Rachel DORANGE

je ne sais pas si ces images permettent de déterminer un type de selle.

En tous cas, pour reparler du modèle suédois, la sellerie Hermès créa une selle qu'elle offrit à Linde KLINCKOWSTROEM pour son retour au pays avec Kastor. Elle effectua d'autres raids à travers toute l'Europe avec cette selle qui est exposée dans un musée en Suède.

Ah tiens, c'est bien de savoir que des cavaliers/cavalières ont fait Paris-Stockholm. Dans le genre, y'aurait pas Paris-Helsinki ?

Linde KLINCKOWSTROEM a bien effectué un Stockholm-Paris, 1599,5 kilomètres, à cheval, en 60 jours et 29 étapes, du 20 septembre au 20 novembre 1926, mais pour le retour de Paris vers Stockholm elle a préféré prendre le train de Paris à Anvers puis le bateau de Anvers à Göteborg avant de terminer triomphalement à cheval de Göteborg à Stockholm-Stafsund (572 klimoètres, 16 jours, 17 étapes).

Puis, elle effectuera notamment Stockholm-Rome en 1928, Rome-Stockholm en 1929 et puis d'autres encore, en repassant par Paris.

Ci-dessous son équipement au musée :

Déjà les embouteillages parisiens en septembre 1927 pour le départ de Rachel DORANGE en amazone vers Berlin :

Le journal EVE, un hebdomadaire complément de plusieurs quotidiens régionaux, relatera, comme un feuilleton, l'épopée de Rachel DORANGE à Berlin

j'aime bcp la photo au milieu de la circulation!

Les premiers kilomètres, Porte Dauphine, Champs-Elysées, Concorde, L'Opéra, Rue de Flandres, furent assez acrobatiques ... elle aura beaucoup de succès auprès des aviateurs en passant au Bourget (elles'était envolée, une dizaine d'années plus tôt, vers Neustadt en Allemagne avec un capitaine d'aviation) ...

Merci pour toutes ces infos!!

Très intérressant ce post,
merci!

Rachel raconte dans EVE :

Pourquoi j'ai entrepris ce voyage ? Le sais-je ? Et demande-t-on à une femme le pourquoi de ses caprices ?
Je me trouvais sur une plage connue. J'y étais avec mon cheval à propos d'un concours d'amazone.
Tout à coup, le besoin me prit de changer d'air, un besoin furieux, soudain, irrésistible. Changer d'air, ce n'était pas rentrer à Paris, c'était aller le respirer dans des paysages inconnus. Trouver du nouveau et ne pas s'arrêter à cette nouveauté. Il me fallait dépenser un trop plein d'activité dans cette fuite du quotidien.

Je résous cela à midi. Justement, dans la soirée, un train partait pour Paris, qui emmenait toute une cavalerie. J'allai voir le chef de gare, trouvai une place pour mon cheval, l'embarquai moi-même. Et me voici à Paris.

Me voici à Paris, ayant accompli le voyage avec Le Huppé, dans son fourgon, et naturellement en amazone. A ce moment, j'étais encore dans l'indécision sur le sens de mon escapade projetée.

Ce fut mon costume qui décida. A me voir ainsi arriver à Paris, en tenue de cheval, je réfléchis soudain que c'était ainsi qu'il m'en fallait repartir. Vraiment, je n'aurais pas eu le courage de m'en aller et de laisser tout seul le « petit cheval ».

Nous étions un dimanche. Le jour même je m'ouvris de mes intentions à quelques amis. Sachant qu'il était inutile, ils n'essayèrent pas de me faire revenir sur ma décision. Au contraire. Ensemble, nous fixâmes les grandes lignes d'un voyage.

Où aller ? Parbleu ! A Berlin. Mais j'avais des amis à voir à Spa. Sur les cartes, un mince trait vert relia donc Paris à Spa, Spa à Bruxelles, Bruxelles à La Haye, La Haye à Berlin.
Le sort en était jeté.

La semaine se passa en démarches indispensables. J'avais quelques emplettes à faire, de l'ordre à mettre en mes affaires. Je savais bien que je partais. Je ne savais pas si je reviendrais, ni ne voulais le savoir.

Le dimanche 28 août, huit jours après ma rentrée à Paris, j'allai en province chercher mon acte de naissance.

Quelle belle collection d'archives!

sacré travail de recherches, et histoire passionnante.. cette femme avait du caractère !

suite du feuilleton :

... Le dimanche 28 août, huit jours après ma rentrée à Paris, j'allai en province chercher mon acte de naissance. Le lundi - on fit vinaigre ! - j'avais mon passe-port. Je devais partir le lendemain, mardi 29 août.
Mardi, 29 août
- Me voici, à 8h30, à la porte Dauphine. A ma selle est suspendue une sacoche dans laquelle se trouvent mes cartes, mes papiers. derrière un petit colis renferme des bas de soie, une robe de dentelle blonde, une robe rose, un pyjama, des pantoufles rouges, une paire de souliers de bal, de la poudre, du rouge.

A droite, dans son étui, un revolver.

