mettre une amazone à cheval

La manière de mettre une amazone à cheval varie d'un endroit à l'autre. Les ouvrages, si mes souvenirs sont bons, ne préconisent pas tous la même manière.

J'ouvre donc un post sur ce sujet, en commençant par un extrait de Crafty, Paris à cheval, édition 1883, p. 232.

"L'opération qui consiste à mettre une femme à cheval est des plus simples. On offre la main gauche, et l'on tend la jambe pour servir de marchepied. Si la femme est agile, c'est suffisant; si elle est lourde ou simplement peu habituée à ce genre d'ascension, on prend le pied de la main droite, et l'enlève".

Je continue avec cette fois un extrait d'Aubert, L'équitation des dames (p.3 et s.).

"La dame se placera de trois quart en arrière de l'épaule du cheval, c'est-à-dire que son coté droit soit tout près du quartier de la selle, tandis que le gauche en sera plus ou moins éloigné, selon la largeur de la poitrine. La tête haute, le regard dirigé vers les oreilles du cheval, les épaules bien effacées, la poitrine ouverte sans effort, le corps d'aplomb et bien grandi, les jambes assemblées, les jarrets tendus, les talons se touchant, les pointes des pieds légèrement tournées en dehors, les bras tombant naturellement près du corps, le fouet tenu bas dans la main droite, et la queue de l'amazone tenue dans la main gauche.

Puis elle doit aisément et sans rien pressé, en observant de bien marquer chacun des tems que j'indique ici par ordre numérique:

1° Prendre le bouton des rênes avec le pouce et l'index de la main droite et enlever cette main perpendiculairement au-dessus de la fourche de la selle, le bras moelleusement arrondi, ayant soin de faire passer le fouet sur l'épaule droit du cheval et de manière à ne point l'en effrayer, c'est-à-dire de faire passer adroitement la mêche par-dessus l'encolure sans la toucher;

2° Marquer légèrement l'arrêt par le bouton des rênes, supposant le cas où le cheval voudrait se porter en avant et où il n'y aurait personne pour le retenir

3° Poser le creux de la main droite bien d'aplomb sur l'extrèmité de la fourche gauche, sans lâcher le bouton des rênes et le fouet, ce dernier assuré le long de l'épaule droite du cheval, de manière à ce qu'il ne puisse le voir.
Lâcher ensuite la queue de la jupe et poser la main gauche sur l'épaule de l'écuyer pour se préparer au tems d'enlever

4°Ployer le genou gauche pour élever le pied de terre de manière que le talon gauche ne soit pas tout-à-fait aussi haut que le genou droit; ce dernier doit rester tendu.
Ici l'écuyer doit prendre le pied de la dame de la main gauche, les doigts tournés en l'air; il faut bien observer de prendre le pied à l'endroit de la cambrure, pour éviter d'en comprimer les doigts au moment de l'enlever. L'écuyer doit surtout éviter de faire lever le pied trop haut, car, outre la mauvaise grâce qui en résulterait, le jarret serait privé de l'extension nécessaire pour déterminer le tems d'enlever.

En même tems l'écuyer place sa main droite sous le bras gauche de la dame et près de l'aiselle, en ayant soin de bien renverser son pouce pour ne pas comprimer et causer de douleur, surtout si la dame s'enlève difficilement, ce qui arrive toujours avec les écuyers qui n'ont pas un grande habilité de mettre des femmes à cheval, parce qu'ils serrent fortement les doigts, tandis qu'on doit les laisser ouverts. La perfection est de placer une dame sur son cheval sans effort et sans presque toucher.

Quand l'écolière est leste et qu'elle s'enlève très-facilement, l'écuyer, au lieu de placer sa main sous le bras gauche de la dame, doit alors la placer un peu au-dessus de la hanche, ce qui est est plus gracieux;

5° Ployer un peu le genoux droit en comptant une, puis redresser promptement le jarret gauche au tems de deux, en s'aidant de la main de l'écuyer comme d'un étrier et en appuyant sur la fouche de la selle de la main droite, et de la gauche sur l'épaule de l'écuyer.

Il faut s'enlever le plus droit et le plus haut possible afin de se poser en selle en descendant légèrement sur cette selle, et non en s'y plaçant par secousse et à plusieurs reprises. Ce mouvement de descendre doucement et légèrement sur la selle est très-gracieux et il a l'avantage d'empêcher la jupe de se tordre autour des hanches, comme cela arrive toujours quand l'écuyer n'est pas bien au fait de cette préparations. C'est parce que jusqu'à présent on n'a point analysé cette leçon du montoir pour les dames, d'après des principes fixes pour la rendre facile et uniforme, que chaque écuyer adopte une manière particulière à lui seul; aussi il arrive presque toujours qu'une dame qui s'enlève facilement sur son cheval avec l'aide de l'écuyer auquel elle est habituée, est comme clouée à terre quand elle veut y monter avec l'aide d'un autre.

