Rachel DORANGE, Paris-Barcelone 1929

Liti, je ne pense pas que ma position sur la monde en amazone ait varié ces derniers temps. Je me sens simplement très proche du constat de Rachel Dorange. Je crois qu'il était plus confortable pour son cheval et pour elle de faire ce raid à califourchon. Son constat recoupe celui des veneurs avec qui j'en avais parlé qui trouvaient que la chasse en amazone usait prématurément les chevaux. Cela ne signifie pas qu'il ne faille pas chasser en amazone, cela incite seulement à le faire que lorsque toutes les conditions sont réunies (rapport taille cavalière/cheval, assiette, morphologie du cheval, adéquation de la selle) pour que cela se fasse sans inconvénient pour le cheval.

L'idée selon laquelle l'amazone n'est pas excellente pour les chevaux est une idée ancienne qu'il faut naturellement relativiser sans pour autant tomber dans ce que je considère comme l'excès inverse.

De plus en plus souvent, on entend dire que la monte en amazone est meilleure pour les chevaux et je pense que présenter les choses ainsi est trompeur.

Tout est relatif! Beaucoup de facteurs sont en prendre en considération.

Il est vrai que certains chevaux travaillent mieux en amazone, mais il peut y avoir plusieurs raisons. Certains font se sentir mieux parce que la selle est plus en arrière. C'est un point positif et je crois qu'il est bon de travailler de temps en temps les chevaux en amazone entre autres pour cette raison. Je pense en revanche que les travailler seulement en amazone n'est pas, sauf cas de force majeure, la solution la plus raisonnable. C'est la raison pour laquelle cette liberté reconquise au début du siècle et qui nous permet de passer d'une manière de monter à l'autre me semble bénéfique tant pour les cavalières que pour les chevaux.

Je m'explique l'amazone me donne le sentiment de renforcer un dos déjà en place, mais elle peut faire des dégâts sur un dos mal musclé. Si en plus, l'amazone ne répartit pas convenablement son poids et ne dispose pas d'une selle adaptée à son cheval, les dégâts seront pires encore. Or, il suffit de regarder ce qui se passe. Un nombre non négligeable de chevaux monté en amazone ne sont pas prêts à l'être. Bien sûr, ce n'est pas le cas de tous, beaucoup de passionnés font très attention à cela et présentent de très jolies choses. Simplement, ce sont pour la plupart des cavalières attentives à la question, qui font très attention au choix de la selle et la préparation de leurs chevaux!

Je ne pense pas que mettre en garde contre les éventuels inconvénients de la monte en amazone constitue un dénigrement de cette manière de monter.

Personnellement, j'adore monter en amazone, mais je n'ai pas imposé cette manière de monter à deux de mes chevaux qui avaient pourtant un degré de dressage qui aurait pu me donner envie d'essayer. L'un, c'était pour le préserver, l'autre pour me préserver!

Biarritz-Pau 122km :
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Pau-Saint-Girons : 153km
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Saint-Girons-Foix, 44 km :
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Foix-Perpignan, 149km :

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Faute de recherche in situ, dans les archives départementales des territoires traversés, je manque de détails sur les aventures de Rachel et Va-t-au- bout...

Vivement Barcelone !

Une petite étape retrouvée, Saint-Gaudens-Saint-Girons , 49km:

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Le raid de Mlle Dorange. — Perpignan, 21 septembre. — L'amazone Mlle Rachel Dorange, continuant son raid hippique Paris-Barcelone, est arrivée à Perpignan cet après-midi à 16 h 30, venant de Foix et de Quillan. Elle repartira demain pour Port-Bou et l'Espagne. Elle compte arriver à Barcelone mercredi.

Le raid de Melle Dorange
Barcelone, 25 septembre. — L'amazone Mlle Rachel Dorange est arrivée à Barcelone à 5 h, mardi après-midi. Les autorités lui ont souhaité la bienvenue.

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POrtbou-Barcelona : 171km[img][/img]

Etapes retrouvées :
Saint-Giron-Quillian, 109km :
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Et Quillian-Perpignan, 76km :

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Et voici ce que la presse catalane, "El Mirador" faisait dire comme propos à notre amazone écologiste :

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Je me suis fait ma traduction à partir de mes modestes souvenirs d'espagnol castillan. Mais, si quelqu'une pouvait traduire du catalan ce serait beaucoup mieux ...

