Rachel DORANGE et les Paris-Cannes féminins

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A Autun :[img][/img]

PARIS-CANNES A CHEVAL
Miss Gaïatry augmente encore son avantage à la cinquième étape
Avalon, 27 Fév.
- Les vaillantes amazones poursuivent méthodiquement leur longue route. Miss Gaïatry, la mystérieuse petite danseuse hindoue est en tête du peloton : elle a trois heures d'avance sur Miss Cody qui a la seconde place avec Mme Mary Féraud. Mlle rachel Grossi légèrement handicapée par un petit accident survenu à son cheval vient ensuite, suivie d'assez loin encore par la vaillante Mme Lenoire qui s'efforce de rattrapper son regard initial et tente d'atteindre Autun, prochaine étape.

Miss Gaïatry mène le raid féminin.
Rattrappée à Autun par Mme Mary Féraud et Miss Cody, elle a pu s'échapper de nouveau.
Autun, 28 Février
- Après le véritable coup de théâtre qui s'est produit hier, après l'effort considérable fourni par Mme Mary Féraud et Miss Cody, effort qui leur permit de rejoindre la fuyante danseuse hindoue à Autun, nouvelle surprise ce matin : Miss Gaïatry s'est à nouveau "échappée".
En pleine nuit, à 8 heures du matin, bien encapuchonnée dans son vaste manteau caoutchouté, la minuscule poupée d'Orient a, sous une pluie battante, enfourché son grand cheval rouan se dirigeant à grande allure vers Mont-Saint-Vincent.
Les concurrentes immédiates, Mme Mary féraud et Miss Cody n'ont quitté Autun que plusieurs heures après elle, la première à 8 heures et la seconde à 11 heures seulement. Mlle Grossi se dirige vers Autun suivie de Mme lenoire qui continue vaillamment à rattrapper son handicap.

Passionnant ! merci

Par contre je suis intriguée ou j'ai raté un épisode... on les appelle les amazones, mais sur les photos, elles sont à califourchon semble-t-il ?

Oui,vanes30, "on les appelle les amazones" et j'ai en réserve quelques articles qui illustrent le débat sémantique de cette fin des Années folles et démontrent que la tribu mythique des Amazones montait "à califourchon".

C'est le côté montée en puissance des femmes, "woman-empowerment", comme dans le mythe des cavalières de combat qui est intéressant dans ce phénomène de société "raids féminins"car en 1928, avant la catastrophe économique mondiale de 1929-1930, les revendications pour le vote des femmes traversaient l'Europe ainsi que les prémices de l'ONU et de l'Union Européenne avec Aristide BRIAND, STRESSEMANN, KELLOGS.

Il faut garder à l'esprit les débats "féministes" et "pacifistes" de cette courte période de l'interbellum pour comprendre le pourquoi de ces initiatives de liaisons à longue distance, postmodernes car déjà train, automobile et avions (1927, traversée de l'Atlantique d'Ouest en Est par Lindberg) et même les vélocipèdes jetaient les chevaux dans les coulisses de la patrimonialisation.

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Quelques années après ce premier raid féminin Paris-Cannes 1928, l'instigatrice Mary Féraud, à travers le défi lancé à Rachel Dorange, raconte ses déboires qui causèrent son abandon dans l'étape bourguignonne que nous venons de parcourir !

Elle se vengera de ce coup du sort en organisant dans le semestre un Raid "Paris-Deauville comme autrefois", en gagnant une course de trot à Flers-de-l'Orne, en effectuant un raid Paris-Rome en solitaire et en "gagnant" la deuxième édition du Paris-Cannes en 1929. Elle a commis deux ouvrages introuvables ou presque :

Mary FERAUD, 1935, Stuart cheval raconte, Nouvelle province littéraire, Moulins, 128p., p.45
Cheval de raid
"Je ne dirai rien de ce premier raid, dont on a tant parlé, et que je dus interrompre à Mâcon, souffrant atrocement parce qu'un maréchal avait supprimé trop de corne à mes sabots.
Pas de pieds, pas de cheval..."

Mary FERAUD , 1933, Une femme de cheval, Verdier, Saint-Etienne, 236p., p.77.
"... Te souviens-tu, mon bon gros, de tous les souvenirs amers qui nous lient ?

Te souviens-tu de la minute tragique, atroce, inoubliable, où tu sortis de la maréchalerie de Saulieu complètement estropié ???

