Rachel DORANGE

à suivre si vous le voulez sur un autre post !Elle ne sera plus une amazone à cheval mais une "cali", ça risque le hors-sujet !

Ayant rencontré la semaine dernière à Châteauroux Mr BOUGAREL-CAMPS, 90 ans, ancien maître de manège et comme Rachel DORANGE, élève de Armand CHARPENTIER, celui-ci m'a prêté un livre introuvable où un court chapître rappelle qu'il a formé des amazones :

extrait de CHARPENTIER Armand, 1946, Les Soirées de L’Etrier , Plume et Presse, Paris. p.203.

JAMES FILLIS

POSITION DE L’AMAZONE

« Comme on ne monte plus, heureusement pour les femmes et pour les chevaux, dans cette position gracieuse mais anormale, je ne discuterai pas les principes de Fillis qui sont tout l’opposé de ceux que j’ai pratiqués et vu pratiquer à une époque où il n’y avait pas une femme sur cent qui montât à califourchon, époque où moi-même je montais journellement en femme pour mettre des chevaux d’amazone au point, pour la chasse ou pour la promenade. »

Mon exemplaire des soirées est en piteux état, du coup j'hésite à l'ouvrir! Je crois qu'il évoque aussi les reprises d'amazones de l'Etrier!

Pour en revenir aux dresseurs qui préparaient les chevaux de dames, cela se faisait encore au début du XXème siècle. Nuno Oliveira l'a fait lorsqu'il était jeune. Il racontait qu'il mettait une couverture sur ses jambes car il n'était pas question qu'il ait l'air d'une personne de sexe féminin!

Crafty lui évoque dans un ouvrage la nécessité qu'il y a d'avoir à la campagne la dresseuse à la mode pour préparer au mieux les chevaux de dames des invités. Ce passage m'avait bien plu!

Exact Mundial pour la reprise d'amazones à L'Etrier !

Conserve bien ce livre introuvable sur le marché. J'y lis page 18à propos de la Société de L'Etrier :

"... Parmi les présentations civiles (dames), M. Vivenot, directeur du manège Dassonville a remporté la coupe-challenge offerte par l'Etrier au manège présentant trois années de suite (1922-1923-1924) une reprise d'amazones (l'Etrier et la Société hippique française n'admettaient pas encore à cette époque la monte en homme).

Le reprise de M. Vivenot comprenait 18 dames ou jeunes filles, elle était divisée en deux ; la première commandée par Mlle de Murat et l'autre par Mlle Delahaye. Cette manifestation équestre eût un tel succès que la Société hippique française demanda à M. Vivenot de présenter sa reprise dans une matinée au Grannd Palais.

C'était probablement la dernière fois que l'on pouvait admirer un groupe aussi important de dames et de jeunes filles montant en amazone d'une façon aussi gracieuse et élagante."...

Question idiote! A quelle date, la revue plaisirs équestres a-t-elle commencé? As-tu une idée? Je dois avoir quelques exemplaires au grenier, mais pas très anciens. Je pense naturellement à d'éventuelles photos d'amazones!

J'ai le n°2 qui est de MAI-JUIN 1962, revue bimestrielle, 2NF75 !

pour les Années folles (1920 et +) c'est Le Sport Universel Illustré qu'il convient de consulter.

Merci et pour les renseignements et pour la photo! Quelle merveille!

suite, en 1923 (Sport Universel Illustré,13 avril 1923, p.233

LA FETE DE L'ETRIER

..."Puis, pour terminer la partie "haute école", nous avons eu le plaisir de voir en selle Mme de FREY, une charmante amazone aussi jolie que correcte et bien placée à cheval. elle a fait faire à Galoub, un idéal fils de Fifre II, un travail très serré avec un chic et une précision parfaits.

Tour à tour, les appuyers, le passage, le pas espagnol, les changements de pieds ont été exécutés par elle avec une maestria digne des éloges les plus mérités..."

En parcourant les journaux d'époque Mme de FREY semble défrayer les chroniques car elle ose monter à "cali" ...

... "Si la haute école a tenu une place importante dans la soirée de L'Etrier, le travail d'ensemble n'a pas été oublié.

