Rachel DORANGE

Merci pour tout cela! C'est vraiment très gentil de nous faire partage l'histoire de Rachel Dorange.

A mundial,

Le plaisir est dans le partage. Que pensez-vous de ses réflexions ?

Je me suis fait piéger par l'objet de mes recherches, l'étonnante amazone beauceronne , "Mademoiselle Paris-Berlin" ! Ayant découvert par hasard Rachel à travers l'article du Sport Universel ci-dessus j'en suis resté pendant 10 ans sur le simple souvenir de cet exploit sans connaître le sujet agissant qu'était Rachel DORANGE.

Paris-Berlin c'est déjà assez long sur ce forum, j'arrêterai au pied à terre à Paris.

Pour en savoir plus sur Rachel, celles qui le peuvent sont invitées à Ivry-sur-Seine le 16 septembre où, à l'occasion de la "Journée du patrimoine, je ferai une vidéo-projection de sa biographie à l'endroit même où elle a terminé, dans l'anonymat et l'oubli, 83 années d'une vie d'endurance physique et morale ...

Une amazone parisienne confidente de Rachel au Cirque d'hiver-Bouglione sera, je l'espère, à mes côtés !

Heureux siècle du numérique qui permet d'exhumer des archives improbables outre-Atlantique comme cette presse américaine qui, relatant l'arrivée à Paris du cocher berlinois Gustav HARTMANN atteste, en quelque sorte, sa rencontre avec Rachel DORANGE à Berlin !

L'article, et bien d'autres, atteste aussi d'un climat politique pacifiste à la fin des Années folles qui fait suite aux accords de Locarno, au prix Nobel de la Paix d'Aristide BRIAND, au plan Briand-Kellogs qui voulait "interdire la guerre" ...

Cétait en 1928, à la veille du crac boursier de 1929 ... et à la remontée des facismes et de la victoire électotale du national socialisme en 1933 ...

On a connu la suite jusqu'en 1989,et il faudra attendre la chute du Mur de Berlin pour franchir librement les frontières, encore mieux que Rachel car elle accomplissait un exploit politico-sportif et féministe ...

Lundi 17 octobre ? ou 18 ou 19 ? Postdam-Berlin 31km

"... L'accueil reçu à Berlin fut si chaleureux, que je ne pouvais m'empêcher de m'y attarder.



Oubliant un mois de fatigues endurées courageusement, les mauvaises étapes accomplies à pied, quand le petit cheval blessé souffrait trop, oubliant le coup de pied à la jambe, dont m'avait gratifié Le Huppé dans la joie de sa guérison, et la belle bûche ramassée, le pied pris dans l'étrier …



Voilà Paris-Berlin, 1 400 kilomètres !

Ne pensons plus aux malheurs de la route.

Au fond, je faisais une promenade – à la portée de tout le monde – mais que personne n'avait faite. Je ne songeais pas à battre un record, ni même à en établir un. Je ne pensais à rien d'autre qu'à mon plaisir et à ma peine..."

à suivre ...

Mardi 18 octobre



Je me reposai donc.

Je me reposai parmi les fleurs !

Dieu ! Ce que l'on peut offrir de fleurs, à une amazone, dans Berlin !



à suivre

Cher Hermen, je n'ai pas très bien compris à quelles réflexions vous faites allusion. Celles de Rachel Dorange sur les avantages de la monte à califourchon?

Encore mille fois merci pour ces documents tellement intéressants.

A mundial,

Oui c'est ça ! Il m'a semblé que Rachel découvrait la liberté ou une liberté. En abandonnant la monte en amazone, elle s'émancipait de l'assistance masculine, une contrainte technique emblématique ...

Bravo pour tout ce boulot, c'est passionnant comme récit, et enrichissant.... 70km par jour! on y penserait même pas! (même à cali, d'ailleurs...).

Je pense que l'abandon de la monte en amazone s'explique en grande partie par les contraintes techniques et le désir de bénéficier de plus d'autonomie.

Une amie, maintenant assez âgée, et qui a connu son heure de gloire dans les années 50 nous racontait souvent que lorsqu'elle avait commencé à participer aux concours hippiques, beaucoup de cavalières sortaient encore en amazone, mais pour sa part, elle avait commencé à monter pendant la guerre à califourchon et ne voyait aucun intérêt à monter dans les fourches. Notre insistance à travailler de temps en temps en amazone la faisait sourire, même si elle nous encourager parfois à sortir ainsi en spectacle.

La maman d'une amie de maman avec qui j'avais eu la chance de parler de l'amazone, il y a une vingtaine d'années, n'avait connu que la monte dans les fourches, mais avait choisi de faire débuter sa fille, après la guerre, à califourchon pour des raisons de commodité.

Même si cette période est passionnante, ce n'est pas ce passage de l'amazone vers la monte à califourchon, mais la période inverse qui m'intrigue le plus. Je m'explique. Sous l'ancien régime, les cavalières montaient, à leur choix, à califourchon ou en amazone. Ce fait n'est pas très connu, mais au moins deux traités d'équitation des plus sérieux l'évoquent clairement. Ce n'est que progressivement que l'amazone s'est imposée comme étant la seule manière convenable pour une dame de monter à cheval. La question que je me pose est la suivante: comment les familles de cavaliers et notamment de vénerie, ont laissé cette liberté se perdre? D'où venaient les pressions? De la mode, du clergé? Cela correspond-il à un recul dans la condition des femmes les plus privilégiées?

