.

Nous décidâmes de passer la frontière cette nuit. lors que nous marchions doucement, les chevaux trébuchant à chaque pas, le soleil apparut derrière l'écran de nuages et créa deux arc en ciel contre le fond de ciel brun..."

En direction de Boukhara en 1888, comme le fera Alexandra TOLSTOY en 1999, le hussard PONTEVES n'aura pas à s'affranchir de la paperasse administrative de la frontière avec l'Ouzbékistan. cet état-nation alors sous domination de l'Empire russe n'existait pas encore. Mais le mauvais temps était déjà omniprésent en ce printemps... :


18 avril 1888

"Comme je mets au courant mon journal de route, Son Excellence vient me prendre pour m'emmener goûter sur la rive droite de l'Oxus...

à Farâb, où sont installés les ateliers de construction du Transcarpien... il y règne une activité extrême... Partout on construit des wagons... on scie des rails...

... nous montons dans une troïka attelée de saratows alezans très près de terre et très doublés, et nous partons à fond de train à travers la campagne, partout bien cultivée et en partie boisée.

Sous la douga, notre cheval du milieu trotte haut et ferme, et, à droite et à gauche, l'encolure tordue en dehors, galopent comme en liberté, les deux "furieux" attelés à des traits indéfiniment longs. A chaque instant je crois que ces deux excentriques vont se casser la tête contre les arbres qui bordent irrégulièrement la route. Mais il n'en est rien. Adroitement, ils calculent d'un œil leur espace, se serrent contre le trotteur et s'évaporent de nouveau, dès que le chemin s'élargit.

A ce dépôt est annexé un petit haras; c'est là le but de notre promenade.

Le lieutenant-colonel commandant le détachement ... est de race mongole, du Kachgar, je crois : face jaune, nez invisible, yeux obliques, pommettes saillantes, moustaches tombantes; malgré cela l'air très militaire.

Le haras de Farâb est à l'état de création... une vingtaine de sujets arabes, turcomans, tekkés, kirghizes - et attend prochainement deux étalons de pur-sang anglais...

Nous terminons cette journée par un dîner de vingt-cinq couverts à l'hôtel du général...

... un quart d'heure après, le wagon gracieusement mis... à notre disposition, nous emporte vers le Turkestan. Il est dix heures du soir..."

"Au delà de l'Oxus, le Transcarpien étant en construction, les convois de ravitaillement et de matériel seuls y circulent ; on a donc attelé notre wagon à un train de rails et de traverses...

... notre wagon... sur un truc, trois bancs et huit montants réunis par des traverses en X ; voilà tout.

J'oubliais, une toile clouée sur les traverses, en guise de plafond...

C'est carrément le plein air... chacun de nous s'enfonce consciencieusement sa tête, d'abord dans son bachlik puis dans son papak, se blottit dans sa fourrure, se roule dans sa couverture, s'étend de tout son long sur le plancher du truc, pose son chef sur une valise, se cale de son mieux à l'aide de son... voisin, et s'endort..."

"... il paraît qu'une violente tempête n'a pas cessé de souffler, pendant la nuit, roulant de véritables vagues de sable.

La voie ayant été enlevée, notre train a dû battre en retraite et revenir à Farâb. Pour ma part, j'ai si bien dormi que je ne me suis douté de rien.

A neuf heures, nous repartons pour nous réimmobiliser bientôt, cette fois en pleines dunes.... semblables à celles déjà traversées... plus nues, plus tristes, plus écœurantes encore, surtout beaucoup plus hautes : - c'est l'abomination de la désolation... la couche de sable atteint jusqu'à vingt mètres de hauteur...

... Ce nouvel arrêt a duré quatre heures.

Pendant 25 kilomètres, nous coulons sans nouvel incident à travers les lugubres monticules, puis les sables cessent et nous atteignons une plaine grise d'abord, ensuite verte, coupée de petites forêts d'ormeaux et de peupliers argentés, semée de loin en loin de villages de boue que des verdures plus foncées entourent.

nous sommes dans le bassin du Zarafchane, dont les euaux coulent si lentement qu'elles paraissent endormies..."

"Il est six heures du soir ; nous haltons un moment au milieu de grands marécages... pas un roseau qui bouge ; les marais sans rides, sans frissons, sans aucun cri d'oiseau, semblent inhabités.

Seul un grand aigle pêcheur passe lourdement, surveillant ses domaines.

... le ciel, mi-partie tourterelle et lilas s'allume, à mesure que vient le crépuscule, de reflets de cuivre et cendre de rose de plus en plus volumineux ; ...

Nous arrivons avec la nuit à Karakoul, la station de Bokhara. nous y trouvons M. Lebrun, un ingénieur français... il est actuellement chargé de la direction d'une partie des travaux du transcarpien..."

110 ans après :

Alexandra TOLSTOY et Cie vont passer la frontière Turkménistan-Ouzbékistan.

7-8 avril 1999

"We decided to cross the border that night... We finally reached the border, after what seemed an eternity, where again we found Igor, Sacha, Zheniya and the truck waiting.

Zheniya told us that we had to leave our horses to join us the following morning because their paperwork was not ready. Dzhuma led them away and as we were whisked off by several border officials we saw the horses grazing among some reeds..."