Voilà, je raconte.
Je devais avoir Hakkam depuis deux ans. Je commençais à sortir en balade avec mon dadou attelé à une petite jardinière deux places. Il était super sage, il adorait tirer la voiture.
Un mercredi après-midi, nous voila partis, Yannick, 12 ans, un copain, Killian, 4 ans, mon fiston, et moi au bout de mes guides.
Nous étions sur le chemin du retour après une balade d’une bonne heure et demie, sans aucun problème. Dans la montée pour sortir du village, je vous jure ça monte, des ouvriers travaillaient à la construction d’une nouvelle habitation. Ils étaient occupés à tirer les connections électriques.
La maison est à droite de la route et à gauche, un grand trou qui permet d’atteindre les canalisations existantes. Hakkam tire, concentré sur la difficulté de la montée. Juste au moment où nous passons entre la maison et le trou, les ouvriers envoient « le rat ». C’est une fusée qui tire les câbles dans les canalisations souterraines. Le sol tremble. Hakkam est surpris, il glisse et se retrouve ... dans le trou. Tout c’est passé avec lenteur et pourtant tellement vite.
Le dadou a trois jambes dans le trou, un postérieur pas tout a fait dedans. Je descends, vite, Yannick s’occupe de Killian. Les ouvriers se précipitent. Hakkam reste d’un calme parfait, il me regarde. J’ai poussé sa jambe, il s’est laissé faire, le voila dans le trou, au complet. Il ne semble pas avoir de blessures.
Le dadou est dans un trou, avec le bord qui lui arrive à mi-ventre, il ne pourra jamais sortir de là tout seul. Calmement, je dételle, la voiture est toujours en place, plus haut que le dadou mais rien n’a bougé. Et maintenant ; les ouvriers ont appelé les pompiers. Ils sont venus avec une machine, une grue. 25 personnes autour de nous, Hakkam ne bouge pas, il me regarde, il attend.
Avec un des pompiers, je lui passe les sangles sous le ventre, difficile parce qu’on n’a pas de place dans le trou. Puis la grue se met en route, je me dis que maintenant, en se sentant soulevé, il va paniquer. Je lui parle, je lui explique ce qu’on lui fait, il regarde, sage. Il sort du trou, pendu dans ses sangles, la grue tourne, le cheval se trouve posé tout doux sur ses quatre pieds sur le chemin.
Et calmement, le dadou vient vers moi sans avoir l’air traumatisé. Je l’examine sur toutes les coutures. Vraiment une chance formidable, rien, pas le moindre bobo, même pas sale.
Et là, c’est moi qui craque, je fonds en larmes, le nez d’Hakkam dans mon cou, mon gamin qui se met à pleurer lui aussi. Et les gens qui applaudissent. C’est tout juste si Hakkam n’a pas salué son public.
Nous sommes rentrés avec les enfants, Hakkam à la main, Killian sur son dos. Le papa de Yannick est venu plus tard récupérer la voiture d’attelage. Tout le monde sain et sauf et même aucun dégât matériel, pas une griffe à la voiture non plus. Les plus traumatisés, c’étaient les ouvriers.