Toi si brillant, si beau trotteur à midi en arrivant à Saulieu..., à quinze heures, un maréchal ignare en t'enlevant un centimètre de corne t'anéantissait... t'immobilisait pour dix mois au moins...

Ô science hippique, que n'es-tu là toujours pour présider aux mouvements des hommes, alors qu'un geste maladroit peut coûter cher ?...
L'animal essentiellement délicat ne doit être manié qu'avec toute la savante délicatesse des hommes de l'art ...

Quelle triste route nous fîmes jusqu'à Autun d'abord, alors que tu ne savais où poser tes pieds douloureux !

Et puis jusqu'à Cluny quel calvaire ce fut pour moi de marcher à tes côtés, d'entendre de temps en temps s'exhaler de ta bouche un souffle de douleur aiguë...

Pauvre toi cheval, être essentiellement silencieux, qui ne sais pas crier dans la douleur physique, et qui hennis seulement dans la joie ou l'attente ou l'anxiété.
Je sentais dans mon cœur vigilant le heurt de tes pauvres pieds sur un caillou, et à regarder tes grands beaux yeux expressifs chargés de tristesse et de souffrance les miens se remplissaient de larmes...

Nous allâmes ainsi jusqu'à Mâcon, mais là tu ne pouvais plus marcher du tout, alors la commission de remonte m'incita à ne pas continuer... J'écoutai cet avis, me promettant bien de prendre ma revanche plus tard !!! "

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Merci beaucoup pour ton explication et pour les articles !

Je les trouve très interressant car ils évoquent les problèmes engendrés par la monte en amazone sur les chevaux, à une époque où justement on avait le recul nécessaire pour le faire au mieux.
Peut-être est-ce pour ces raisons que la monte en amazone a progressivement disparue...

Autre réflexion, mais l'article a été rédigé après l'arrivée, qui, lui, veut démontrer l'intérêt "patriotique" de l'équitation par les dames en France. Ca se discutait ! :

LA FEMME A CHEVAL, LES CHEVAUX ET LE SPORT HIPPIQUE
Ouest-Eclair, 1928 03 21

Le raid Paris-Cannes, qu'ont accompli, ces jours derniers,- quelques femmes de sport, a fait renaitre une vieille controverse sur la question de déterminer le genre de selle auquel -pour monter à cheval - les femmes doivent accorder la préférence Et, dans l'Ouest-Eclair, le sujet a été traité avec une égale compétence par deux personnalités dont les arguments, toutefois, aboutissent à des conclusions diamétralement opposées.

Le signataire de la première de ces thèses se basant surtout sur des considérations d'hygiène, d'anatomie et de physiologie féminines, préconise l'équitation « assise ».
L'auteur de la seconde, étayant sa manière de voir sur les inconvénients de la méthode « assise » tant pour l'amazone que pour sa monture, n'admet que la monte « à califourchon ».
Le terrible, dans l'affaire, c'est qu'ils ont raison tous les deux.
Alors ici comme ailleurs, la vérité est dans le juste milieu.

Sans vouloir diminuer en rien le mérite des vaillantes écuyères qui viennent de faire preuve de tant d'endurance et de tant d'énergie, on peut admettre que l'exploit qu'elles ont accompli doit être considéré comme un fait exceptionnel et qu'il ne doit pas constituer la première manifestation d'une forme nouvelle de l'activité sportive des femmes.

En envisageant strictement les choses sous leur vrai jour, aucune nécessité, dans la vie normale des femmes, n'oblige celles-ci à faire de telles randonnées.

Le rôle de la femme, dans la vie, ne consiste pas à accomplir les travaux qui incombent aux hommes. La femme a pour fonction essentielle, et sans que rien puisse aller contre d'avoir des enfants et de les élever. C'est ce qu'ont fait magnifiquement les Françaises d'avant 1914 qui ont mis au monde, élevé et donné au pays la pléiade de héros connus et inconnus qui l'ont sauvée.

Est-ce à dire que la femme ne doit pas monter à cheval ? - Pas du tout.

Entre l'usage et l'excès, il y a de la marge. Et s' il n'y a pas nécessité que les femmes courent continuellement les grandes routes à cheval ou autrement — ce qui serait une bien piètre préparation à leurs devoirs futurs — rien ne s'oppose à ce qu'elles fassent du sport dans la mesure compatible avec leur nature, leur santé et leur rôle social.

