Mary FERAUD, raid équestre Paris-Rome 1928

... "Et puis ce sont les montagnes, très dures à franchir, du « Passo Braco », avec un seul pays : « Borgjetto », pour redescendre à pic sur la « Spezia » et contempler, en descendant, le grand port de guerre italien où sommeillent les immenses cuirassés.

A notre rencontre viennent généraux et colonels à cheval, officiers de marine en auto !

Ramy déclare ne plus faire un raid, mais un rêve, en mettant pied à terre, pour un instant, à la caserne de cavalerie !"...

Sestri Levante-La Spezia, 58km
[img]

Mary FERAUD, raid équestre Paris-Rome 1928 - Page 2 Sestri11

[/img]

http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Spezia

[img]

Mary FERAUD, raid équestre Paris-Rome 1928 - Page 2 La_spe10

[/img]

"... Ramy déclare ne plus faire un raid, mais un rêve, en mettant pied à terre, pour un instant, à la caserne de cavalerie !

Ensuite, nous traversons la région marmoréenne de Carrare.

Des blocs de marbre de plusieurs tonnes sont trainés sur des chars très bas, attelés de cinq ou six paires de bœufs, que conduit un homme juché sur le joug des premiers.

Et puis, c’est Pise, où nous apercevons la résidence d’été du roi.

J’écoute tout ce que disent les officiers venus à notre rencontre. Ils parlent presque tous français. J’accélère mon pas de raid de huit kilomètres à l’heure et pas un de tous leurs fringants chevaux ne peut me suivre sans trottiner. A la caserne, on me référera avec grand soin..."

La Spezia-Pise, 84km :
[img]

Mary FERAUD, raid équestre Paris-Rome 1928 - Page 2 La_spe11

[/img]

http://fr.wikipedia.org/wiki/Pise

... "Nous parcourons la « Marema », pays fiévreux de la Malaria. Les mouches sont si abondantes et piquantes que l’on revêt, d’amples couvertures de toile, les chevaux de travail, si bien que les attelages à trois, transportant du charbon, ressemblent de loin, à un enterrement de première classe !

Tandis que nous marchons vite, et, qu’avec un rameau de feuillage, Ramy chasse les mouches qui m’importunent, elle me parle des oiseaux :

« Regarde me dit-elle, dans ce verger, sur ce poirier, le joli nid de chardonnerets. Il est tout recouvert de lichen, tout comme l’arbre sur lequel il se pose, pour qu’on le confonde avec. « Mimétisme ».

« Là-haut, au faîte de cet ormeau mort, regarde ce nid de hérons cendrés. La mère est tout auprès, perchée sur une branche morte ; sa tête, son bec, ses pattes se confondant avec les branches desséchées de l’arbre. Mimétisme encore.

« Elle est allée chercher loin, en son bec, des poissons pour ses petits affamés qui, sans cesse, en réclament… Et, dans ce parc, au sommet de ce cèdre, un nid de pies, construit avec des branchettes sèches enchevêtrées et accrochées solidement à la branche qui les soutient.

« Et là, au bord de ce cours d’eau, cet oiseau rapide qui fait son nid avec une large feuille aquatique qu’il a cousue avec des lianes pour en faire un cornet dont l’extrémité, trop pointue, est bourrée autant avec la ouate qui s’envole des fleurs de peuplier qu’avec la laine que les moutons laissent au long des haies. »

Et puis c’est Grossetto. Ramy est invitée à un banquet où assistent les cavaliers venus à notre rencontre, le président des courses et le préfet. Quant à moi, je suis récompensé de mes fatigues par un frais pédiluve au clair de lune...."

Pisa-Grossetto, 148km :
[img]

Mary FERAUD, raid équestre Paris-Rome 1928 - Page 2 Pisa_g10

[/img]

http://fr.wikipedia.org/wiki/Via_Aurelia

[img]

Mary FERAUD, raid équestre Paris-Rome 1928 - Page 2 Italie10

[/img]

http://fr.wikipedia.org/wiki/Grosseto

"... Mon plus joli souvenir italien, après la traversée de cette « Marena » brûlante, déserte, royaume de la mouche, ennemie du cheval, et du moustique, ennemi de l’homme, est celui-ci :

Nous allions arriver à Montalto, pays perché, pays de mirage, qu’on voit de très loin, qu’on croit très proche à 5 kilomètres, alors qu’il est éloigné de quinze.

Nous traversons les derniers rangs de la « Marema », la nuit tombe, les lucioles dansent par centaines sur les roseaux : le bourg, là-haut, est tout illuminé.

Malgré ma grande fatigue, je suis amusé par ces mille lueurs, ces feux-follets, sans compter les étoiles brillantes et filantes du ciel de cette nuit tiède de printemps.

Je grimpe l’ultime raidillon et, là, une ovation inattendue calme, d’un coup, la fatigue épuisante de la longue route, de la poussière, des mouches, du soleil brûlant.

Le maréchal des carabiniers me prend par la bride et m’emmène jusque dans la cour de ce château. La foule nous acclame : j’aime ces hurrahs, ces bravi italiens. Je commence mes rebondissements de parade sur place, comme prêt à me cabrer ; je martèle de mes sabots les pavés. Les applaudissements redoublent et des enfants nous tendent des gerbes de fleurs..."

http://fr.wikipedia.org/wiki/Montalto_di_Castro

[img]

Mary FERAUD, raid équestre Paris-Rome 1928 - Page 2 Grosse10

[/img]

"...C’est poétique, simple et plein de cachet. C’est, non pas vieille France, mais vieille Italie, cette arrivée dans cet austère château.

