Pour info, lu dans les bulletins électroniques de l'ADIT
BE France 274 >> 8/11/2012
Focus
Quatre scénarios pour la filière équine française à l'horizon 2030
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/71357.htmLe 2 octobre dernier, à l'occasion d'un colloque consacré à la filière équine française à l'horizon 2030, ont été présentés les résultats du travail de prospective réalisé par l'INRA et I'Institut Français du Cheval et de l'Equitation (IFCE). François Houllier, Président de l'INRA, a rappelé d'emblée que "la prospective n'est pas la prédiction de ce qui va se passer. C'est l'exploration d'un ensemble d'univers possibles". Cet exercice a donc consisté à "explorer des univers contrastés pour en déduire quelques ligne de force, quelques points de rupture éventuels. A chacun ensuite, dans le de monde de la recherche, dans celui des politiques publiques, ou encore chez les opérateurs, d'en faire le meilleur usage", a-t-il ajouté. François Houllier a d'ailleurs rappelé que l'établissement qu'il préside avait mis en place toute une série de prospectives au cours des dix dernières années, par exemple sur l'alimentation à l'horizon 2050 ou encore sur la filière avicole en France, et que celle-ci, consacrée à la filière équine, s'inscrivait dans cette démarche qui est menée par la Direction à l'Expertise, à la Prospective et aux Etudes (DEPE) de l'INRA.
Philippe Perrier-Cornet, Président du groupe de travail dont les réflexions, alimentées par une équipe projet de l'INRA et de l'IFCE, ont conduit à l'élaboration des scénarios d'avenir de la filière équine en France à l'horizon 2030, a précisé que ce travail couvrait "l'ensemble de la filière équine en France". Il a par ailleurs indiqué que quatre grands facteurs d'évolutions avaient été privilégiés : les usages du cheval et leur évolution, les politiques publiques et la réglementation, les producteurs de chevaux en France, leur stratégie et leur organisation, enfin l'environnement économique et social. "Et c'est à partir de cela que nous avons construit quatre scénarios qui sont bien contrastés, aux titres chocs qui soient volontairement très simples", a-t-il souligné. Ainsi le premier est intitulé "Tous à cheval", avec un cheval qui prend toute sa place dans le marché des loisirs, porté par un grand nombre d'entreprises équestres. C'est un scénario qui suppose non seulement un minimum de pouvoir d'achat des classes moyennes en France mais aussi la possibilité d'accéder massivement à un loisir de plein air relativement bon marché. D'où la nécessité de produire des chevaux à plus faible coût et plus faciles à manipuler. Le "Tous à cheval" implique également un développement des courses avec la mise en place d'un marketing ciblé sur les jeunes parieurs. "La conséquence d'un tel scénario serait une forte progression des effectifs de chevaux à l'horizon de vingt ans, avec une forte progression des emplois et, globalement une image du cheval très présente dans la société", estime Philippe Perrier-Cornet.
Dans le second scénario, baptisé "Le cheval des élites", l'équitation retrouve une fonction de distinction sociale, avec des centres équestres beaucoup plus proches de l'ambiance élitiste de clubs privés et un recul fort de l'équitation de loisir. C'est un scénario qui se développerait davantage dans un contexte de crise économique persistante affectant les classes moyennes et de tension sur le foncier et l'accès aux ressources. Une situation qui limiterait considérablement l'expansion du marché du loisir du cheval. "C'est le scénario inverse du premier, avec une forte réduction des effectifs de chevaux d'ici une vingtaine d'années et un recentrage du cheval sur certains types de localités emblématiques", précise-t-il. Avec le troisième scénario intitulé "Le cheval citoyen", le cheval devient un lien social, un lien entre les hommes, entre les territoires et avec la nature. Ses usages se multiplient et vont bien au-delà des seuls loisirs et jeux comme dans le premier scénario. On parle alors de cheval territorial, de l'éducation, des services à la personne, de cheval de la réinsertion, que l'on utilise aussi pour l'entretien des espaces ou encore dans certains types d'agriculture encouragés par l'évolution de la PAC (Politique Agricole Commune). "Un scénario qui reposerait beaucoup sur le soutien des collectivités locales et s'inscrirait dans des projets de territoires et des partenariats public-privé", explique-t-il. Enfin, dans le quatrième scénario qui a été appelé "Le cheval compagnon", c'est le prendre soin, le bien être et cette relation affective et quasi individuelle avec un quasi animal de compagnie qui prédomine. Nous sommes alors dans un monde où la réglementation en matière de bien être animal est très forte. Dans les centres équestres, on privilégie l'enseignement autour des soins et de la façon de se comporter avec l'animal plutôt que le dressage ou le saut d'obstacles. Dans ce scénario, la consommation de viande de cheval est évidemment interdite et le vieillissement et la fin de vie de l'animal constituent une problématique importante.
"Encore une fois, comme l'a rappelé François Houllier, ces quatre scénarios contrastés ne sont que des futurs possibles et plausibles, des logiques que nous avons poussé jusqu'au bout pour susciter le débat et la réflexion", souligne Philippe Perrier-Cornet. Des scénarios qui pourraient conduire d'ici une vingtaine d'années à des physionomies très différentes du monde du cheval en France. D'un scénario à l'autre, cela pourrait en effet se traduire par un nombre de chevaux en France deux fois plus élevé qu'aujourd'hui dans le scénario du "Tous à cheval", et au contraire, sans doute deux fois moins élevé avec "Le cheval des élites". Mais au-delà de ces physionomies très contrastées que permettent d'envisager ces différents scénarios, cet exercice de prospective soulève des préoccupations récurrentes communes auxquelles il faudrait apporter des réponses, en particulier en matière de recherche. Plus généralement, cet exercice de prospective acte une période qui s'achève, celle d'un encadrement public très étroit par l'Etat nation, et l'émergence d'une nouvelle configuration, dans laquelle cet Etat nation se recentre, l'action publique se réorganisant à la fois au niveau supranational, et principalement de l'Europe, et à un niveau plus local et territorial.
Pour en savoir plus, contacts :
- INRA/Montpellier - Philippe Perrier-Cornet - email :
perrierp@supagro.inra.fr- Documents et vidéos du colloque disponibles sur
http://www5.paris.inra.fr/depe/Projets/Filiere-equine Code brève
ADIT : 71357
Rédacteurs :
ADIT - Jean-François Desessard - email :
jfd@adit.frJe trouve ça très bien que ce genre de sujet soit diffusé par l'ADIT. 4 scénarios chocs, à la limite de la caricature, j'espère qu'aucun ne se réalisera mais ils ont le mérite de soulever des questions.
Cependant, *mode sarcasme on* pour l'équitation pour tous, j'avais l'impression qu'on parlait de mobylettes : les chevaux devront faire preuve d'efforts pour améliorer leur productivité : gestation plus courte, pas de maladie, croissance plus rapide, apprentissage plus performant et... cheval facile svp (mais ça, c'est normal). Je m'interroge tout de même avec l'idée concomitante de développer les courses, je ne sais pas si les réformés répondent bien aux pré-requis précédents...
J'espère que ce n'est que le style de ce bulletin qui m'inspire ces commentaires.
*mode sarcasme off*, désolée, un petit coup de fatigue...