De ce point de vue, la promenade, l'excursion, le tourisme à cheval, la chasse, le rallye, voire l'épreuve de concours hippique, ouvrent un champ suffisamment vaste à leur besoin d'exercice et de grand air.

Pour cela est-il bien nécessaire d'unifier le modèle des harnachements, comme s'il s'agissait d'organiser des escadrons d'amazones ?

Dans cette conjecture, trop de femmes, depuis, des années, ont utilisé et utilisent brillamment et sans dommages pour elles ou leurs montures, la selle dite d'amazone, pour qu'on puisse, raisonnablement en condamner l'usage.

Tout récemment encore, Mlle Dorange, dans ses excursions à travers la France et son voyage Paris-Berlin-Paris, a prouvé qu'avec la selle d'amazone on peut aller loin et longtemps.
L'outil, quel qu'il soit, ne vaut que par celui qui l'emploie.

Il semble donc que, dans les conditions ordinaires, tant que la petite fille n'est qu'une gamine, on peut, si l'on veut, la faire monter à califourchon. Du jour où elle commence à devenir une femme, qu'elle monte en selle d'amazone, sans chercher à accomplir des exploits qui ne sont, pour elle, d'aucune utilité pratique et qui risquent de compromettre sa santé.

Quant aux femmes qui, animées du feu sacré, s'adonnent intensivement à la pratique du sport hippique, sous toutes ses formes, leur propre expérience s'ajoutant aux avis des maîtres, doit leur inspirer le choix du genre de harnachement qui, suivant les circonstances, convient le mieux à elles-mêmes et à leurs montures.

Malgré le réel intérêt que présente le choix d'une selle pour l'équitation féminine, malgré l'opportunité, indéniable en la circonstance, d'un débat à ce propos, on peut considérer, qu'en raison de la grande publicité qui a été faite au raid Paris-Cannes ce n'est là que des petits côtés de la question qui la brusquement remise en évidence cette originale compétition : la question hippique.

Quelques que soient les mobiles qui ont provoqué le raid, où a si bellement triomphé Mlle ... , ce qu'il faut en retenir, avant tout, c'est la belle performance, accomplie sans préparation spéciale et dans des conditions peu favorables pour eux, par des chevaux de provenances différentes et montés par des femmes peu expertes en matière de courses de résistance.

C'est donc vers les suites utiles et durables que pourrait et devrait avoir ce match improvisé qu'il convient de porter les vœux.

L'arrivée sensationnelle des concurrentes n'a excité l'intérêt des hivernants de la Côte-d' Azur qu'à titre d'attraction inédite offerte à leur curiosité. Il y a tout lieu de craindre, en tout cas, que cette course à la mer d'un nouveau genre n'ait retenu que pour un moment, bien fugitif, l'attention bienveillante d'un public aussi indifférent qu'incompétent et versatile, sur le véritable artisan de cette manifestation retentissante : le cheval, cet excellent animal, si injustement et si maladroitement délaissé en France.

Et cependant, la tentative, si gaillardement entreprise et si allègrement poursuivie par quelques jeunes femmes, aurait une portée considérable, à tous les points de vue si elle pouvait attirer nos jeunes hommes vers le sport hippique et toutes les applications pratiques qu'il comporte. Si surtout elle pouvait exciter l'émulation de la jeunesse mâle de nos régions d'élevage et l'inciter à s'adonner à la pratique journalière de l'équitation dans la vie courante et au tourisme à cheval.

Est-il meilleure école que l'équitation de tous les jours, pour un futur éleveur, qui peut, ainsi, se rendre compte par- lui-même de la valeur des produits due aux efforts de ceux dont il est appelé à continuer l' œuvre, et des améliorations à apporter aux méthodes qu'ont appliquées ceux-ci ?

Le fait, pour des groupes de ces jeunes gens (groupes, dont ne seraient pas exclues les amazones), de gagner à cheval, une ou deux fois l'an, les pays étrangers, par étapes soigneusement préparées et exécutées, et de présenter leurs chevaux à des personnalités compétentes de Rome, Bruxelles, Bucarest, etc.. constituerait certainement, pour notre élevage, la propagande la plus efficace qui puisse être.
Et en même temps la préparation et l'accomplissement, de ces courses de longue haleine prouveraient, à ceux qui y prendraient part, une somme de connaissances de toutes sortes que ne pourrait jamais leur faire acquérir les voyages en automobile.

