[Histoire]Le cheval de dame à travers les àges...

Voilà, vous ne trouverez pas dans mon post des reponses, c'est moi qui en cherche en fait....
Du cheval de dame dans l'histoire, je ne connais que peu de choses... Au debut, les Haquenées, gentilles jujus qui marchaient l'amble... puis? Quelques gravures...
Mais quel etait le type recherché? etait t'il different du cheval monté à cali (logiquement non mais?), races? sexes? dites moi tout!

C'est amusant ça Liti.
Je suis en pleine recherche sur le type de monture que l'ont trouvait au moyen âge.
Fan d'histoire et de rôle play je prépare un sujet pour la construction d'un "haras".
Le net est fort peu servit sur le sujet mais je ne désespère pas.


Je te transmet le peu que j'ai dès que j'ai de nouveau accès aux données.

Beau sujet qui nous ramène à des questions bien intéressantes car elles touchent au caractère, à la morphologie et au dressage des chevaux.


Voici quelques informations avec ce que j'ai sous la main:

Sur le XVIIIème:

Voici ce qu'écrivait Aubert au sujet des chevaux destinées aux dames de la cour: "C'était une sérieuse affaire que de choisir, dresser et confirmer un cheval de dame. De simple piqueurs dressaient les chevaux de selle de la Reine et des princesses; mais à cette époque les piqueurs du Roi avaient été formés au manège de Versailles, ils étaient des hommes de cheval consommés, comme le prouvent encore aujourd'hui tous les élèves qui sont sortis de cette grande et belle école. Il faut dire aussi que la responsabilité du serviced'honneur retombait toute entière que les écuyers-commandans. Si une princesse fût tombé de cheval, la disgrâce de l'écuyer-commandant en eût été immédiate; on n'admettait pas avec raison qu'un tel accident pût arriver; mais aussi que de soins et de prévoyance n'apportait-on pas pour le prévenir! Après que les chevaux étaient restés pendant dix-huit mois et deux ans dans les réserves, et une fois mis au point, ils étaient classés au rang des princesses, soigneusement entretenus et conservés pour leur usage particulier". Aubert ajoute en note-bas de page que "Madame Elisabeth montait des chevaux très-vigoureux et à grands moyens, et les décidait souvent au franc galop de chasse, quoique devenue d'un embonpoint qui rend la tenue à cheval plus difficile, mais il n'y eut point d'exemple qu'elle fût jamais tombée de cheval". (Aubert, l'équitation des dames, (I, p. vijj)).

XIXème, mais avant que la troisième fourche soit en usage

Concernant son époque (1842) autrement dit juste avant l'invention de la 3ème fourche, voici l'opinion d'Aubert. Il insistait sur le caractère du cheval, sa conformation la qualité des allures, la sûreté de jambes, une excellent vue et "surtout", le fait que le cheval ait été "dressé, éprouvé, aguerri et confirmé par un écuyer habile". Parmi les races adéquates, il évoque quelques beaux chevaux anglais, mais de manière plus générale, les chevaux allemands et les chevaux d'Andalousie.

Fin XIX ou début XXème

Un autre auteur dont je ne parviens plus à trouver l'identité a écrit: "L'amazone devant toujours monter un cheval ayant une belle conformation et de belles allures, l'élévation de l'encolure avec la tête ramenée est la position qui convient pour que les mouvements soient souples et agréables à la promenade..."

XXème
Nuno Oliveira a écrit quelques lignes à ce sujet. Je les recopierais plus tard!

Ah merci bien! très très interessant tout ça!

ok c'est pas tout à fait de l'amazone, mais pour l'usage des sambues, on employait plutôt des anes ou des mules non ?

Voici ce qu'écrivait Nuno Oliviera, dans les années 1980, dans un passage de "Souvenirs d'un écuyer portugais", intitulé, remarques sur un art presque oublié: la haute école en amazone.

"Tout d'abord, le cheval doit être d'un modèle robuste, avec une belle et fine encolure sortant de la selle comme celle d'un cygne. Il doit être complétement dominé et avoir été dressé par un maître aux airs de haute école".

Ce sont, je crois, les seules lignes qu'il ait écrites à ce sujet, mais pour l'avoir entendue quelques fois aborder ce sujet, je crois pouvoir dire qu'il insistait sur la sécurité et sur la nécessité de dresser au préalable à califourchon. Ce qui rejoint les remarques d'Aubert. En effet, même si l'invention de la troisième fourche a renforcé la tenue de l'amazone et si l'invention de l'étrier de sécurité a limité les risques d'accident, il convient de ne pas oublier deux choses. La première est celle du cheval qui se cabre et se renverse, à califourchon, il est plus facile de se laisser glisser pour éviter la catastrophe qu'en amazone. La seconde est celle du cheval qui tribuche et qui tombe, là encore, à un degré moindre, le fait d'être à califourchon donne au cavalier plus de possibilités de limiter les dégats.

En revanche, je ne l'ai jamais entendu privilégier telle ou telle race de manière affirmative, alors que la question du modèle et du caractère était à ses yeux essentielle.

Dans la lignée des propos précédents, j'ai profité de l'heure du thé pour jeter un coup d'oeil à Fillis qui indique choisir par goût personnel des pur sang anglais qu'il fait systématiquement castrer car - et c'est là qu'il évoque les chevaux de dames - une bonne partie des chevaux qu'il dresse sont destinés à des dames. Il faut remarquer que les chevaux de pur sang, à la différence des arabes ou des chevaux allemands, sont généralement assez chaud lorsqu'ils sont entiers et ont tendance à se cabrer, ce qui est à proscrire absolument chez les chevaux de dame.