Liti' a écrit:

Bravo pour tout ce boulot, c'est passionnant comme récit, et enrichissant.... 70km par jour! on y penserait même pas! (même à cali, d'ailleurs...).

A liti :Merci. Il y a peut être, effectivement quelques leçons à tirer de cette expérience. Pour la monte en amazone, je suis incompétent.

Pour la monte à califourchon, 70km par jour c'est maintenant d'une grande banalité. Il y a des épreuves d'endurance de 2x100km sur deux jours ou des 160km (100 miles) en une journée auxquelles des centaines de cavalières participent ... 40km au pas c'est plus fatigant que 160km au galop, ça dure plus longtemps.

Quant à récidiver 70km tous les jours pendant plusieurs mois ... pour Linde à califourchon comme pour Rachel en amazone c'est toujours la blessure du cheval par le harnachement qui a été la plus pénalisante...

A mundial,

Pour alimenter le débat, je vais essayer de retrouver quelque citation de Pierre de COUBERTIN dans les années 1900, traduisant un principe de précaution ergonomique et moraliste ...

A noter la différence de mentalité apparente avec les pays du nord de l'Europe, via la monte libérée de la suédoise Linde KLINCKOWSTRÖM ou les railleries des gamins hollandais envers l'amazone française ...

Samedi 22 octobre

Visite du château dont le gardien a soin de me dire : « Ici, Napoléon, en vainqueur, en songeant au roi qui avait édifié la puissance allemande et Potsdam, ordonna à sa suite : « Messieurs, découvrez-vous ! Car si cet homme était vivant, nous ne serions pas là ! »



Ce n'est pas peut-être rigoureusement historique, mais ce n'est pas mal !

[img]https://amazones.forumactif.fr/[/img]

Rachel faisait référence à cette entrée, militaire, d'octobre 1906 de Napoléon Porte de Brandebourg à Berlin comme elle le fera, pacifiquement, 121 ans plus tard, !

mercie de lire 1806 au lieu de 1906

De plus en plus intéressant!!

Citation :

Pour la monte à califourchon, 70km par jour c'est maintenant d'une grande banalité. Il y a des épreuves d'endurance de 2x100km sur deux jours ou des 160km (100 miles) en une journée auxquelles des centaines de cavalières participent ... 40km au pas c'est plus fatigant que 160km au galop, ça dure plus longtemps.

Certes, mais de là à reinterer l'exploit pour aller jusqu'à Berlin, ça peut paraitre, à nous, (enfin moi!) cavalière lambda, un bien beau pari....
Quand à l'autonomie de la femme en amazone.... Je me pose des questions.... Car de nos jours, avec les petits chevaux, l'etrivière-montoir, et la science moderne des selliers (ainsi que la liberation des moeurs et des idées), je suis sure qu'on pourrait en faire, des choses... Pour exemple Pascaline, qui randonne trois semaines en amazone avec un cheval de bàt, dans les ardennes....
Je ne sais pas si à l'epoque les chevaux de taille plus modestes etaient courants, ou si ça ne se faisait pas pour une dame de les monter, on voit beaucoup de photos ou se sont principalement des chevaux de selle de taille, très "sport", d'où mon questionnement.

Dimanche 23 octobre

Enfin, ce fut auprès de M. de Margerie, de M. de Laboulaye, de M. Lefeuve, l'accueil réconfortant et délicieux.



Les heures passaient trop vite à mon gré. Mais je leur garde une reconnaissance infinie de m'avoir si galamment fait oublier mes misères passées …



Et maintenant, songeons au retour. Il faut que je l'accomplisse dans le minimum de temps. Des amis m'attendent à Paris.

Nous entrons dans la période des nuits hâtives et du froid. Il faut se presser

Liti' a écrit:

Certes, mais de là à reinterer l'exploit pour aller jusqu'à Berlin, ça peut paraitre, à nous, (enfin moi!) cavalière lambda, un bien beau pari....
Quand à l'autonomie de la femme en amazone.... Je me pose des questions.... Car de nos jours, avec les petits chevaux, l'etrivière-montoir, et la science moderne des selliers (ainsi que la liberation des moeurs et des idées), je suis sure qu'on pourrait en faire, des choses... Pour exemple Pascaline, qui randonne trois semaines en amazone avec un cheval de bàt, dans les ardennes....
Je ne sais pas si à l'epoque les chevaux de taille plus modestes etaient courants, ou si ça ne se faisait pas pour une dame de les monter, on voit beaucoup de photos ou se sont principalement des chevaux de selle de taille, très "sport", d'où mon questionnement.

Des meneurs allemands réitèrent de temps en temps l'exploit de Gustav HARTMANN en venant de Berlin à Paris ... que font les amazones françaises ?

Gustav HARTMANN, le retour du héros à Berlin en 1928 !

Berlin-Potsdam

... "Par Postdam, Brandenbourg, Genthin, Magdebourg, Halberstad, Bad Harzburg, Seessen, Dassel, Marsberg, Brilon, Meschede, je marcherai, par un temps détestable, brouillard, froid intense ou pluie, sans m'arrêter un seul jour. Il faut aller vite..."



à suivre

Postdam-Brandembourg