Dans ma poche, un petit stylet, cadeau. "Alfred" le pingoin fétiche, brinqueballe, attaché à la bride. On m'a apporté une vieille cravache qui a fait toute la guerre, comme talisman. Et voilà.

J'aurais voulu partir incognito. Seuls quelques amis étaient prévenus.

J'avais demandé aux journalistes dans le secret de ne pas parler de moi avant mon arrivée à Spa ; tant à cette heure je doutais du succès de l'entreprise. Hélas ! le matin même un journal annonçait mon départ et publiait ma photographie.

Puis l'heure choisie n'est-elle pas celle où les Parisiennes et les Parisiens sportifs vont faire leur tour du Bois, à pied, à cheval, en voiture ; artistes et mondaines qui goûtent la pure caresse de l'air frais.

Justement, voilà la gracieuse et blonde vedette de cinéma Paulette Berger. Elle sera la dernière à recevoir mon adieu.

"Bonne chance !" me dit-on
8h30 ! Hop! En avant !

Je me REGALE avec ce sujet!!!! la suite!
Elle me donne des idées Rachel.... oulala! c'est pas bon ça.... Suis fan des cartes IGN et des petits chemins.... suis fan des grands espaces.... suis fan du son des sabots qui marchent au pas... suis fan de la complicité cheval/cavalier....
Faudrait pas qu'une envie de mettre la poudre d'escampette me prenne....faudrait pas que ma cadre me donne d'un coups toutes mes récupérations et que je vide mon compte épargne temps.... Faudrait pas que je descende de ma montagne.... Faudrait pas que je rencontre un petit cheval....Faudrait pas que je trouve une selle et que j'y accroche mes sacoches.... faudrait pas que l'idée me prenne..... oulala! il m'en faut peu très peu!!!
Vite, je redescend sur terre!!!!

C' est passionnant tout ça. Merci de partager avec nous

suite du feuilleton :
"...Je m'en vais dans Paris, au pas.
Je descends les Champs-Elysées, traverse la place de la Concorde, la rue de Rivoli et prends la place Vendôme.

Mais le soleil tape obliquement sur la colonne, et Napoléon, dans sa gloire matinale, fait peur au petit cheval. Le Huppé n'avait jamais vu un grand homme d'aussi près ! Il ne veut rien savoir pour passer. Vais-je terminer là cette aventure, à son début ?

Enfin cela s'arrange. Opéra, Chaussée d'Antin, rue Lafayette, rue de Flandres où le marché bat son plein et où les marchandes des quatre saisons, peu habituées à voir des amazones dans ces parages, me regardent curieusement.

A 10 heures, je passe la porte de la Villette..."

Suite du feuilleton :
"...A 10 heures, je passe la porte de la Villette.

Me voilà sur la grande route ! Et déjà je suis signalée. On est prévenu au Bourget où les aviateurs me font fête, cependant qu'opèrent des photographes venus là pour de tout autres raids que le mien.



A midi, j'atteins la Patte d'Oie de Gonesse. Pied à terre. Un léger pansage à Le Huppé : son, avoine et de l'eau tiède. Je déjeune dans une petite auberge en compagnie d'un ami qui m'a escortée jusque-là.

Je ne suis certes pas fatiguée ; sinon où irais-je ? Mais les émotions, sans doute …
Ca fait quelque chose, un départ...
Et j'éprouve le besoin, le dessert avalé, d'aller faire une petite sieste dans la paille fraîche, à côté du petit cheval..."

suite du feuilleton, fin du 1er jour :

"...A 14h30, redépart.
A 19 heures, l'auberge de la « Bonne Encontre » - le plaisant nom ! - m'accueille au Plessis-Belleville.
"...J'ai fait mes premiers 50 kilomètres au pas, sous la chaleur. Le Huppé a besoin de s'habituer au port des bagages et à l'air vif de la campagne. Tout lui est émerveillement, à cette brave bête.

Naturellement c'est de lui que je m'occupe d'abord. Je me débarrasse de ma jupe d'amazone et de ma jaquette. Je suis donc en culotte de cheval et blouse blanche. Le curieux petit lad que je fais ne manque pas d'exciter la curiosité. Les manches relevées, je lave au savon les balzanes de Le Huppé. Je veux que mon cheval ait de belles guêtres blanches.

J'étais disposée à bien dormir.

Tout à coup, au milieu de la nuit, des bruits me réveillent. Je vais à la fenêtre et vois des gens courir dans la cour, armés de bougies. Ça y est ! Voilà un coup de Le Huppé. S'ennuyant dans cette écurie de fortune, moins confortable que son home parisien, mon cheval a cassé la porte et s'est sauvé. Je descends concourir au sauvetage. Ma monture regagne, de mauvaise grâce, sa chambre.

Bonsoir..."

Grand dieu 50km en une journée ... et moi qui trouve que trente c'est déjà pas mal. je suis décidement une chiffe molle

Moi 40 et je suis cuite! Samba aussi ....mais comment s'organisait elle pour faire boire et manger son cheval? ça bn'a pas du être facile!

2e jour, Mercredi 30 août 1927

Mercredi 30 août. - "... A 7h30, me voici en selle.