Peut-on imaginer un meilleur moyen que ces pratiques équestres pour faire prospérer notre élevage de chevaux de sang et pour reconstituer — avec des éléments de choix — notre malheureuse cavalerie, si profondément anémiée ?
Certes, nous possédons une magnifique élite de cavaliers hors de pairs, dont l'éloge n'est plus à faire. Mais, quelle que soit leur valeur, ils ne sont que des chefs de file. Où est la multitude de ceux qui devraient se presser sur leurs traces ? Le geste viril de quelques « faibles » femmes fera-t-il le miracle de forcer nos jeunes compatriotes à regarder loin devant eux et à se préparer, tout en utilisant, pour la richesse du pays, toutes les ressources dont le Ciel les a si généreusement dotés à parer à toutes les surprises que peut leur ménager l'avenir.

H. V.

TENTATIVE PARIS-CANNES
PARIS, 25 février. — Les quatre concurrentes : Mmes Mary Férâud. Cody; Mlles Gaïatry et Grossy, parties de Paris avant-hier matin, ont passé la nuit à Sens. Mlle Gaïatry en est repartie à 5 heures ce matin, alors que ses trois rivales ne quittèrent l'étape qu'une heure plus tard. Le soleil brillait vers huit heures et à 10 h. 90, les quatre cavalières avaient passé Joigny.

Mlle Eddy Wed, rentrée hier à Parts, est au lit avec une fièvre violente, mais son état n'inspire aucune inquiétude. Mme Lenoire, qui a repris à Chârtrettes la jument Love Set, devenue disponible, s'est arrêtée hier à la tombée de la nuit à Montereau.

Auxerre, 26 février. —
Mlle Gaïatry est arrivéé à Auxerre, le Vétérinaire Cliquet, trouvant son cheval en bon état l'a autorisée à pousser plus avant aujourd'hui. Mme Cody et Mlle Grossi, cheminant de concert, la suivent à deux heures environ, précédent d'une heure à peu près Mme Mary Féraud qui, à Joigny, a changé sa selle un peu lourde contre une plus légère, que lui prête un officier d'artillerie.

L'Indoue Miss Gaïatry poursuit la randonnée Paris-Cannes sur son cheval rouan
Paris, 26 février. — Partie à l'aube de Champs, où à neuf kilomètres d'Auxerre, elle a passé la nuit, elle cherche à augmenter son avance aujourd'hui. Miss Codly conduit avec méthode la jument tarbaise Love sans se laisser impressionner par les performances de ses rivales. Elle a quitté ce matin, en superbe état, Auxerre à 5 h. 45 pour Avallon, ainsi que Mme Mary Féraud. Celle qui, rappelons-le, a lancé le défi, est seule à en observer les conditions totales. Elle n'a encore autorisé personne à toucher son cheval aux étapes et elle panse Stuart.
Le commissaire général, le vétérinaire Cliquet, n’a pas craint de suivre les recommandations de sagesse du comité. Il a fait « une peine légère » à Mlle Grossi, en lui imposant 24 heures d'arrêt. Le gris Yarmouth a eu la malchance de ra avaft hier soir iè raernihie antérieur gauche un peu engourdi. Mme Lenoir, qui a repris Love-Set, la jument de pur-sang de Mlle Eddy Wed est une femme peu ordinaire. Avouons que depuis plus de dix ans elle ne s'était pas mise en selle. Elle a pour sa rentrée fait neuf kilomètres vendredi, de Chartrettes à Héricy ; et hier 56 kilomètres jusqu'à 17 h. 30. Elle s'arrêtait pour coucher à Gourion avec l'espoir de gagner Auxerre cet après-midi.
Les prochains contrôles vétérinaires sont : Avallon (52 km d'Auxerre) : Liernais par Saulieu) (45 km d'Avallon) ; Autun (par Bar-le-Régulier, Bernay-Des-sous, Cordesse et Dracy-sur-Loup, .36 km de Liernais).
Miss Gaïatry, arrivée à 10 h. 25. est repartie pour Saulieu à midi et demi : elle doit s'arrêter là cette nuit. Fraîche et dispose, miss Cody s'est présentée à11h15, précédant d'environ 2 heures Mme Féraud qui, à Vermenton, a déjeuné après avoir assisté à la messe. Mme Lenoir est signalée approchant assez vite d'Auxerre, elle avait couvert ce matin 27 kilomètres entre 8 heures ...

