L'HUMANITE, 9/2/1933, p2
OU LA LIGUE A TORT,
Qu'on me pardonne cet affreux jeu de mots 1
Et qu'on m'excuse également de citer un texte vieux d'une semaine Mais j'ai de sérieuses raisons d'avoir attendu.
Voici d'abord le texte en question. Il est extrait du « Petit Parisien » du 2 février.
« Auxerre, 1er Février. (Dép. Fournier.)
L'écuyère, Rachel Dorange, partie de Paris pour gagner Monte-Carlo à cheval, a dû s'arrêter aujourd'hui à Charmoy, village situé entre Joigny/ et Auxerre. Son cheval est dans l'impossibilité de poursuivre sa route ; la malheureuse bête bute à chaque pas et a la bouche en sang ; il va donc falloir l'abattre.
Rachel Dorange abandonne sa singulière tentative et compte partir dès ce soir pour Monte-Carlo en prenant un rapide à Laroche.
Rachel Dorange est peut-être une grande dame. Pour ma part, j'ignore ses occupations. Je ne sais d'elle que ce qu'en dit cette dépêche Fournier. C'est déjà pas mal. Je sais pourtant qu'elle a crevé un cheval dans une aventure aussi stupide qu'inutile.
Et si j'ai tant tardé à parler de cette information, c'est que je voulais voir la réaction de la Ligue Protectrice des Animaux devant cette prouesse. Je ne sache pas que la Ligue ait élevé la moindre protestation. Pourtant, n'avait-elle pas là, bonne-femme-Ligue, une occasion unique d'élever la voix ?
Il faut croire que l'auteur de ce glorieux fait d'armes appartient à un monde tabou, au même monde que ces dames patronnesses de la Ligue. Tout s'explique, alors :
Quand ce sont ces braves gens qui « s'amusent » à la façon de Rachel Dorange, on se tait. Comme on se tait sur leurs « amusements » quotidiens qui sont l'exploitation du prolétariat, cet autre animal. indigne de commisération, lui.
Jean-Claude-