Par une route agréable, je gagne Villers-Cotterets à midi.

Un monsieur – qui a fait beaucoup de cheval : que j'en rencontrerai des cavaliers, mon Dieu ! - s'offre de me piloter. Sa grande stupéfaction est que je reste cinq heures à cheval d'affilée. Pas de halte horaire ? Mais alors ? Je ris, parce que je devine bien ce qui l'étonne ; mais il n'ose pas m'interroger précisément sur ce sujet. Il m'apprend qu'il est venu à l'occasion d'un mariage et je suis obligée de lui rappeler l'heure : la mariée doit l'attendre à la mairie.

Je déjeune enfin. Mais voilà-t-il pas que le patron de l'hôtel est aussi un ancien cavalier. Il me le dit cent fois et cela l'empêche de surveiller d'assez près la cuisson de l'entrecôte. Trois curés, hôtes de la même auberge, viennent me présenter leurs vœux.

En route pour Soissons. Cela va être dur à travers la forêt où nous avons à lutter contre des mouches enragées. Le Huppé se montre plein de gaîté. Mais il éprouve un incessant besoin de piaffer et de danser qui ne va pas sans fatigue pour moi.

Voici enfin Soissons, avec ses clochers démantelés, Soissons, une bien jolie petite ville ! Les habitants, avertis par les journaux, m'attendent et me fêtent. Des gosses courent derrière moi. Un petit de quatre ans me regarde, regarde le Huppé et, sentencieux, laisse tomber : « Tu as un bien joli cheval ! » Je l'aurais embrassé follement, ce gosse de goût si je n'avais été aussi haut perchée.

Il m'est assez difficile de trouver un gîte pour le petit cheval. En fin de compte, il hérite une salle de danse non encore achevée, attenante à un garage. Le pansant, je songe à la nuit précédente et me demande quelle singularité il va encore commettre ; Il sera sage, le pauvre vieux ! Attaché à une gouttière il se contentera de hennir tristement toute la nuit.

Un événement : mon premier bain depuis mon départ ! Jamais je n'aurais cru qu'on pût être aussi sale !

Reposée, je me mets ensuite en frais pour cette ville accueillante; je dînerai en robe de dentelles … et pantoufles..."

c' est vraiment passionnant !

3e jour, Jeudi 1er septembre

3... Jeudi 1er septembre.

- Pour cette troisième étape, je me suis assigné une tâche assez lourde; Je veux aller jusqu'à Vervins. Et cela fait 74 kilomètres.

Aussi suis-je tôt éveillée, et à 7h15, nous partons, accompagnés d'autos où se pressent – naturellement – des cavaliers.

Ici, c'est la traversée de tout l'ancien front, la montée du Chemin des Dames. Paysage tout neuf, si neuf que les arbres n'ont pas encore poussé au long des routes et sont remplacés par des pylônes de transport d'électricité.

Il fait moins chaud que la veille, mais Le Huppé est de plus en plus en forme. Il voudrait courir tout le temps. Je suis obligée de le ménager malgré lui, et comme cela le contrarie, il se venge en me secouant beaucoup.

Après une interminable montée, nous touchons Laon à midi.

Le cheval obtient là une réception dont il se souviendra. On l'entoure, on l'admire, et cette admiration se traduit par un gavage de sucre.

Je déjeune dans un petit café. J'y suis relancée par la marchande de journaux d'en face qui me fait signer des cartes sans arrêt. Elle m'avoue sincèrement d'ailleurs que c'est pour les vendre et en tirer, naturellement, un honnête bénéfice. Cela me mène jusqu'à 15 heures.

Trois petits garçons à bicyclette vont m'escorter. J'ai pitié de l'un d'eux qui a enfourché le vélo paternel et suit difficilement le train : je m'attarde à l'attendre.

J'ai changé d'idée et je voudrais m'arrêter à Marles : je trouve que c'est suffisant. Mais mes trois petits diables ne pensent pas ainsi. Comme nous nous arrêtons pour boire de la bière, - je ne descends pas, naturellement, de mon cheval, - mon escorte rafraichie, me supplie d'aller jusqu'à Vervins ! Allons-y !

Nous prendrons seulement, à 8 heures du soir, la ville rose.

Et ce sont toujours les mêmes ennuis touchant le logement du petit cheval. On le fait entrer dans une pièce basse encombrée de charbon. Je suis obligée de lui préparer la place d'un lit. Pas de fourrage. On va chez le boucher acheter le foin et l'avoine nécessaires.

Les soins de tous les jours, puis le dîner et le repos bien gagnés. 74 kilomètres dans la journée, ça compte quand même !..."

Passionnant! Merci pour toutes ces recherches et en plus prendre le temps de partager avec nous...

Et en plus, en ce début de voyage, la grande dame est passée dans ma région... Soissons, Villers-Cotterêts, c'est à 10 min de chez moi......

Merci pour vos encouragements à poursuivre le feuilleton !

Vos réflexions d'amazones conteporaines quant à la performance oubliée de votre collègue Rachel DORANGE, amazone vagabonde des Années folles m'intéressent beaucoup.

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