Toujours sur le choix des chevaux et des pur sang anglais, j'ai eu la chance de parler, il y quelques années, avec la maman d'une amie de maman qui avait beaucoup chassé dans les landes en amazone avant la guerre. Elle m'avait alors expliquée qu'une de ses amies, fille d'un maître d'équipage, n'aimait que les pur sang anglais et ne montait que cette race y compris à la chasse alors qu'elle même n'avait aucun a priori sur ce sujet se contentait d'un bon cheval quelqu'en soit la race!

A lire les uns et les autres, j'ai finalement l'impression que les races utilisées étaient finalement celles qui étaient à la mode peu importe que le cheval soit destiné à être monté à califourchon ou en amazone. En revanche, les cavaliers un peu savants prêtaient une attention particulière au caractère, à la morphologie et au dressage du cheval!

Question peut-être bête, je n'ai jamais réfléchi à la question, mais vu les soucis de selles trop étroites que nous sommes nombreuses à avoir, est-ce une évolution générale de la morphologie actuelle de nos chevaux, plus larges d'épaules que leurs ancêtres des années 1900-1930; ou est ce que les amazones de l'époque (anglaises puisque les selles en question le sont souvent) montaient de préférence des chevaux fins (pur sang justement?)

Je pense que c'est en effet une des explications. La plupart des amazones montaient des chevaux de sang. Les chevaux ibériques ont cessé d'être à la mode, je crois, vers la fin du XVIIIème. En outre, dans le passé, il y avait beaucoup moins de grands chevaux, utilisés comme chevaux de selle. Par exemple, Fillis, dont je viens de relire quelques passages, n'aimait pas les grands chevaux.

Bref, il est indéniable que la morphologie des chevaux a évolué, en partie, pour répondre au fait que leurs cavaliers sont de plus en plus grands, mais aussi, pour suivre la mode. C'est très net par exemple avec les chevaux lusitaniens. Les éleveurs essayent de plus en plus de produire de grands chevaux car c'est ce qui est recherché en équitation sportive, quitte à s'éloigner des standards initiaux.

Alors que chez les SF, les grands machins style Galant sont passés de mode... rah la la la mode hein!!!
Merci Mundial pour cette chouette contribution en tout cas!

C'est moi, au contraire, qui te remercie pour m'avoir donnée l'occasion de me replonger dans mes bouquins! C'est toujours un grand plaisir!

Quant à la mode, elle ne changera rien au fait que Galant est un sacré beau cheval!

On continue dans la littérature? Voici ce que j'ai trouvé dans le bouquin d'Evelyne de Faucompret, la selle et le costume de l'amazone à travers les âges, éd. Favre, Caracole, 1990.
- Au Moyen-Age (p. 10)
Les dames montaient alors la haquenée, petit cheval qui servait à porter les femmes, les enfants, les écclésiastiques, en général les personnes étrangères à l'équitation de chasse et de guerre, et qui marchait l'amble, ancienne allure très employée autrefois, parce qu'elle n'était pas déplaçante. Le cheval d'amble semble glisser sur le terrain, ses mouvements ne secouent pas du tout le cavalier.
- La Renaissance (p. 12)
Le Prince, Marquis et Comte de Newcastle fait un commentaire non sur le type de cheval de dame, mais sur ce à quoi la dame doit être attentive en montant : "Par ainsi, ce chien qui se joue et aboie devant, vous, si le cheval n'était pas parfaitement dressé, pourrait vous causer grand dommage, et mettre vos jours en danger, puisque vous n'avez de tenue en selle que par un parfait équlibre, et n'avez d'autre aide que la main de la bride. C'est pourquoi vous devez toujours regarder les oreilles de votre cheval qui sont un sûr indice de l'objet qui l'occupe et l'effraie"
- L'époque Henri II (p. 14 (vers 1500)
Aucun commentaire sur le cheval.
- l'époque Henri VI (p. 18 )
On y fait mention du harnachement : "les plumes d'autruche de toutes couleurs voltigeaient au vent pendant la marche et ornaient brillamment le cheval de parade et la haquenée de chasse"
- l'époque Louis XIV (p. 20)
"... il est certain qu'à partir de cette époque, les femmes suivaient à cheval la chasse à courre à peu près sérieusement; mais les chevaux sont choisis, bien mis et d'allures douces"

Suite au prochain épisode... On commence alors à parler des écoles d'équitation.

Après un coup d'oeil rapide du coté des grandes écuyères de cirque du XIX, il apparaît qu'elles montaient les types de chevaux alors en vogue, autrement dit essentiellement des pur sang anglais, des irlandais, des chevaux de sang arabes et des chevaux allemands.

J'ai relu au passage le récit de la mort tragique de la belle Emilie Loisset. Quelques jours avant son mariage avec le prince de Hatzfeld, elle entraînait un cheval un cheval irlandais, réputé difficile au saut de la barrière. Celui-ci, après avoir dérobé violemment, a foncé au galop vers l'écurie. Franconi avait fait fermé pour plus de sureté la porte de fer à l'entrée des écuries. Arrivant à fond de train sur la porte close, le cheval s'est cabré et s'est renversé sur l'écuyère. La fourche ayant perforé l'estomac, celle-ci ne survit pas à ce tragique accident!