Laurence BOUGAULT, amazone de la Paix, raid Iran-Paris 2008.

Laurence BOUGAULT envoie la flèche du Parthes par la mail-poste :

"Je lis MOSER perso. Je l'aime beaucoup, nous sommes un peu dans le même état d'esprit de sales gosses en vacances ahahah! Et puis il est bien meilleur connaisseur en chevaux.
PONTAVES dit quelques absurdités assez énormes, ce que ne fait jamais MOSER.

Par contre, il est toujours passionnant d'avoir les divers points de vue de cette époque et l'on affine sa compréhension en les croisant.

Du coup ce qui m'a le plus intéressée c'est l'évocation du Yabou persan, totalement différente de ce qu'elle est aujourd'hui, en Iran, où il ne désigne plus qu'un cheval de bas étage bon seulement pour les travaux des champs."

Pour connaître Henri MOSER

POURTAVES écrit encore :

à propos des cavaliers turcomans :

28 mars

"... à dix heures, par une vallée caillouteuse et désolée. Surviennent trois cavaliers turcomans vêtus d'une tunique rouge brique et coiffés d'un lourd kalpak noir. Ils sont armés en guerre et nous arrêtent. Nous serrons nos maigres rangs, prêts à agir. La vue de nos armes radoucit sans doute ces guerriers. Ils n'insistent pas : nous non plus..."

à propos des chevaux turcomans,
31 mars
Cette fois, j'ai mis le dos sur un excellent cheval. c'est un bel étalon turcoman alezan, d'un mètre soixante, doublé en proportion de sa taille.
Verdet est également bien partagé, mais son porteur est une jument momentanément en passe de tendresse exagérée. cela dit beaucoup à mon étalon, beaucoup trop même hélas !
J'avais déjà eu le "cheval-ouragan", - j'ai maintenant le "cheval-chandelle" !

Il était écrit que tout mon bas du corps ne serait qu'une plaie !...

la route se passe donc en clowneries hippiques et en essais, aussi réitérés qu'infructueux de libertinage effréné, pour la plus grande molestation de ma chair. enfin, à huit heures, mon supplice prend fin. nous sommes au caravansérail de Mionsdesht, où nous avons résolu de prendre quelques repos (42 kilomètres).

La jument turkmène, Almila, que Laurence BOUGAULT adopta pour revenir en France via la Turquie, la Grêce, l'Italie, 6 655km, avait encore une qualité qui n'est pas signalée par PONTAVES ou MOSER :

Almila parlait ou plutôt elle écrivait !

La preuve, vous pouvez lire sa narration de voyage et ses impressions dans les lettres adressées souvent à son naisseur dans les 2 volumes d'"Amazone de la Paix" aux éditions Cheval-Culture

C'est même Almila qui rédige la première lettre persane ! Elle vous est adressée :

LETTRE I
D'Almila au lecteur


Gaz, le 1er septembre 2007

"Mon nom est Almila. je suis une jument turkmène, ce que les russes appellent un akhal-téké. je suis née dans les hautes terres du Khorassan, à la limite du Golestân, au cœur des montagnes de l'ancienne Hircadie, à une journée de pas d'Ashgadad, la capitale du Turkménistan actuel. Ma mère Sefitbol, est morte un jour d'hiver trop rude.

J'ai survécu. J'avais une mission à remplir. Je devais aider une Amazone. Elle ne le savait pas. Mais déjà, elle venait à moi et j'arrivais vers elle par des tours et détours qu'elle vous dira.

Ce qu'il importe ici de comprendre, c'est que ce voyage extrêmement terrestre que nous avions à accomplir, ce qu'ils appellent un exploit, n'est là finalement que dans un seul but : aider l'Amazone à récupérer son être et ses territoires. Ce que je lui apporte n'est pas seulement un extraordinaire véhicule de chair et de sang, ni même l'aventure que nous vivrons cependant, c'est l'esprit du cheval, le grand mystère de la steppe.

Soyez attentif, cher lecteur, car c'est entre les lignes dans les marges et les silences, qu'il se dessine, cet esprit du cheval qui perdure envers et contre tout et unit dans une même tribu tous les hommes et toutes les femmes de cheval du monde..."

Dernière strate de la trinité "cavalier-cheval-chemin", le "chemin" donc si l'on veut bien élargir le concept au "milieu" que les deux complices vont avoir à dominer pour aller d'un départ Ispahan à une arrivée Paris.

Les merveilles de la géomatique nous permettent de survoler l'itinérance de Laurence BOUGAULT, le terrain où Almila a posé ses sabots :

Almila n'étant pas de la famille des hippocampes, les terrains les plus défavorables à traverser étaient, a priori, les mers, Caspienne, Mer Noire, Méditerranée, et autres Mer Egée.

Si Laurence avait voulu rencontrer les terrains des mythiques Amazones, elle aurait dû contourner la Mer Noire, franchir les montagnes du Caucase entre la Caspienne et la Mer Noire ou , plus à l'Est, comme Jean de Pontavès contourner ou traverser la Mer Caspienne.

J'ai cru comprendre qu'elle le fera quand la zône sera moins exposée aux conflits et au banditisme ... !

Une certitude, entre 1888 et 2008, à l'échelle du siècle il n'y a pas eu de remembrement géophysique important malgré les nombreux et dramatiques tremblements de terre qui secouent la région.