TENTATIVE PARIS-CANNES A CHEVAL
Ouest-Eclair

PARIS, 27 février. — Malgré la réelle endurance de Miss Gaïatry, il est impossible de préjuger encore des résultats. La caravane féminine s'est quelque peu étirée sur l'itinéraire fixé, mais cet allongement a pour causes des raisons qui n'ont encore rien à voir avec la valeur réelle des chevaux ou des amazones. Mlle Grossi, arrêtée à Auxerre, par la prudence du vétérinaire commissaire général et Mme Lenoir, durement handicapée par son retard de 37 kilomètres, se trouvent actuellement en arrière : Mlle Grossi est repartie d'Auxerre ce matin, un peu avant cinq heures et sera très probablement rejointe au cours de la journée par Mme Lenoir. Mme Marie Féraud et miss Cody sont parties ensemble d'Avallon. ce matin au petit jour et ont été vues à Saulieu vers mue heures, 1 précédées de loin par miss Gaïatry qui avait couché, à Rouvioy et qui a passé le contrôle de Liernais. ce matin, à 8 h 25. L'excellent état de son cheval, a permis au vétérinaire de lui donner l'autorisation de poursuivre sa route. Il est à présumer qu'elle atteindra Autun dans la journée, ayant gagné sur ses concurrentes les plus rapprochées l'avance d'un contrôle.
On ne saurait encore donner de pronostics concernant l'issue de cette tentative.
On peut remarquer, cependant, que le moral dont l'influence est prépondérante en matière sportive, va commencer à jouer son rôle. L'état physique des chevaux et des cavalières doit leur permettre de mener à bien leur entreprise surtout sous la constante surveillance exercée sur l'état des chevaux: mais nul ne peut prévoir l'influence sur le résultat final du découragement possible d'une concurrente trop isolée du lot de tête.
Les prochains contrôles vétérinaires sont : Autun à Mont-Saint-Vincent (par Broyé. Charmoy. Blancy. Montceau-les-mines-Marigny. Mont-Saint-Vincentl. soit 53 kilomètres et Mont-Saint-Vincent à Maçon (par Cluny), soit 50 kilomètres.

TENTATIVE PARIS-CANNES A CHEVAL
Ouest-Eclair
PARIS, 28 février. — La tentative Paris. Cannes se poursuit dans d'excellentes conditions qui provoquent l'étonnement du public sur tout le parcours. Miss Gaïatry continue à tenir la tête suivie de près maintenant par Mme Marie Féraud et Miss Cody,
Voici la situation des concurrentes depuis hier soir : Miss Gaïatry a signé au contrôle d'Autun hier à i(j heures et en est repartie ce matin à 3 heures. Miss Cody arrivée à ?0 heures, est repartie ce matin à H heures, et Mme Marie Féraud, arrivée à 24 heures, est repartie à 8 heures ce matin. Pendant ce temps, Mlle Grossi arrêtée 24 heures par ordre du vétérinaire, commissaire général, passait à Liernais et signait au contrôle à 9 h 30 et Mme Lenoir était ce matin encore à Avallon. Un arrêt de 24 heures effectives est prévu et sera imposé pour la journée de jeudi a toutes les concurrentes qui devront en conséquence rester à l'étape de mercredi soir, quelle qu'elle soit, jusqu'à vendredi matin. Exception pourra être faite peut-être pour Mlle Grossi, dont l'arrêt de 24 heures a déjà eu lieu à Auxerre, imposé par le vétérinaire; il est possible que cet arrêt soit alors transformé en pénalisation. Mme Lenoir, en retard de Si heures pour une raison qui ne peut la mettre en cause, est autorisée à continuer sa marche pendant la journée de jeudi. Il est important, en effet, de conserver avec prudence à cette épreuve le caractère touristique qui la différencie du véritable raid. Les deux contrôles suivants sont Mâcon à Trévoux, soit 51 kilomètre et Trévoux à Vienne, soit 40 kilomètres.