Dix-huit charmantes jeunes filles - bien en selle- sur des chevaux bien dressés et en excellent état, ont fait sans une erreur, sans une hésitation les figures de manège les plus harmonieuses et les plus difficiles.

La moitié de ces amazones avaient à l'épaule un flot de ruban vert, l'autre moitié un flot orange et le mélange des deux couleurs se croisant, s'accompagnant, se séparant pour se rejoindre était du plus harmonieux effet.

Il convient de féliciter M. Vivenot, du manège Dassonville, qui a su mettre au point une aussi élégante reprise..."

Toujours en feuilletant la presse de1923 :

Un Drag de "l'Etrier" à Saint-Germain

"... Nombreuses sont, chaque année, les manifestations hippiques organisées par l'Etrier" ; ses soirées équestres remportent toujours de très beaux succès, dont tout l'honneur revient à son dévoué Comité. Son équipage de drags est une heureuse innovation qui place cette Société à la tête, tant de l'équipage d'extérieur que de l'équitation de manège..."

Au coeur de la photo ci-dessous, Melle MOREAU, qui monte à "cali", une vedette du saut d'obstacle de l'époque ...

Le Sport Universel Illustré

n°1167, 10 juillet 1925 p.451

L'ETRIER

Dans son charmant manège de la Porte Dauphine, le Cercle de l'Etrier vient, à quelques semaines de distance, d'offrir aux fervents du cheval deux soirées de gala ...la fête du 18 juin obtint, cette année, un succès exceptionnel.

Le spectacle fut varié. Là, pas de concours. De charmantes jeunes filles évoluèrent devant les tribunes archicombles... une gracieuse amazone exécuta les airs d'école les plus difficiles... tandis que, pour terminer, des amazones intrépides escortées de cavaliers réputés franchirent les haies avec ensemble et brio.

La reprise commença par une reprise d'amazones dirigée par M. Vivenot, du manège Dassonville. On ne peut faire mieux. Mme Debauge, Mlles de Murat, Sauvagnac, de Beauregard, de La Grange, de Saporta, Gouin, Pissard, Vanuxem, Fogt, Barki, Sauvagnac, Miral, Vanuxem, Vieil, Caslot, Thébault, Allez évoluèrent merveilleusement en deux reprises, montant des chevaux en bon état et fort bien mis. Puis, M. Vivenot nous fit encore admirer ses élèves : Mmes Debauge et Hoffmann, Mlles Azaria, de Murat, Miral, Fogt et Caslot dans des sauts de haie fort bien réglés...

Mme de Frey est une amazone qui monte avec une correction parfaite et une science très grande. C'est une habituée des séances de l'Etrier où son talent est toujours apprécié.... Elle a exécuté à la perfection des airs savants tels que la pirouette sur trois jambes (jambette tenue) et des changements de pied rapprochés au galop, ce qui est très difficile et très méritoire pour une amazone...

et c'est dans le même numéro du Sport Universel Illustré du 10 juillet 1925 que Rachel DORANGE fait son apparition médiatique au Concours de la plus belle amazone de Paris rempoté par Mme d'Orville en cet an de grâce 1925 !

Le Sport Universel Illustré du 25 juin 1926, n°1217 rapporte le "Concours de la plus Belle Amazone" organisé par le journal "La Liberté" dirigé par Armand Massard, par ailleurs futur président du CNOSF.

Sur cette photo, on peut reconnaitre Rachel DORANGE "groomée" par Armand MASSARD qui sera encore l'organisateur des "tentatives de Raids hippiques féminins" Paris-Cannes 1928 et 1929.

Il était aussi champion olympique en escrime et conseiller de Paris. Son père l'avait été aussi, ainsi qu'homme de lettres avec plusieurs ouvrages sur les "espionnes" dont Mata-Hari pour qui il fut réquisitionné comme militaire pour son exécution !

Armand Massard évoquera Rachel DORANGE dans ses mémoires intitulées "Faits et méfaits"...

"Le soleil, ce grand magicien qui avait bien voulu prêter son éclat au Concours de "la Plus Belle Amazone" organisé par notre confrère "la Liberté".