Les difficultés naturelles dont les 2 cavaliers ont eu à s'affranchir étaient plus ou moins identiques!

De même, le climat est encore comparable. Au mois d'avril c'est le printemps, période la plus favorable aux pâturages éventuels. Le problème de l'eau est moins exacerbé !

Pour dominer l'espace, cependant, en un siècle (ce n'est pas un scoop !) les moyens de communication, la médiologie, ont bien changé ! Ce qu'on appelait le "Progrès", grâce aux sciences et technologies qui en découlent auraient fait avancer la "Civilisation".

Ainsi, le 21 mars 2009, Laurence BOUGAULT n'a mis qu'une seule journée, en avion,  pour quitter sa Bretagne, la France depuis Roissy et rejoindre la capitale de l'Iran, Téhéran, malgré une attente de transit à Istambul, capitale de l'a Turquie !

Du 25 février 1888 au 25 mars 1888, Jean de PONTEVES avait mis un bon mois, en bateau, en Méditerranée, de Marseille à Constantinople (4 mars), puis en Mer Noire jusqu'à Batoum (6 mars) ;
en train, le transcaucasien, jusqu'à Tiflis puis Bakou (13 mars) ; encore en bateau jusqu'à Enzeli (14 mars).

Enfin en Iran, à cheval, il faudra encore une chevauchée de 11 jours pour rejoindre la capitale Téhéran (25 mars 1888).

Ainsi donc, en un siècle, un cavalier standard démonté pouvait donc se déplacer 30 fois plus vite ! Gain de vitesse certes, mais quid de la recherche de l'altérité, du vivre ailleurs, avec d'autres et autrement !

Laurence BOUGAULT en 2009, comme Jean de PONTEVES en 1888 sont arrivés en Iran au début du printemps, c'était le Nouvel An, le Norouz* !
* Reconnaissance par l'ONU

Norouz a été reconnue le 23 février 2010, comme la « Journée internationale du Norouz » par l'Assemblée générale de l'ONU 10 Le projet de résolution de la Journée internationale de Norouz11 a été adopté à l'unanimité, donnant une reconnaissance à cette fête d'origine Perse comme une journée internationale. (L'appellation « Journée internationale de Norouz pour la Culture de la Paix » semble parfois employée mais ne se retrouve dans aucun document officiel.)

Dans le cadre d'une initiative commune, la République d'Azerbaïdjan, l'Afghanistan, le Tadjikistan, la Turquie, le Turkménistan, le Kazakhstan, le Kirghizistan et l'Iran, avaient rédigé conjointement cette résolution. Projet initial de la résolution a été signé, le 23 novembre 2009, au siège de l'ONU, à New York, par les ambassadeurs de ces pays.

Ce projet expliquait que Norouz symbolise l'unité culturelle et des traditions vieilles de plus de trois millénaires, célébrées par plus de 300 millions de personnes dans le monde, dans une vaste aire géographique allant du Moyen-Orient à l'Asie centrale, en passant par le Caucase, les pays riverains de la Mer Noire et les Balkans.

Norouz avait déjà été inscrit le 30 septembre 2009 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO 12.

Après les agapes, grands moments de convivialité et de public relations ... nos compatriotes hippistes ont réalisé la partie Iranienne de leur raid en Asie :

Du 25 mars au 5 avril 1888, Jean de PONTEVES a effectué 912 km de Téhéran à Meched.

Du 2 avril au 14 mai 2009, Laurence BOUGAULT a effectué 1285km de Ispahan à Bazargan.

Nous reviendrons sur la comparaison de ces deux épopées. Ce qui différencie encore beaucoup les deux aventures, en plus des la différence des territoires traversés c'est la nature des moyens de transports utilisés.

Pour Laurence BOURGAULT le retour est monomodal : bien qu'anachronique en 2009, le cheval a été le seul médium utilisé (avec une automobile d'assistance). Laurence arrivera à Paris (Fontainebleau) le 12 septembre 2009. Juste pour la fin des "vacances" universitaires...

Pour Jean de PONTAVES, le retour est multimodal, l'automobile aurait été encore plus anachronique en 1888, le train était le moyen de locomotion en cours d'expansion. L'installation d'une voie ferrée stratégique par les Russes en direction de l'Afghanistan, puis de l'Inde était d'ailleurs l'objet de son "espionnage" ! Pas question d'aéronef non plus pour survoler les plaines d'Ukraine et la Crimée !

Jean de Pontavès utilisera successivement le train, la calèche, le bateau, la télègue ... pour arriver finalement en train à Paris ... le 21 mai 1888, fin de sa "permission" militaire.

Une télègue russe pour traverser le Caucase ... c'était très périlleux !

En cette ambiance de vacances estivales, quelques extraits , surtout hippiques du voyage en 85 jours de Jean de PONTEVES en Asie nous emmènerait dans un autre espace-temps !

Extraits de "Notes de voyage d'un Hussard - un "raid en Asie", ainsi parlait Monsieur de Pontevès de Sabran :

"25 février 1888
Marseille, quai de la Joliette

- A cheval, hussard, ta selle mouille !...
Eh ! oui je suis à bord du Mendoza*,

* Paquebot de la Compagnie des Messageries maritimes.

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