TENTATIVE PARIS-CANNES A CHEVAL
Ouest-Eclair
PARIS, 29 février. — La journée de demain, jeudi premier mars, sera consacrée en entier au repos. Ce repos est nécessaire, si l'on veut faire la comparaison avec les marches des troupes de cavalerie menées d'après un règlement auquel on ne peut refuser d'être établi sur les données de l'expérience. Il n'y a donc lieu que d'applaudir à la décision, prise par la Commission de préparation et de contrôle d'imposer un repos complet depuis l'arrivée à la couchée de ce soir mercredi, jusqu'à vendredi matin 2 mars.
La situation des concurrentes est la suivante : Miss Gaïatry, partie d'Autun, hier, à 3 heures du matin, était à Marigny, à 17 heures, soit 82 km. dans la journée. Mme Marie Féraud arrivait le même soir à Blanzy, et miss Cody, après avoir quitté Autun, à 11 heures du matin, la doublait et quittait à St-Vincent. Mlle Grossi arrivait ce même jour à Broyé (12 km environ ou delà d'Autun) et Mme Lenoir réussissait à approcher Saulieu. .. Ce matin, à 2 h. 45, miss Gaïatry montait à cheval et elle atteignait Mâcon, à 7 h. 45, en direction de Dompierre, avec
( sur-Saône, à 456 kilomètres de Paris et à mi-chemin de Cannes. A 5 heures ce matin, Mme Marie Féraud et miss Cody se sont remises en route, avec un retard d'environ 70 kilomètres sur miss Gaïatry. Mlle Grossi est à 40 kilomètres en arrière et Mme Lenoir, à 90 kilomètres.
Nous apprenons télégraphiquement que cette dernière concurrente est passée à Liernais ce matin, à 8 heures et en est repartie aussitôt en direction d'Autun.
Mme Lenoir n'est pas fatiguée et Love Set est plus fraîche qu'au départ. Mme Lenoir compte toucher Mâcon demain, dans la journée.

CLUNY, 29 février. — Mme Féraud et miss Cody, sont arrivées à Cluny à midi et sont reparties peu de temps après, pour Mâcon. Mlle Grossi couchera ce soir à Cluny.

VILLENEUVE, 29 février. — Miss Gaïatry, est passée à 14 h. 15, à Villeneuve, se trouve donc à proximité de Trévoux, où elle doit coucher. La route est rendue mauvaise par le débordement récent de la Saône.

LA TENTATIVE PARIS-CANNES A CHEVAL
Cette journée de Jeudi ne sera marquée, au point de vue sportif, par aucun incident ; elle est, en effet, tout entière consacrée à un repos beaucoup plus de prudence que de nécessité. De l'aveu même du vétérinaire qui suit l'épreuve et en assure le commissariat général, les cinq chevaux ne sont en aucune façon éprouvés par les rudes étapes qu'ils viennent d'accomplir. Un intérêt sportif très réel s'attache à cette épreuve originale et des personnalités, très averties en matière de sport hippique, ne cachent pas leur étonnement d'une endurance aussi simplement démontrée. Le public s'intéresse vivement tout le long du parcours aux concurrentes et à leurs montures.
Une réception officielle a eu lieu cet après-midi à la préfecture de Mâcon, en l'honneur de Mme Marie Féraud et de Miss Cody, qui séjournent aujourd'hui dans cette ville.
Miss Gaïatry passe la journée à Trévoux que Mlle Grossi atteindra probablement ce soir. Cette dernière a traversé Mâcon, ce matin, à 9 heures. Mme Lenoir est attendue ce soir à Mâcon.

MACON. 1er mars. — Dans le raid Paris-Cannes, Mme Féraud, qui avait été retenue à Cluny pour faire ferrer son cheval, est arrivée hier à 21 heures. La monture est atteinte d'une forte boiterie et l'on craint que Mme Féraud ne puisse partir demain matin.

TENTATIVE PARIS-CANNES A CHEVAL
PARIS, 3 mars. — Les courageuses amazones poursuivent leur randonnée avec une patiente énergie. Miss Gaïatry toujours en tête, a traversé Vienne hier matin de bonne heure et a couché à Saint-Sorlin ; Mlle Grossi, retenue à déjeuner à Vienne par les officiers du régiment de spahis de cette ville, s'est arrêtée à Jarlieu, à 7 kilomètres seulement de Miss Gaïatry ; Miss Cody avait déjeuné à Lyon et Mme Lenoir s'était arrêtée à Mâcon assez tard dans la journée et en est repartie ce matin.
Miss Gaîatry a traversé Valence aujourd'hui à 10 h25 et Mlle Grossi passait à la même heure à Tain. Les chevaux sont toujours dans un état splendide ;

15h30 : Miss Gaîatry n'a plus que 8 kilomètres à parcourir pour atteindre Crest, douzième contrôle vétérinaire.
Mlle Grossi la suit à 4 kilomètres, mais cette dernière sera arrêtée dès ce soir lundi pour son repos hebdomadaire. comme il avait été prévu.
Miss Cody pense faire étape ce soir à St-Vallier, onzième contrôle vétérinaire.