Cette fête eut lieu au Bois, dans l'Allée des Poteaux, au long de laquelle se pressait une foule élégante.

On applaudit particulièrement Mlle Grelot, en amazone d'un bleu hardi ; Mme Jeanne Provost, portant une amazone brique d'une seule pièce ; Mlle Molitor qui montait en amazone classique, chapeau melon, cravate de chasse, tenue gris clair, une fort belle jument grise.

Vingt-huit concurrentes prirent le départ. Le baron du Theil, qui présidait le jury, proclama les résultats suivants :

1er prix, Mlle Molitor

2e prix,Mme Dorange

3e prix, Mlle Longuerue

4e prix, Mme Pratt

5e prix, Mme Boulter

6e prix, Mlle Joly

Accessits et flots de rubans : Mle Grelot, Mme Doris, Mme Jeanne Provost, Mme Moniotte, Mlle Ristermucci.

En 1927, Rachel DORANGE réapparait dans le Sport Universel Illustré à l'occasion d'une fête au manège sis 53 rue de Passy, repris par le Capitaine Ollivé, champion de CSO, en la suite de Armand CHARPENTIER :

"... plusieurs numéros de haute-école figuraient encore au programme. M. de Pradel, sur Noé ; Mlle Dorange, sur Le Huppé ; M. du Serre-Telmont, sur Ourcq, firent applaudir leur belle tenue et leur science équestre..."

Sur la photo, on peut reconnaitre Le Huppé dans le coin du manège.

Excuse : erreur pour M. Olivé, rien à voir avec un champion de CSO. J'ai confondu avec M. Clavé !!!

Toujours en 1927, Rachel DORANGE réapparaît dans Le Sport Universel Illustré du 1er juillet 1927, n°1270, à l'occasion des "Présentations de L'Etrier :

"... Mlle Dorange, charmante amazone bien en selle, a présenté son jloi cheval Le Huppé, qui possède des airs d'école fort corrects. Elle a montré aussi son intrépidité en faisant faire à son cheval plusieurs cabrers impressionnants.

M. Charpentier apparut ensuite sur une jument anglo-arabe, Jaffa ..."

Remarque : Elle est présentée sur la photo comme propriétaire de Le Huppé. Elle n'en était pas propriétaire et ce n'est pas Le Huppé sur cette photo

Toujours en 1927, après le Manège Olivé, L'Etrier c'est maintenant l'original Cirque Molier qui fait les honneurs à Rachel DORANGE :

"...Le 2, le 4 et le 6 juillet, ont eu lieu les classiques représentations du fameux cirque d'amateurs...Enfin, une originale innovation du jeu de la rose nous fut offerte per le capitaine Courtois, M. de Volpelières et Mlle Dorange, une nouvelle élève de Molier, dont les lauriers de Louisa Lankast, de Miss Paquerette et de tant d'autres centauresses célèbres du cirque Bénouville*, doivent troubler les rêves.

Ecuyère et hardie, Mlle Dorange, au jour proche du cinquantenaire de la piste mondaine, sera certainement l'étoile de la jeune classe..."
Sport Universel Illustré, 08/07/1927 p.502, par Henry THETARD

* Bénouville : du nom de la rue dans Paris 16e.

Rachel DORANGE, à gauche, et ses partenaires

Je suis émerveillée par la quantité d'archives iconographiques trouvées!

Bonjour erosml,

J'ai vu aussi ton site. Ci-dessus une photo d'une amazone plus célèbre que Rachel dont tu vas certainement savoir dire le nom.

Elle participait avec Rachel DORANGE au même évènement, au Cirque Molier, en 1927 ... je pense que Rachel pouvait être sa doublure ou son élève et j'ai bien d'autres photos de cette dame !

Il y a aussi des témoignages :

Si, Indre-et-Loire, tu n'habites pas loin de Châteauroux je peux te présenter un maître de manège de 90 ans, bon pied bon oeil, Jacques BOUGAREL-CAMPS, élève de Armand CHARPENTIER, qui a dirigé le Manège Olivé dit Manège de Passy et qui y dressait les chevaux dans les fourches pour les amazones qui allaient au Bois...

Blanche Allarty-Molier?

Oui ! Bravo !