(...) Il y a des dames qui ont l'habitude et qui préfère passer la cuisse droite dans la fourche, au moment même où elles se posent sur la selle; ce tems est peut-être plus gracieux, mais il exige un cheval d'une parfaite immobilité au montoir ou qui soit tenu.

Dans ce cas, il faut se garder de tenir les rênes, on doit les laisser sur l'encolure, autrement elles pourraient s'engager dans la fourche et empêcher la cuisse de s'y placer."

Etant assise sur la selle,

6° Elever la main droit, plus ou moins, suivant la longueur de rênes, en sentant doucement la bouche du cheval par le bouton des rênes (...)

Passer la cuisse droite dans la fourche, en conservant le bas du corps bien d'amplomb et assuré sur sa base.

Ici l'écuyer place le pied de la dame dans l'étrier, en l'ajustant au point, s'il n'y est déjà, ayant soin de faire remonter la boucle de l'étrivière autant que possible, afin d'éviter qu'elle ne blesse la jambe par son frottement.

Pour bien disposer les plis de la jupe,"

(Suite sur le message suivant)

Suite du montoir par Aubert

"Pour bien disposer les plis de la jupe,

7° Saisir les crins avec la main gauche, vers le milieu de l'encolure et poser la main droite sur la fourche de la selle de ce côté, sans quitter le bouton des rênes, ainsi que le fouet et sans tirer sur la bouche du cheval.

8° S'enlever sur l'étrier le plus droit possible par la tension du jarret gauche, en se soutenant par l'appui des mains sur les crins et sur la fourche de la selle.

Ici l'écuyer dispose la jupe pour qu'elle tombe d'aplomb sans faux plis qui puissent la faire tourner et brider sur les hanches, ce qui doit se faire dans un instant

9° Se remettre en selle (...)

10° Oter à demi la cuisse droite de la fourche pour l'y replacer après que l'écuyer a disposé la jupe de manière à ne pas gêner le jarret ni la jambe droite (...). Le bas de la jupe doit tomber d'aplomb, afin de bien couvrir le bas de la jambe et le pied, sans avoir recours à l'épingle à fermoir qui a toujours pour inconvénient d'engager le pied et la jambe, et de déchirer la jupe."

Fin pour ce soir!

et bien, j'adore cet extrait ! il est long, trés long, trés détaillé, à lire ainsi, on ne doute pas du grand soin apporter à la mise en selle, et surtout on voit qu'il y a aussi toute une technique pour le jeteur

ça devait ressembler à ceci :


tu avais appris cet méthode là Mundial pour etre mise à cheval ?

ici il est question du pied gauche de l'amazone élevé par le jeteur, mais j'ai vu qu'il était aussi possible de faire l'inverse, c'est à dire le jeteur soutient le pied droit de l'amazone. dans le premier cas, celui cité dans l'extrait, ça permet à la cavalière de s'asseoir directement en amazone, dans l'autre cas (pied droit) c'est impossible. mais je trouve d'expérience qu'en donnant le pied droit l'amazone se trouve plus facilement installée les fesses d'aplomb sur la selle (le buste et les hanches tournent, et le jeteur suit le mouvement) par contre ça demande plus de "force" part le jeteur (et un peu moins pour l'amazone du coup )
faut dire aussi que moi j'ai toujours trouvé ça trés destabilisant de "m'appuyer" de la main gauche sur l'épaule du jeteur pour m'élever (en fait faut littéralement lancer son popotin vers le haut ), du coup j'étais assez maladroite avec ce genre de montoir ^^" et je préfère monter avec un jeteur qui soutient le pied droit même si c'est moins gracieux

(toute façon suis pas gracieuse alors )

En effet, les deux manières (pied gauche ou pied droit co-existent). La gauche est de loin la plus pratiquée, c'est celle qui a été décrite par Aubert, reprise par Musany. Toutefois, Fillis dans les pages consacrées à la position de l'amazone affiche une nettre préférence pour que l'amazone donne son pied droit. Il trouve cette manière de faire plus efficace.

Personnellement, j'avais essayé les deux; comme vous l'indiquez, donner le pied droit est plus efficace, mais peut-être un peu moins gracieux car l'amazone se penche, il me semble, un peu en avant.

Je crois qu'en réalité tout dépend de l'expérience des protagonistes et notamment de l'aide. Il est beaucoup plus facile de monter avec un personne qui a l'habitude de mettre une dame dans les fourches qu'avec quelqu'un qui n'a que peu pratiqué cette manière de faire. C'est un peu comme la danse, un bon partenaire la rend toujours plus aisée!

En revanche, je n'ai jamais essayé la manière préconisée par Crafty.

Il est un autre point qui m'a intéressée dans Aubert, c'est que l'écuyer ne met pas les mains en berceau, mais donne seulement sa main gauche et utilise la droite pour aider l'ascension du tronc de la dame.

Ce matin, j'ai jeté un rapide coup d'oeil à l'ouvrage d'Owen et il me semble qu'il est question du berceau!