Histoire de croiser les données, j'ai puisé dans divers quotidiens les dépèches qui étaient envoyées.

Le lecteur de 1928, dépourvu d'Internet et de TV pouvait quand même suivre le feuilleton ...

Courage ... à suivre !

hermen a écrit:

LA FEMME A CHEVAL, LES CHEVAUX ET LE SPORT HIPPIQUE
Ouest-Eclair, 1928 03 21
Dans cette conjecture, trop de femmes, depuis, des années, ont utilisé et utilisent brillamment et sans dommages pour elles ou leurs montures, la selle dite d'amazone, pour qu'on puisse, raisonnablement en condamner l'usage.
Tout récemment encore,Mlle Dorange[dans ses excursions à travers la France et son voyage Paris-Berlin-Paris, a prouvé qu'avec la selle d'amazone on peut aller loin et longtemps.

L'outil, quel qu'il soit, ne vaut que par celui qui l'emploie.

très intéressant cet article je trouve, merci pour toutes ses trouvailles!

LA TENTATIVE PARIS-CANNES A CHEVAL
Ouest-Eclair, 5 mars 1928
- Mme Lenoir est passée ce matin à 7 heures à Lyon, elle pensait arriver à midi à Vienne, d'où l'après-midi elle pousserait jusqu'à Bellegarde pour y coucher. Elle n'aurait plus alors que 24 heures, soit environ 50 kilomètres, de retard sur Mlle Grossi et Miss Cody.
- Mlle Grossi est parvenue hier soir à Crest, en même temps que Miss Gaïatry, mais la jeune Indoue est repartie ce matin dans la direction de Grignan devant y arriver aux premières heures de l'après-midi, puisque à 13 heures elle a traversé Salles.

- Le parcours que Miss Gaiatry accomplit aujourd'hui est pénible : il pleut depuis ce matin et la route accidentée et tourmentée a été défoncée par les inondations récentes.
- Miss Cody va rejoindre ce soir à Crest Mlle Grossi et toutes deux repartiront demain matin à la poursuite de Miss Gaiatry, c'est alors que l'issue de la tentative commencera, à se dessiner.

Etant donné les débordements des rivières qui bordent l'itinéraire, la Commission a dû quelque peu modifier celui-ci à partir d'Avignon.

Les cavalières subiront les contrôles vétérinaires à Lambesc (43 kilomètres d'Avignon). Saint-Maximin (50 kilomètres), Le Luc (43 kilomètres) et Fréjus (38 kilomètres), d'où elles se dirigeront sur Cannes par l'Estérel, soit 35 kilomètres.

LA TENTATIVE PARIS-CANNES A CHEVAL
PARIS, 5 mars. Il est impossible de ne pas admettre le caractère sportif de l'épreuve tentée par les concurrentes de Paris-Cannes.

Le scepticisme de beaucoup de personnes au départ s'est transformé presqu'en certitude de succès.
Le vétérinaire accrédité, commissaire général de l'épreuve ne cache pas son étonnement devant l'endurance et !a régularité des chevaux.

La. position des concurrentes est la suivante :
- Miss Gaïatry a traversé Avignon à 8 h. 30 ce matin, se dirigeant vers Aix-en-Provence ;

-Mlle Grossi arrêtée hier par la Commission est repartie de Crest, à minuit 15 et compte arriver ce soir à Avignon, après une étape de 100 kilomètres ;

- Miss Cody arrivée hier soir à Crest en est repartie ce matin,

- enfin Mme Lenoir a quitté Vienne à 5 heures et compte coucher à Crest ce soir sa jument, Love Set. Est en meilleur état que jamais.

TENTATIVE PARIS-CANNES ,A CHEVAL
Ouest-Eclair, 6 mars 1928

Les derniers jours de la randonnée des amazones sont marqués par de belles performances, c'est ainsi que, comme nous l'avons relaté hier :

Mlle Grossi, désireuse de rattraper son retard, a fait 100 kilomètres dans la journée.