Grand rendez-vous de chasse, où trois cent chevreuils peuplent le parc, où l’escalier monumental est tout tapissé de cornes de bois. On croirait vivre un conte de fées, s’être égaré un temps dans la vaste plaine, puis être recueilli dans cet endroit enchanteur.

Ramy descend de cheval.

On m’emmène dans des écuries cossues, où des chevaux de chasse fameux connaissent l’hiver, la même lassitude que la mienne ce soir. Je dormirai, là, d’un lourd sommeil réparateur, continuant ce rêve qui est une réalité !..."

"...Le lendemain nous traversons l’antique cité de « Corneto Tarquina », pays de « Tarquin-le-Superbe », cité des catacombes, riche en tombeaux et sarcophages, en châteaux crénelés, dont quelques nobles de Rome sont les seigneurs, les potentats. Région féodale où le paysan enrichi n’existe pas.

A cet endroit, une vieille femme s’approche de Ramy et avec déférence, lui dit : « Vous, signora, qui allez avoir l’immense bonheur d’approcher notre vénéré, notre excellentissime Il Duce, veuillez lui remettre cette lettre d’une malheureuse qui lui demande du secours. » Les deux carabiniers, qui sont là pour écarter les importuns ne bronchent pas. Ils savent que leur grand dictateur est pitoyable à tout son peuple et surtout aux pauvres..."

[img]

Mary FERAUD, raid équestre Paris-Rome 1928 - Page 2 Faraud15

[/img]

Montalto -Tarquinia, 20km

[img]

Mary FERAUD, raid équestre Paris-Rome 1928 - Page 2 Montal10

[/img]

Tarquinia-Cicitavecchia, 22km.

[img]

Mary FERAUD, raid équestre Paris-Rome 1928 - Page 2 Tarqui10

[/img]

http://fr.wikipedia.org/wiki/Tarquinia

http://fr.wikipedia.org/wiki/Civitavecchia

"... L’arrivée à Rome avec une escorte de vingt cavaliers, presque tous officiers supérieurs, est inoubliable.

Le colonel Debennez, grand mutilé de guerre français, vient nous saluer. Ramy s’émeut en voyant la rosette en pays étranger.

Je traverse tout Rome, à mon allure de parade, entre deux colonels. Nous passons à côté d’immenses fontaines où des chevaux géants crachent de l’eau, tandis que des naïades nues s’accrochent à leur crinière.

J’aperçois de loin, les gigantesques chevaux du Quirinal.

Je pose pour une ultime photographie, sous les ruines du Colisée. Nous sommes le 12 juin 1928..."

[img]

Mary FERAUD, raid équestre Paris-Rome 1928 - Page 2 Civita10

[/img]

[img]

Mary FERAUD, raid équestre Paris-Rome 1928 - Page 2 Faraud16

[/img]

D'où il apparaîtrait que Mary FREAUD, en 1935, retardait d'un jour sa date d'arrivée à Rome en 1928 :

[img]

Mary FERAUD, raid équestre Paris-Rome 1928 - Page 2 Faraud17

[/img]

Ramy caresse mon encolure et me dit, inspirée :

« Recueille-toi, mon grand. Notre image captée ici, sous ces murailles antiques, dans ce coin le plus imposant de Rome, est un grand honneur. »

C’est dans ce cirque grandiose qu’eurent lieu toutes les réjouissances, tous les spectacles les plus divers de l’antiquité…

Galopades effrénées, courses vertigineuses de chars trainés par des chevaux fougueux, combats de fauves cruels, où fut répandu le sang des martyrs, où des êtres fanatiques connurent les plus atroces supplices, les agonies les plus douloureuses !

Enfin, j’arrive à la caserne de Piemonte Réale, dans laquelle je serai hébergé comme un hôte de marque, avec toute la franche hospitalité italienne, jusqu’à mon embarquement pour la France, dans huit jours !

Ramy, chaque matin, vient me voir avec le général Airoldi, le père des chevaux ; le général Cigala, le chef de la cavalerie à Turin ; le colonel Armando, le capitaine Paolozzi, tout cassé, tout couturé à la suite d’accidents en concours hippiques et, tout en m’embrassant sur le nez, elle me raconte :

« Tu ne sais pas, mon grand, de quelles merveilles Rome est peuplée ?

« Tu n’as point vu les colonnes Trajanes, sculptées tels de fins camées. Le Palatinat et tout ce qu’il rappelle d’orgies païennes. Du haut de la Tour Capitoline, le panorama de cette ville aux mille colonnes.
« Tu ne verras jamais la Pinacothèque Vaticane, avec ses images primitives, ses christs torturés, suppliants, disproportionnés, aux bras trop longs, aux jambes trop maigres, images naïves de ces enfants de l’Art, chefs-d’œuvre de vérité, et des toiles immenses de Raphaël couvrant des murs entiers.

« Et, dans les musées, les mille bas-reliefs, les mille statues aux draperies émouvantes…

« Et la fameuse descente à pic de l’école de cavalerie de « Tor di Quinto », que les chevaux dévalent, glissant sur leurs membres postérieurs repliés…"

» Rachel DORANGE, raid équestre Paris-Rome 1935.
» Linde Klinckowström, raid hippique Stockholm-Rome 1928
» Rachel DORANGE, Paris-Bucarest 1928
» Linde Klinckowström, raid hippique Rome- Stockholm-1929
» Linde KLINCKOWSTRÖM, raid Stockolm-Paris 1926