J'aimerais bien avoir vos avis et connaître vos pratiques, surtout de celles qui ont eu l'occasion d'être mise en selle par des gens chez qui les traditions étaient encore présentes.

Ce qui pourrait aussi être sympathique serait d'essayer de noter quels sont les ouvrages anciens ou modernes qui traitent de la question et quelles sont les méthodes proposées.

Pour en revenir à ta question et en voyant la gravure, cela correspond à ce que j'avais appris, à part la cravache qui était généralement confiée à l'aide qui tenait le cheval. En réalité, la répartition des rôles au Portugal, correspondait assez bien à la description d'Aubert. Un aide tenait le cheval et l'écuyer se chargeait du montoir et de vérifier les sangles. En revanche, je me rappelle tout à fait que lorsque j'étais en selle, la personne qui m'avait mise à cheval, généralement Joao se chargeait de mettre les plis de la jupe en place selon la méthode décrite par Aubert.

Ohoh Mundial , Paris à cheval...ça fait un moment que je "lorgne" dessus...j'ai la province à cheval mais pas celui là...ces dessins sont supers...

J'ai étée initiée au montoir à la methode "Aubert"... bon, j'avais surement moins de style par contre...

merci mundial pour ces précisions intéressantes

J'adore "La province à cheval" et notamment le passage sur les montures pour les invités et notamment pour les amazones, avec la référence à la nécessité de faire venir la dernière dresseuse à la mode!

La premiere fois que je suis allee voir le National Side Saddle Show (1984 ou 85 je crois) il y avait un prix pour "The Best Legger-up" et quelques messieurs ont fait des demonstrations de mettre leur amazone a cheval comme dans la gravure dans le poste d'Aliquis. J'etais obligeait de connaitre ce methode pour un examen du SSA et c'est si elegant lorsque bien pratique, mais difficile si amazone et jetteur ne sont pas entraines (et de taille appropries!) et pas necessaire de nos jours, surtout en tablier.

Cet an, pour le "Ride-off" du championnat lorsque les 4 meilleurs echangeait de cheval dans la piste 4 fois, je regardait avec interet comment on les mettait a cheval. Personne n' utilisait les facons si traditionels. En general on donnait la jambe comme pour les cavaliers a cali. 2 allait a cali et puis passait la jambe droite et 2 tournaient dans l'air pour arriver directement en amazone (ma preference personelle si j'ai quelqu'un pour m'aider qui peut me jeter assez haut).

Pour monter en croupe (derrière le gardian comme sur la photo de mon avatar) nous avons la même technique que les amazones. Nous donnons la main gauche au gardian, la main droite sur le troussequin de la selle et le pied droit au jeteur. Il suffit de se faire signe pour prendre son élan et de bien "s'envoyer" mais c'est efficace même si ce n'est pas toujours élégant !

Le résultat est quand même pas mal une fois en fourche !!!

J'adore la photo!

Pour monter en croupe, le cavalier à cheval passe-t-il sa main droite derrière son dos? Je ne me rappelle plus si cela se fait dans le milieu de la bouvine ou en Espagne.

Oui c'est ça Mundial !

Et quand on a un homme sous la main mais qu'il n'est pas super doué, on fait comme ça !

(ça fait partie des inedits de Nantes, ça...).
Plus serieusement, demo de montoir au "Chateau") :

A noter : jeteur pas encore tout à fait au point mais plein de bonne volonté
On les éduque à la baguette dans le Bordelais

Lol!! Sympas la technique de l'homme jeteur! Moi, personnellement, je me met en selle toute seule: étirement, pantalon extensible, levage de gambette jusqu'à l'étrier, impulsion et hop! On pose ses fesse!! En spectacle on a pas toujours un homme sous la main!!

Tout ce que j'évite, personnellement... Eh oui, fidèle du montoir, n'importe quel montoir. De une, lever la gambette, c'est "infonctionnel" chez moi. Et puis lever la gambette sur Ice, bof-bof (c'est quand vous voulez, j'offre le champagne à qui y arrive, tiens! ) En prime, selles équipées d'étrivières de sécurité : appui quasi impossible du sol... Et enfin, je ménage le garrot de mes dadous. Et non, merci, besoin de personne pour me mettre à cheval au quotidien. Vous avez dit "indépendante" ?
Amicalement, Pascaline

Je suis aussi une inconditionelle du montoir car je monte souvent seule en amazone.
Montoir aussi à califourchon d'ailleurs.

Inconditionnelle du montoir pour moi et pour les autres, à cali, en amazone, à cru, à l'envers, à l'endroit,....
Si j'en vois un ou une qui ose tirer sur le garrot de son dadou, vous m'entendrez hurler jusque.... Nantes ?
Le jeteur ? Dame Pascaline a essayer de me "jetter", le jeteur était bon mais la cavalière nulle. Et puis moi je m'assied direct en amazone, montoir, pied droit dans la pédale et hop en selle dans le bon sens. Je trouve ça bien facile et puis aussi, comme ça, je suis certaine de ne pas toucher le flanc droit d'Hakkam encore plus sensible que son flanc gauche.