Mme Lenoir pendant ce temps, faisait 101 kilomètres, soit 198 kilomètres en deux jours: elle espère atteindre ce soir le contrôle de Gradignan. Sa jument Love Set, malgré ces étapes forcées, se maintient en très bel état.

Miss Gaïatry a couché hier soir à Lambesc, ayant fait dans sa journée 80 kilomètres : elle est passée à Aix-en-Provence ce matin à 6h40 à 4 kilomètres d'Aix son cheval Colibri, glissant, dans la boue est tombé lui prenant le genou sous la selle : Miss Gaïtray a refusé de s'arrêter et est repartie après un massage rapide.

Mlle Grossi repartie d'Avignon à ? heures ce matin a traversé Lambesc à 11 h4O.

Enfin Miss Coddy, partie de Grignan à 6 h10, arrivera probablement à Avignon à 5 heures pour se rendre de là à Orgon ou elle couchera.

TENTATIVE PARIS-CANNES A CHEVAL
PARIS, 7 mars. — La rapidité de l'avance des concurrentes au cours de ces dernières étapes est vraiment remarquable et donne raison à tous ceux qui croient que la condition et l'entraînement viennent surtout en route, si les débuts sont prudents, la preuve en est que Mlle Grossi a accompli hier une étape de 120 kilomètres espérant ainsi combler son retard forcé sur Miss Gaïatry.

Celle-ci, partie de Brignoles, à 4 heures ce matin, passait à Luc, à 6 heures, en direction de Fréjus.

Mlle Grossi arrivait à Aix hier soir et en repartait aussitôt, à 22 heures.

Miss Cody pense arriver ce soir à Aix et Mme Lenoir compte arriver ce soir à Avignon.

La Commission de contrôle a décidé de faire à Fréjus, un arrêt d'étape fixe.

Les 35 kilomètres restant alors à parcourir entre Fréjus et Cannes seront faits demain matin par les cavalières de tête dont on escompte l'arrivée entre 10 heures et midi.

Mme Mary Féraud, qui a suivi les concurrentes à bicyclette sera à l'arrivée.
Vendredi après-midi une grande fête aura lieu en l'honneur des amazones, sur le terrain de polo de Cannes.

FREJUS (par téléphone). —-
Miss Gaïatry est arrivée à 11 heures.
Mlle Grossi est attendue vers 16 heures.
Toutes deux repartiront demain matin, avec le même écart de temps qu'il y en aura eu aujourd'hui entre leurs heures d'arrivée à Fréjus.

LE RAID PARIS-CANNES EST REALISE
Miss Gaïatry, la petite danseuse hindoue, arrive en vainqueur sur Colibri

CANNES, 8 mars. La tentative. Paris-Cannes à cheval est réalisée.
Miss Gaïatry et Mlle Rachel Grossi, qui sont parvenues hier soir à Fréjus en sont reparties ce matin pour, accomplir les 35 kilomètres qui les séparaient encore, de Cannes, la première à 4h30, la seconde une heure après.

La Commission a, en effet, décidé de neutraliser cette dernière étape, afin d'éviter, une course sur un parcours très accidenté et afin de permettre aux deux vaillantes amazones d'arriver au but à une heure où il était possible aux nombreux sportsmen qui les ont suivies dans leur tentative, de les accueillir et de les récompenser par leurs ovations.
Miss Gaïatry est donc la gagnante.

Le classement officiel est celui-ci:
1ère Miss Gaïatry,
2e Mlle Rachel Grossi,
Miss Cody, finissant troisième, rejoindra sans doute ses heureuses rivales demain, assez à temps pour assister à la fête donnée sur le terrain du polo.

TENTATIVE PARIS-CANNES
PARIS 10 mars. — Miss Cody, la troisième concurrente du raid hippique Paris-Cannes est arrivée au petit galop à Cannes, ce matin, à 11 h. 30.

Un banquet de 25 couverts a été offert sous la présidence de M. Capron, maire de Cannes, banquet auquel assistaient Miss Gaïatry, Grossi et Cody. Mme Lenoir est à Fréjus depuis ce matin et arrivera à Cannes demain à midi.


LE RAID PARIS-CANNES Mme Lenoir est arrivée
CANNES, 11 mars. — Mme Lenoir, sur Love Set, la dernière concurrente du raid hippique féminin, est arrivée à Cannes samedi soir, à 17 h. 30, venant de Fréjus.
Elle sera reçue officiellement au Polo demain, matin. ? h 30.