DE PARIS A BARCELONE SUR LE DOS D'UN CHEVAL
"Paris-Barcelona" en octobre 1929, source Mirador n°36, 3 octobre 1929.




Mademoiselle Rachel DORANGE est arrivée à Barcelone montée sur le dos d'un cheval. La chose n'aurait guère d'importance sauf le fait que la demoiselle d'Orange a fait son voyage depuis Paris sur son cheval de la même façon qu'elle avait effectué les Raids Paris-Berlin et Paris-Cannes.

Cette sorte de performance a la vertu d'indigner beaucoup de gens. On trouve que c'est d'une frivolité coupable et d'une inutilité désespérante.

Pour Alain Gerbault, à propos de son exploit, beaucoup d'opinions se sont exprimées dans ce sens. En notre époque de matérialisme, il rapporte que ce qui exaspère surtout les gens c'est l'inefficacité de cette sorte de passe-temps. Traverser l'Océan dans un bateau ou aller de Paris à Barcelone à dos de cheval sont des causes qui, réellement, ne profitent à personne.

Est-ce que ces bagatelles de snobs servent à la science et à la civilisation ? -S'interrogent les personnes « comme il faut » !

Et les personnes « comme il faut » soutiennent la théorie que du moment que certains agissent de manière publique, soit elles font ce qu'elles veulent, soit elles s'obligent à rapporter quelque bénéfice à la société. C'est un point de vue égoïste, indécent.

Nous autres, nous trouvons très bien de montrer qu'alors qu'on se débrouille pour faire un tour du monde en vingt-et-un jours ou pour traverser l'Atlantique en trente-deux heures, une demoiselle décide de voyager de Paris à Barcelone à dos de cheval. Cette position a un air comique du meilleur aloi. Les journaux dévorent ce thème avec une remarquable voracité. De plus en plus ça constitue un thème de premier ordre pour les périodiques.

Parce qu'il arrive un moment où l'on commence à supputer que s'il n'y avait pas les journaux, Mademoiselle d'Orange, comme les garçons de son équipée, aurait abandonné ces activités singulières, le fait qu'une demoiselle abandonne le train et l'automobile et décide de faire un grand voyage dans des conditions dignes d'un roman de cape et d'épée offre une infinité de suggestions d'ordre littéraire que les journaux prennent soin de cuisiner, avec tout sel et poivre, dans une brillante fantaisie.

Aussi, j'ai saisi l'occasion de parler un moment avec Mademoiselle Rachel d'Orange et elle m'a donné l'impression de ne pas accorder à son exploit un aspect transcendant. Ainsi – dit-elle dans un sourire – je prends soins des écrivains !

Mais, vous avez trouvé le voyage fatiguant et inconfortable ! -voulais-je présumer.
C'est vrai que je me me suis amusée. Par exemple, j'ai fait …
Par exemple … et rien de plus !
Naturellement ! J'ai voyagé en train, en voiture, en aéroplane. En fait, je trouve que rien ne m'a tant divertie que d'aller à cheval. A mon avis c'est pour ça que je l'ai fait. Je soupçonne que si je n'ai pas utilisé les moyens modernes de voyager c'est parce qu'ils m'ennuient. Dois-je penser que je suis perdante ?
Mais, ça ne nous fait pas de la peine toute cette curiosité, partout ?
Je sais que je suis prise pour une excentrique, mais pas tant que ça. Que je puisse réveiller, la curiosité, soit par admiration, soit par moquerie, ne m'a pas préoccupé un tant soit peu. Ce n'est pas pour ce que penseront les autres que je monte en amazone...En fait, malgré mes convictions, je ne fais pas de reproches à ceux qui vont en train. Il me semble donc que je mérite un semblant de respect.

Mademoiselle DORANGE, de plus en plus, cultive l'illusion que si les gens pouvaient l'imiter, dans peu d'années tout irait mieux. L'Homme deviendrait plus pacifique et cette force belliqueuse, qui est la cause de tout mal, disparaîtrait.

Joan PAPIOL

Poesía de Enrique Díez-Canedo :
5 de septiembre.
“La amazona y el caballo” (1929), 25 de septiembre.

“BARCELONA.- Mademoiselle Dorange, que ha hecho el viaje a caballo
desde Paris hasta Barcelona, ha manifestado que no le gustan, en general, las
costumbres modernas.”

Llegaron triunfalmente a Barcelona
caballo y amazona,
muy erguida en la silla
la dama, y con braceo
gallardo, que a las gentes maravilla,
el bruto generoso.
¿Viaje? Más bien paseo;
Paseo entretenido y delicioso
Echó pie a tierra la amazona, y dijo:
-Si me dan a elegir, yo siempre elijo
esta manera de viajar; detesto
del automóvil hórrido y funesto
la espantosa carrera
porque uno corre mucho y no se entera
de lo que ver podría
como lo veo yo, desde la altura
de mi cabalgadura,
que en todo me obedece.
Las costumbres del día
no me agradan; parece
que el mundo, de aventura en aventura,
corre a su destrucción; no corre, vuela.
Vale más mi cautela.
Yo al caballo me atengo, y si tardamos
en llegar, ya lo veis: al fin llegamos.
Y mientras se alejaba, con ligero
paso, a estirar las piernas,
acercóse un curioso reportero,
y en palabras muy finas
le preguntó al caballo: -Y tú, ¿qué opinas?
Las costumbres modernas, ¿te son gratas?
¿Orgullosas tus patas
sostienen amazona o caballero?
¿Prefieres, altanero,
las costumbres antiguas, las eternas?
Y dijo el potro: -¡Ah!, pero...
¿hay costumbres modernas?

Enfin, une iconographie pour le cheval de remplacement qui a emmené Rachel Dorange à Barcelone en 1929 :



J'en profite pour signaler que je vais rechercher dans les "Echo de la mode" des années "60" des articles qui concernent Rachel DORANGE, femme-cocher à Paris. A vos collections, toutes aux greniers ... pour faire avancer la Recherche ...

30 ans après :

CHAQUE JOUR UNE FEMME COCHER DE FIACRE TRAVERSE PANTIN
Une femme cocher par M.-C. P.
L’Ami de Pantin. Janvier 1960.
(Reproduit avec l’aimable autorisation de L’Echo de la Mode.)
En février 1907, après avoir subi au marché aux chevaux, rue des Fossés-Marcel, l’examen technique sur la conduite, l’attelage, le remisage et, à la préfecture de police, l’examen sur la topographie des rues de Paris, deux jeunes femmes, juchées très haut sur le siège de leurs victorias, sillonnèrent la capitale. Des cartes postales ont fixé pour nous leur curieuse silhouette : jupe culotte et pèlerine de tissu bleu, le chef orné d’un chignon au sommet duquel était fiché un canotier enrubanné.
C’est maintenant vêtue d’un pantalon beige et d’une jaquette de couleur, coiffée d’un melon gris, qu’apparait notre femme cocher.
A 7h30, elle est déjà debout et prépare les repas d’Alphonse, son merveilleux chat birman, au sujet duquel elle est intarissable ; nul adjectif ne lui parait assez fort pour qualifier son compagnon, l’éclat de ses yeux, la vivacité de son intelligence, le soyeux de sa fourrure : « C’est bien simple, conclut-elle, il est à empailler ! »
A 9 heures, on ne la retrouve plus dans son luxueux appartement du XVIe, tapissé de peaux de bêtes et orné des tableaux qui éternisent sa jeunesse. Elle est à Romainville auprès de ses meilleurs amis : Joyeux Michel et Pascal, ses chevaux. Avec le second, elle répète le numéro de haute-école qu’elle veut monter, puis elle attelle le premier et revient à Paris. Les Champs-Elysées, l’Opéra, le Louvre, Notre-Dame la voient, fière et souriante, promener des touristes émerveillés, des amoureux romantiques. Le soir, elle reconduit Joyeux Michel et s’en revient chez elle.

Merci encore pour ces bons moments de lecture et le poème en castillan